Culture, histoire, détente, sport et découverte : bienvenue à Vranov nad Dyjí
La saison estivale bat son plein à Vranov nad Dyjí, petite commune située au cœur de la Moravie du Sud, et qui est sur notre itinéraire aujourd’hui. Nous allons visiter son imposant château baroque qui domine, d’en haut d’un rocher abrupt, la vallée du parc national de Podyjí, nous allons traverser, à la nage ou en bateau, le lac de barrage scintillant au soleil, puis découvrir l’œuvre hydraulique la plus importante en son temps et qui, depuis quelque temps, ouvre ses entrailles au public.
« Il y a, notamment, des meubles réalisés par Elisabeth Vigée Le Brun. – Oui, cela a été une découverte extraordinaire pour nous. J’ai trouvé la visite très intéressante, le château est en très bon état, la chapelle est vraiment mignonne. Je suis épatée aussi par l’état de conservation du château. On voit que c’est un château qui vit, dans laquelle les gens ont vécu, il est très bien entretenu, toutes les pièces sont différentes, il y a une certaine recherche. C’était une très belle visite. »
En effet, dès son entrée dans la splendide Salle des ancêtres, construite à la fin du XVIIe siècle à la gloire de la dynastie des comtes d’Althann, le visiteur s’engouffre dans une autre dimension temporelle. Le couvert et le service de faïence sont disposés sur les tables à manger ou dans les salons de thé, des tableaux de peintures, gravures ou broderies sont suspendus aux murs richement décorés de tissu peint, un lit invitant à faire une sieste ou encore un bain ingénieux doté de robinet à eau chaude et d’un bouchon pour évacuer l’eau… Ainsi, d’une salle à l’autre, on a vite l’impression de voyager dans le temps et d’être invité chez de nobles aristocrates plutôt que de suivre un guide. Toutefois, ces Français rencontrés dans la cour d’honneur à l’entrée du château n’étaient pas venus par hasard…
« Nous venons en quelque sorte en pèlerinage sur les traces de nos arrières grands parents. Notre arrière-arrière-grand-père était le directeur de la faïencerie de Vranov. Il était également intendant du comte Mniszek. Nous sommes un groupe de cousins, dont un cousin prêtre qui a organisé le voyage, pour nous faire connaître, à nous, la jeune génération qui ne connaissions pas cette partie de l’histoire familiale : l’histoire de ce grand-père français qui est venu épouser à Vranov une Tchèque qui elle-même était d’une famille française venue au château de Vranov à la Révolution française. Cette famille était partie de France en 1790 et puis elle s’est installée à Vranov. Mon arrière-grand-père, en 1903 a épousé Hermine Dubail, dont la famille habitait Vranov et dont le père était le directeur de la faïencerie de Vranov. Après, ils sont revenus en France, et comme elle n’avait que des sœurs qui étaient religieuses, il n’y a plus de descendants ici. » Une filiation française plutôt surprenante dans cette ancienne seigneurie sous l’influence des Habsbourg autrichiens. Pourtant, c’est bien un Français qui a contribué de manière tout à fait significative à l’essor de Vranov. Peintre, graveur et « manager » – dirait-on aujourd’hui – Jospeh Doré était, entre 1863 et 1878, le directeur de la fameuse fabrique céramique de Vranov. Fondée en 1799 celle-ci jouait pendant plus de 80 ans le rôle de l’entreprise industrielle la plus grande de toute la région, ses produits faisant la gloire des céramistes locaux dans l’Europe entière, de Londres à Istanbul. Sans avoir de lien quelconque avec un autre Doré, très connu en France, prénommé Gustave, le très habile paysagiste Jospeh Doré perfectionne la production en introduisant la méthode de décoration de la faïence fine à l’aide de l’imprimerie. Mais comment ce dernier s’est-il retrouvé à Vranov ? Pour cela, il faut remonter à la fin du XVIIe siècle. Le comte polonais Stanislav Mniszek, futur propriétaire du domaine dès 1779, avait