Czech made : la bière

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Radio Prague vous propose cette année une série estivale consacrée à des marques et des produits de la République tchèque dont la réputation dépasse les frontières du pays. De l’antivirus Avast aux tracteurs Zetor en passant par le Semtex, la pervitine ou le knedlík - poilu ou non – la sélection ne sera sûrement pas exhaustive ; elle n’en sera pas moins variée.

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« To pivečko, to věru je nebeský dar »: la bière est un vrai don du ciel – extrait de La fiancée vendue, l’opéra du compositeur tchèque Bedřich Smetana.

La boisson nationale tchèque est le thème de l’épisode du jour : la bière, ou pivo dans la langue locale. Mais, comme les locaux sont très friands de petits diminutifs affectueux, on entend souvent parler de pivko ou de pivečko, même s’il n’est pas rare de voir le mot disparaître complètement tant cela coule de source : jdu na jedno (je vais en prendre une en français) – selon l’adage le plus grand mensonge du Tchèque, qui n’en prend jamais qu’une seule.

Bref, revenons à nos houblons. La bière est la boisson alcoolisée traditionnelle dans ce pays qui détient le record du nombre de litres consommés annuellement par habitant, devant l’Autriche et l’Allemagne – qu’on nous permettra de qualifier de sérieux concurrents.

L’histoire de la boisson fermentée alcoolisée en pays tchèques remonte au XIIè siècle avec l’apparition des premières brasseries.

Photo: Site officiel de Plzeňský Prazdroj
Au XIXè siècle, c’est dans la ville de Plzeň (Pilsen en allemand) qu’est fondée une entreprise qui va révolutionner l’industrie brassicole, Pilsner Urquell. Le type de bière qui y est brassée, la Pils, est connu dans le monde entier.

La Pilsner Urquell (Plzeňský Prazdroj) n’est pas la seule à avoir une réputation internationale. Velkopopovický Kozel, Gambrinus, Radegast, Staropramen, Krušovice, Starobrno, Bernard, Svijany sont quelques-unes des marques les plus connues, avec Únětické Pivo qui connaît un grand succès dans le pays en ce moment et surtout avec Budějovický Budvar, la dernière grande brasserie tchèque à ne pas avoir été privatisée.

Celle-ci est également connue pour se disputer dans le monde les marques Budweiser et Bud avec le groupe Anheuser Bush-Inbev. Lors de notre passage dans la brasserie publique de České Budějovice, le maître brasseur Josef Tolar avait mis les choses au clair :

Photo: JoAnn Miller,  Wikimedia Commons,  CC BY-SA 2.0
« Notre bière est plus amère que la bière américaine. Elle a plus de goût. Ce qui est important, c'est le houblon naturel que l'on utilise ici. Dans notre production, nous avons davantage de polyphénols que les Américains, ce qui rend notre bière meilleure. Par ailleurs, les bières américaines sont moins concentrées, contiennent moins d'extrait naturel au début de la fermentation, ce qui les rend plus légères. »

Nous avions également demandé son avis à un Américain expert, Evan Rail, auteur d’un guide sur la bière tchèque :

« Je suis un fan de la bière, j’aime la bière et j’aime la bonne bière. Ça veut dire que j’aime bien la Budvar, la Budweiser tchèque, et je ne bois pas de Budweiser américaine... »

« J’ai goûté peu près 500 bières différentes. J’ai voyagé pendant plusieurs semaines dans tout le pays et j’ai cherché les petites brasseries quasiment inconnues. Les bières de ces brasseries indépendantes sont presque toujours consommées à la pression, donc sans bouteilles, il faut les déguster sur place. C’est un bon moyen, parce que la bière tchèque est meilleure quand elle est fraîche. »

« C’est difficile d’en choisir une seule parce que j’ai plusieurs favoris, mais je dirais que la bière de type Pils ‘světlý ležák’ de la Brasserie Kout na Šumavě est une des meilleures du monde. »

Photo: ČT24
Si la bière tchèque jouit d’une très bonne réputation, c’est aussi, comme le disait le maître-brasseur de la Budvar, grâce au houblon qui pousse ici et rend si typique le paysage de certaines campagnes. Le houblon de Saaz (le nom allemand de la ville de Žatec) est connu pour son arôme doux et épicé, et il fait partie des variétés les plus onéreuses.

Bonnes nouvelles pour les agriculteurs tchèques : la récolte de houblon cette année s’annonce très bonne – 5500 tonnes, soit 170 de plus que l’année dernière. 80% de la production est exportée. Et comme Moscou a ses priorités, le houblon ne figure pas sur la liste des produits ne pouvant être importés sur le marché russe.