Cyclisme : la légendaire Course de la Paix, symbole de l'unification européenne, s'est élancée de Bruxelles

Vladimir Spidla a donné le départ de la 57e édition de la Course de la Paix, photo: CTK

C'est depuis la place située devant le Palais royal que le Premier minsitre tchèque, Vladimir Spidla, a agité le drapeau rouge et donné le départ de la 57e édition de la Course de la Paix. 136 cyclistes de 21 pays et de 17 équipes professionnelles participent à une épreuve dont l'histoire et la propagande ont longtemps fait une vitrine à la gloire du régime communiste.

Vladimir Spidla a donné le départ de la 57e édition de la Course de la Paix,  photo: CTK
Pourtant, à l'origine, la course voit le jour suite à une idée commune à des journalistes tchécoslovaques et polonais de mettre en place une épreuve internationale censée marquer le renouveau de l'Europe détruite par la guerre. Pour sa première édition, deux épreuves sont disputées : la première relie Varsovie à Prague, tandis que la seconde joint les deux capitales dans le sens inverse.

Ce n'est qu'à partir de 1950 que la Course de la Paix porte son nom, et ce encore avant que l'Union internatioanle de cyclisme (UCI) ne la reconnaisse officiellement en 1953. Un an auparavant, la République démocratique d'Allemagne (RDA) s'était jointe aux « camarades » polono-tchécoslovaques pour l'organisation, faisant ainsi évoluer le tracé de la course en un triangle Prague-Berlin-Varsovie. Dès lors, la politique jouera, d'année en année, un rôle toujours plus prépondérant dans son déroulement. L'année 1969 constitue à cet égard l'une des rares entorses à cette entente cordiale entre pays frères. L'équipe tchécoslovaque refuse, en effet, de prendre part à l'épreuve pour protester contre l'occupation du pays quelques mois plus tôt par les forces armées du Pact de Varsovie. Une édition qui, au passage, trois ans après le sacre de Bernard Guyot, voit la seconde victoire de l'histoire d'un coureur français, Jean-Pierre Danguillaume, plus tard vainqueur, entre autres, de sept étapes du Tour de France.

Jusqu'en 1989, ce sont ensuite les coureurs de l'Est aux grosses cuisses qui raflent tous les podiums. Parmi eux, ne mentionnons que deux Allemands, Uwe Ampler et Olaf Ludwig, dont l'évocation ne laisse pas indifférente les amoureux de la petite reine et qui, après l'ouverture des frontières, sont parvenus à se faire une place au soleil dans le peloton professionnel. Enfin, en 1995, après quelques années de crise, l'épreuve s'ouvre enfin aux professionnels, évolution qui, depuis, contribue à son renouveau.

"C'est très impressionnant, je dois dire. J'étais ému et assez nerveux. C'est vraiment une opportunité spéciale qui est liée avec le processus d'unification de l'Europe. Il y a ici un esprit de base, qui est celui de la sportivité et de l'amitié, et qui, je l'espère, régnera en Europe."

Une semaine après l'entrée de son pays dans l'UE, le Premier ministre tchèque, Vladimir Spidla, semblait tout retourné d'avoir pu donner le départ d'une épreuve aussi symbolique que la Course de la Paix. Et pour cause : comme l'ont annoncé ses organisateurs, en cette année exceptionnelle, la course se veut« un pont imaginaire entre l'UE et les pays d'Europe centrale et orientale. » Ainsi, le maillot blanc du meilleur jeune (moins de 23 ans) est ornementé des étoiles européennes. « C'est un message : les jeunes sont le moteur de l'Europe », a expliqué à cet effet le commissiare européen de la République tchèque, Pavel Telicka, pour qui la Course de la Paix est le futur « Tour de France de l'Europe centrale ».

Presque pour l'anecdote, samedi, la première étape, longue de 143 kilomètres et dont l'arrivée était également jugée dans la capitale européenne, a été remportée, au sprint, par l'Allemand Lars Wackernagel. Une victoire prestigieuse puisqu'au pied de l'Atonium, c'est Eddy Merckx, la légende vivante du cyclisme belge et international, qui lui a remis le maillot jaune de leader. Dimanche, après une transition jusqu'à Hannovre, en Allemagne, c'était au tour de l'Italien Giuseppe Bertollini de s'imposer, Wackernagel gardant toutefois la tête au classement général. Cette semaine, la course se poursuit, et après un total de neuf étapes pour 1597 kilomètres, qui l'emménera de l'Allemagne en Pologne puis en Tchéquie, le peloton arrivera à Prague, dimanche 16 avril prochain, sur la place de la Vieille Ville, pour l'occasion Champs-Elysées de la Course de la Paix. Un cadre qui, d'ailleurs, ne dépareillerait nullement dans le Tour de France...