Czech made : le nohejbal

Photo: Tomáš Kubelka, Český rozhlas
0:00
/
0:00

Radio Prague vous propose cette année une série estivale consacrée à des marques et des produits de la République tchèque dont la réputation dépasse les frontières du pays. De l’antivirus Avast aux tracteurs Zetor en passant par le Semtex, la pervitine ou le knedlík - poilu ou non – la sélection ne sera sûrement pas exhaustive ; elle n’en sera pas moins variée.

Photo: Tomáš Kubelka,  Český rozhlas
Ce sera vraisemblablement le seul épisode sportif de cette série avec le « nohejbal », un sport inventé à Prague et pratiqué aujourd’hui sur plusieurs continents.

Les historiens font remonter les débuts du nohejbal à l’année 1922. A l’époque, des juniors du Slavia Prague se seraient amusés à faire des échanges avec un ballon de foot au-dessus de bancs, puis d’une corde et enfin d’un filet.

Le mot « noha » en tchèque veut dire « jambe » – mais le ballon peut être joué avec toutes les autres parties du corps, sauf les mains, comme en football. Le nom vient donc de « noha » et aussi de « volejbal », car les règles ressemblent à celles du volley-ball, comme nous l’a expliqué un ancien champion du monde tchèque, David Perutka :

« Pour expliquer simplement, c’est comme le volley-ball mais joué avec les pieds. Evidemment le filet est beaucoup plus bas qu’au volley-ball, on joue ensemble, donc en double ou en triple. Le principe du jeu est quasiment pareil, sauf que le ballon peut toucher la terre. »

Photo: Catalina Villamil,  freeimages
Le nohejbal est connu sous différents noms dans le monde : tennis-ballon, futnet et même soccer-tennis chez les Canadiens, qui ont organisé les derniers championnats du monde à Montréal l’année dernière.

Une compétition remportée chez les femmes par la République tchèque et chez les hommes par les Slovaques, devant les Tchèques, par deux points d’écart au dernier set… Tout ça pour dire que les Tchéco-Slovaques dominent encore le sujet, mais la concurrence s’enhardit.

L’Union internationale de Futnet (UNIF) a été fondée en 2010 à Genève et a son siège en France, à Marseille. Depuis quelques semaines, avec l’adhésion de la Hongrie, du Canada et de la Corée du Sud, elle compte dix-huit membres, dont le Costa Rica, la Tunisie, le Mali, le Cameroun et l’Australie.

La dernière réunion de l’UNIF s’est déroulée en mai dernier à Modřice, près de Brno, où était organisée la coupe du monde des clubs, remportée par… Modřice ! Les Tchèques ont battu les Slovaques de Košice en finale après avoir éliminé les Coréens du Seshin Buffalo en demies.

Photo: Mysak113,  Wikimedia Commons,  License CC BY-SA 3.0
Les Coréens sont de fervents adeptes de ce sport, connu chez eux sous le nom de « jogku ».

Dans une publicité pour un des sponsors de l’équipe olympique tchèque, c’est Petra Kvitová en personne, la championne de tennis, qui vantait les mérites de ce sport qui restera peut-être dans l’histoire comme le seul inventé dans son pays.

Et si certains dénigrent le nohejbal et disent qu’il est prisé par les Tchèques car on peut y jouer avec une bière à la main, c’est sûrement parce qu’ils n’ont pas encore vu de matchs de haut niveau avec des postures et des coups de pied proches du taekwondo à s’en arracher les adducteurs.

D’ailleurs, quand nous l’avions rencontré, David Perutka avait quelques ennuis de ce côté-là :

« Il faut être plus technique que les footballeurs, en plus il faut avoir la souplesse d’un gymnaste, la souplesse, c’est nécessaire. Souvent les joueurs de football ne sont pas souples du tout, on voit parfois les 'ciseaux' en foot et c’est assez spectaculaire, mais dans les attaques de tennis-ballon les joueurs font des ciseaux sans tomber. Donc ça demande d’être beaucoup plus souple que les joueurs de football. »

« Là j’ai quelques soucis, c’est la raison pour laquelle je ne joue plus en ce moment. Il faut se méfier, il faut faire du yoga, un peu de stretching chaque fois qu’on joue, il faut faire attention… »

La prochaine compétition internationale se joue ce samedi à Vsetín en Moravie, avant un autre tournoi à Salonta, en Roumanie, le 13 septembre.