acquis, en bon aristocrate centre-européen, son éducation en France. Nous écoutons Aymeric et Antoine De Monicault :« Le comte Mniszek était au collège impérial de Nancy avec notre ancêtre Doré. Quand le comte est revenu, il a fait venir son ami pour être son homme d’affaires. Comme il parlait français, il a également été précepteur de ses enfants. Mais à l’origine, c’était surtout pour gérer ses propriétés. (Antoine) : Ils étaient camarades de collège. Le comte Mniszek a invité le père de Joseph Doré au moment des évènements de la Révolution française. Lorsque notre ancêtre s’est trouvé à Vranov, il était un peu ennuyé car cela faisait une différence sociale, entre lui et le comte. Il lui a donc donné comme charge d’être précepteur de ses enfants, ce qui rétablissait une relation sociale correspondant à la réalité. »La visite du château terminée et sous les coups de midi, l’heure est au déplacement – à pied, en voiture ou à vélo – du côté du lac. Les vacanciers en tongs et avec une serviette autour du cou vous indiqueront le chemin de la promenade qui s’ouvre avec le pont du barrage qui longe l’eau, bordé d’une multitude de restaurants, glaciers et stands avec les classiques du fast food tchèque, tels que le langoš ou le fromage panné frit, le tout accompagné d’une bière ou, encore mieux, d’une « Zonka », marque de limonade traditionnelle morave.
Le lac est accessible à de très nombreux endroits pour qui veut piquer une tête, faire un tour en pédalo, ou en voilier, les bateaux étant à louer du côté de la « Vranovská pláž », la plage de Vranov. En effet, depuis la construction du barrage en 1933, le lac est un haut lieu du tourisme nautique.
Au cours du siècle dernier, des bateaux à vapeurs transportaient les vacanciers en croisière pour leur faire admirer la beauté du paysage, appartenant désormais au parc national de Podyjí. Comme nous l’indique, avec son sympathique accent morave Kristýna Zajícová de la compagnie offrant depuis quelques temps de nouveau des croisières sur la « přehrada », deux répliques des bateaux traditionnels nommés Vranov et Dyje lèvent l’ancre à des intervalles réguliers pour un grand ou pour un petit tour du lac, la grand allant jusqu’au château de Bítov. Les bicyclettes, chiens, et autre équipement de villégiature sont les bienvenus à bord.
Le dernier endroit qui ne devrait pas passer inaperçu est la centrale hydraulique de Vranov. Accolée au barrage à une profondeur vertigineuse si l’on regarde d’en haut, les travaux de sa construction ont débuté en mars de 1930. Un chantier titanesque à l’époque, puisque plus de deux mille personnes avaient travaillé pendant trois ans et demi à l’édification de ce barrage haut de 54 mètres. La centrale, mise en service en automne 1934 a été l’œuvre hydraulique la plus grande et la plus puissante sur l’ensemble du territoire tchécoslovaque.
Bien qu’un peu difficile d’accès car mal indiquée dans la ville, la centrale est depuis 2011 ouverte au public. Des visites guidées gratuites sont organisées toutes les heures de 9h à 16h et présentent de manière claire et structurée tous les aspects techniques et de la production de l’énergie hydraulique ainsi que du fonctionnement de la centrale qui fête cette année le 80ème anniversaire depuis son ouverture.
Vranov nad Dyjí fait partie de ces rares destinations touristiques où il y en a quasiment pour tous les goûts. Les amateurs d’art, de culture et de l’histoire seront enchantés par le riche programme d’expositions et de concerts qui se tiennent au château, les sportifs peuvent enfourcher les vélos, enfiler les maillots de bains et s’entraîner tranquillement pour la prochaine compétition d’Ironman, et la bronzette paresseuse au bord de l’eau est également possible pour tous ceux qui demandent à se reposer en toute tranquillité. Par contre, n’attendez pas l’hiver pour venir, la saison s’achève en septembre.