Daniel Herman : « 1 % du budget devrait être alloué à la culture »

Daniel Herman, photo: CTK

L’accord de coalition étant signé ce lundi, tous les partis ont complété la liste de leurs candidats aux postes ministériels. Les chrétiens-démocrates (KDU-ČSL), premiers à avoir réalisé cette annonce, ont à cette occasion, confirmé les noms des trois hommes qui devraient prendre la tête des ministères de l’Agriculture, de la Culture et un autre sans portefeuille. Radio Prague vous propose une interview avec Daniel Herman, député du KDU-ČSL et candidat au poste du ministre de la Culture.

Daniel Herman,  photo: CTK
Agé de 50 ans, Daniel Herman est l’ancien directeur de l’Institut pour l’étude des régimes totalitaires (ÚSTR) et un ancien prêtre catholique. En référence à sa proximité avec la religion catholique et interrogé sur la stratégie gouvernementale des chrétiens-démocrates, Daniel Herman n’exclut pas de tendre l’autre joue en cas de différend, une philosophie appliquée à la politique :

« Cela dépend clairement de la situation concrète, mais je considère que cette recette, celle de tendre l’autre joue après avoir reçu une gifle, constitue une des manières possibles de résoudre certains conflits. »

Cette stratégie risque de s’avérer utile également pour pouvoir naviguer dans les eaux de la coalition tripartite car plusieurs sujets restent sensibles entre les partenaires gouvernementaux. Parmi eux, la question des restitutions des biens confisqués par le régime communiste aux Eglises a le potentiel de semer la discorde entre la social-démocratie et les chrétiens-démocrates. Cependant, Daniel Herman relativise :

« Je suis persuadé que la social-démocratie a invité les chrétiens-démocrates dans la coalition gouvernementale tout en étant consciente de notre position au sujet des restitutions des biens aux Eglises. C’est un élément sur lequel nous ne reculons pas. Je suis content que nous arrivions à mettre un terme à des problèmes issus du régime communiste plutôt qu’à les raviver. »

Par le passé, les rapports entre certains membres du ČSSD et Daniel Herman n’ont été parmi les plus cordiaux. Il a en effet été révoqué en avril dernier de son poste de directeur de l’Institut pour l’étude des régimes totalitaires (ÚSTR), notamment du fait du vote de sénateurs sociaux-démocrates. Il considère toujours avoir été démis de ses fonctions pour des motifs politiques, mais ajoute que la ČSSD était divisé sur le sujet et qu’il s’agissait de quelques personnes ayant mené une campagne en faveur de son limogeage. Il avait également porté plainte contre sa révocation et la Cour municipale du troisième arrondissement de Prague devrait se réunir à nouveau dans cette affaire le 26 février. Daniel Herman explique les raisons pour lesquelles il ne souhaite pas retirer sa plainte :

Ministère de la Culture,  photo: Filip Jandourek,  ČRo
« Il s’agit d’une question de justice. Dans le cas de ma révocation, le Code du travail a clairement été violé. L’Inspection du travail est arrivée à la même conclusion. Soit le droit est valide, soit non. Mon avocat et moi sommes persuadés que la justice a été violée et peu importe ma fonction actuelle, il faut que le procès aboutisse. »

Quant à l’esquisse du projet qu’il porte pour son futur portefeuille, Daniel Herman souligne l’importance de consacrer au moins 1% du budget d’Etat à la culture afin d’arriver aux standards des autres pays centre-européens. Le ministère de la Culture, sous la tutelle d’Herman devrait se concentrer sur la stabilisation financière des 29 institutions sous son administration, comme le Théâtre national ou la Galerie nationale. Parmi les premières actions se trouverait, selon ses propres paroles, l’élaboration d’une conception nationale de la culture qui s’interrogerait sur la place de la culture dans la société tchèque d’aujourd’hui. Daniel Herman, qui utilise systématiquement le conditionnel présent dans ses propos, n’a pas souhaité dévoiler de démarches concrètes en attendant que sa nomination soit effective.