Vranov nad Dyjí et son exposition de jouets anciens
Bienvenue, chers amis, pour cette première émission touristique de la nouvelle année. Je profite de l’occasion pour vous présenter mes voeux de bonne et heureuse année 2010, et pour vous proposer une balade romantique qui nous conduira dans le sud de la Moravie, au château baroque de Vranov nad Dyjí, et dans le royaume des jouets.
« Les visiteurs de l’exposition peuvent se familiariser avec une multitude de jouets : peluches, mobilier, coffrets, voitures en bois, habits, décors, et surtout les poupées, en celluloïd ainsi que celles plus précieuses en porcelaine qui sont entretenues et protégées avec beaucoup de soin car elles suscitent beaucoup d’intérêt auprès des collectionneurs. »
L’exposition évoque l’ambiance d’un magasin de jouets d’il y a 100 ans, période où le soldat de plomb et d’étain était le jouet préféré des petits garçons, tandis que les petites filles jouaient avec des poupées. D’autres objets à voir à l’exposition : des jeux de cubes en bois démontables, des chevaux à bascule, des petits ours en peluche de l’époque de la première république. C’est en 1902 que le tout premier ours en peluche destiné aux enfants est apparu en Allemagne et en Amérique du nord, alors que le cheval à bascule est plus ancien, remontant à l’an 1650, explique l’auteur de l’exposition Miroslava Janíčková :
« Les jouets anciens conservent une énorme énergie, car ce sont des objets que des générations d’enfants caressaient, des objets qui faisaient plaisir à leurs propriétaires. »
Parmi les jouets rares à voir dans l’exposition - une poupée à trois visages : souriant, larmoyant et endormi. Chacune des faces apparaît après qu’on tourne la tête de la poupée, les deux autres restant entre-temps cachées sous un capuchon.Le château de Vranov nad Dyjí qui propose l’exposition de jouets anciens mérite lui-aussi d’être visité. C’est une résidence incontournable, visible de loin puisque perché sur un éperon rocheux, et baigné par les eaux de la Dyje retenues par un barrage qui y forme un grand lac. Vranov nad Dyjí est aussi le nom d’une commune située à 15 km à l’ouest de la ville de Znojmo, l’un des principaux centres viticoles de Moravie.
La première mention qui est faite sur une forteresse en bois érigé à cet emplacement pour surveiller la frontière avec l’Autriche se trouve dans la chronique de Cosmas aux environs de l’an 1000. De cette période subsiste la rotonde romane de Saint-André, ainsi qu’une chapelle de cimetière. Au XIVe siècle, lorsqu’il passe aux mains de la famille aristocratique de Lichtenbourg, le château est doté de fortifications et d’un nouveau palais. Mais ce sont ses propriétaires suivants, la famille Althann, qui interviendra le plus dans l’image du château, pillé et endommagé pendant la Guerre de Trente Ans par les Suédois pour être finalement détruit par un incendie en 1665.
En 1680, Michel Jean II d’Althann entreprend une reconstruction générale dans le style baroque. Il fait appel au célèbre architecte viennois Johan Bernhard Fischer von Erlach, qui y travaille jusqu’en 1695. L’architecte est limité par le terrain irrégulier et la nécessité d’utiliser ce qui est resté des constructions précédentes. Finalement, il tourne ces contraintes à son avantage pour créer un ensemble baroque très pittoresque.
La coupole qui coiffe l’immense salle ovale et qui domine l’éperon rocheux à partir duquel la voie triomphale mène jusqu’à l’entrée du château, est citée parmi les oeuvres uniques de l’architecture européenne. Les intérieurs de la salle sont richement décorés par les artistes viennois Johann Michael Rottmayer, auteur de fresques, Tobias Kracker, statuaire, et Santino Buzzi, qui s’occupe des stucs.
En 1730, la marquise Marie Anna von Althann, née Pignatelli, fait appel au fils de Johann Bernard, Joseph Emmanuel Fischer von Erlach, pour poursuivre l’œuvre de son père. Il ajoute une cour d’honneur sur un espace limité et un escalier monumental décoré d’atlantes. Le dernier des Althann, Michel Josef, remanie le château en style Louis XVI.
Vers la fin du XVIIIe siècle, le château et le domaine de Vranov nad Dyjí sont acquis par l’avocat praguois Josef Hilgartner qui le complète par un parc de style anglo-chinois. Le château changera encore de propriétaires, pour passer aux mains de la noblesse polonaise des comtes Mniszek. Ceux-ci vont aménager en style néoclassique l’aile occidentale jusqu’alors inhabitée. Stanislav Mniszek implante à Vranov une fabrique de grès qui exportera ses produits vers l’Empire austro-hongrois et apportera à Vranov une richesse et une notoriété dépassant les frontières de la Moravie.