Dans la presse tchèque : à quand la lumière au bout du tunnel pour l’économie ?

Photo illustrative: geralt/Pixbay, CC0

L’évolution de l’économie tchèque et les différents discours politiques de la période « post-pandémique ». Tels sont les deux premiers sujets traités dans cette nouvelle revue de presse. Nous évoquerons également la lutte contre les discours haineux sur les réseaux sociaux, avant de nous intéresser aux fragments de stèle juives jadis utilisés dans le passé comme pavés à Prague. Un mot enfin sur l’élection présidentielle en Pologne.

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Les dernières données concernant la situation de l’économie tchèque sont loin d’être favorables. Elles indiquent que la crise de 2008 n’a été qu’un simple exercice appelé à nous préparer à celle qui survient aujourd’hui. Et aussi, qu’il faudra un certain temps avant d’apercevoir la lumière au bout du tunnel. C’est ce que rapporte le commentateur du site echo24.cz qui a également écrit :

« On aime se consoler avec l’idée qu’un black-out économique de près de deux mois ne peut pas avoir d’impact sur la prospérité globale et que tout reviendra à la normale. Le ralentissement de l’économie enregistré au mois de mars et, très probablement, aussi au mois d’avril, montre cependant que des temps vraiment difficiles nous attendent. La chute du commerce de détail est également une des raisons pour lesquelles l’épisode actuel s’annonce plus dramatique que celui d’il y a douze ans. Bref, nous nous retrouvons dans une situation qui va s’étendre dans le meilleur des cas sur des semaines. »

Le commentateur admet qu’il n’est tout de même pas possible de porter sur l’évaluation de l’économie un regard habituel. « Il ne fait pas de doute qu’après des années de bien-être, la société dispose de réserves avec lesquelles elle peut tant bien que mal survivre à cette période difficile », explique-t-il. Le problème reste que l’on n’en connaît pas précisément l’ampleur.

La narration politique post-pandémique

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Les élections régionales et sénatoriales qui auront lieu en Tchéquie à l’automne prochain mettront à l’épreuve la popularité « post-pandémique » des politiciens locaux, même si le taux de participation est en général nettement plus faible qu’aux élections législatives. C’est ce que prétend le commentateur du quotidien Lidové noviny :

« Le processus de déconfinement allant bon train, une grande partie de la société s’imagine que le mauvais rêve lié au coronavirus est terminé et que la vie peut reprendre son cours habituel. Cet avis, pourtant, n’est partagé ni par les épidémiologistes, ni par les économistes. Les politiciens, quant à eux, s’efforcent prioritairement de raconter leurs histoires et contes de fées politiques de façon à s’attirer les faveurs des électeurs. Or, à l’approche des élections, ce n’est pas le programme, mais c’est cette narration qui sert de principal outil politique. »

Le gouvernement et notamment le mouvement ANO du Premier ministre Andrej Babiš cultive sa légende de sauveur de l’apocalypse. L’opposition, en revanche, impose une interprétation différente qui décrit la réaction gouvernementale à la pandémie du Covid-19 comme exagérée, voire hystérique. Hélas, comme l’observe le texte dans Lidové noviny, ces deux attitudes empêchent toute approche rationnelle, qui pourrait permettre notamment d’entamer des réformes et la transformation de l’économie afin de faire face aux prochains défis. De même, ces préoccupations empêchent la mise en place d’une mesure très importante dans le contexte actuel : le vote par correspondance.

La police prête à lutter contre la haine sur les réseaux sociaux

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Le journal en ligne Deník Referendum salue la formation, à partir de ce mois de mai, d’une unité de la police spécialisée dont le but consistera à suivre et à lutter contre les discours de haine sur les réseaux sociaux. Pour l’auteur d’une note consacrée à ce sujet, c’est un événement sans précédent dans l’histoire de la police :

« Avec cette démarche, la police, à l’instar du ministère de l’Intérieur et du parquet, a définitivement reconnu qu’Internet n’était pas un milieu spécifique ouvert à des actes qui, dans la vie courante, seraient considérés comme criminels. Outre ‘l’extrémisme’, elle entend s’occuper des discours de haine basé sur des préjugés. En effet, la haine et la radicalisation ne sont plus uniquement l’apanage des groupes néonazis, car elles ont infiltré la vie de tous les jours, tant en ligne que hors ligne. »

La nouvelle unité de police a devant elle une mission aussi importante que difficile. Toujours selon Deník Referendum, on peut en effet s’attendre à ce que s’élèvent des voix défendant la liberté d’expression.

Les fragments de stèles juives dans les pavés de la capitale : un défi pour la mairie de Prague

Des cubes pour paver les trottoirs ont été progressivement extraits lors des récents travaux sur la place Venceslas,  photo: Archives de a communauté juive de Prague
Le scandale lié aux stèles juives utilisées dans les années 1980 comme pavés dans le centre-ville de Prague fait l’objet d’un texte publié dans la dernière édition de l’hebdomadaire Respekt à l’occasion de l’ouverture d’une exposition, à la synagogue Jérusalem de Prague, présentant des fragments de pierres tombales restituées par la mairie. Son auteur a précisé à ce propos :

« Les pierres qui ont servi de petits cubes pour paver les trottoirs de Prague ont été progressivement extraits lors des récents travaux de rénovation sur la place Venceslas. On peut pourtant supposer qu’il ne s’agit pas de la totalité. Ainsi, les Pragois et les visiteurs de la capitale continuent de marcher sur des fragments de stèles juives. Prague est ainsi appelé en faire davantage que simplement remettre à la communauté juive les dizaines de stèles qui ont été découvertes par hasard. »

Cette récente découverte ne constitue pas, du moins pour les connaisseurs de l’histoire juive, une grande surprise. Il existe de nombreux exemples de vols de pierres tombales dans des cimetières juifs, à la campagne et dans les grandes villes. Par ailleurs, comme l’indique le magazine Respekt, certains cimetières juifs ont été tout bonnement liquidés sous le régime communiste pour en faire des parcs.

L’élection présidentielle en Pologne et la Tchéquie

Rafal Trzaskowski,  photo: ČTK/AP/Czarek Sokolowski
En lien avec l’élection présidentielle en Pologne, le commentateur du journal en ligne Deník.cz a rappelé :

« En décembre dernier, au moment où le coronavirus a commencé à se propager à Wuhan en Chine, les maires des quatre métropoles d’Europe centrale se sont opposés à la diffusion d’une autre infection : l’autoritarisme qui se propage depuis quelques années, avec une intensité et un taux de contamination différentes, à travers l’Europe centrale. L’un d’entre eux, Rafal Trzaskowski, le maire de Varsovie, a été nommé candidat du parti d’opposition, la Plate-forme civique, pour l’élection présidentielle ajournée en Pologne. S’il sortait victorieux, donnant ainsi à la Pologne un nouvel élan démocratique, le parti conservateur au pouvoir Parti et Justice ne serait probablement pas assez fort pour pouvoir achever son projet de domination de l’Etat. »

Selon le commentateur, le duel polonais a une grande importance pour la Tchéquie. Il explique :

« C’est de façon ostentatoire que le Premier ministre tchèque Andrej Babiš maintient des liens d’amitié avec les leaders à Varsovie et à Budapest, tout en déclarant ne pas vouloir d’‘orbanisme’ en Tchéquie. Il s’agit donc, pour le moins, d’une position ambiguë. Le maire de Prague Zdeněk Hřib, quant à lui, a fait preuve d’une position univoque à cet égard. »