David Cadier : le Partenariat oriental pour « promouvoir les droits de l’homme et l’économie de marché »

Le sommet européen pour le Partenariat oriental, photo: www.eu2009.cz

Jeudi dernier se tenait à Prague le sommet européen pour le Partenariat oriental, dont le but est de renforcer les liens de l’Union européenne avec sept pays d’Europe orientale. L’Ukraine, la Biélorussie, la Moldavie, la Géorgie, l'Arménie et l'Azerbaïdjan devraient bénéficier de mesures commerciales, en échange de réformes politiques et économiques. Pour cette occasion, Antoine Idier a rencontré David Cadier, doctorant en relations internationales à Sciences-Po et membre de l’association Nouvelle Europe, qui est revenu de manière plus large sur l’histoire de ce partenariat oriental.

« Il faut un peu remettre cet intérêt pour le voisinage oriental dans son contexte et, lorsqu’on le regarde de plus près, on note qu’en fait c’est surtout en perspective de la présidence que Prague a insisté sur la dimension orientale de la politique de voisinage de l’Union Européenne. D’autres pays, comme la Slovaquie et surtout la Pologne ont insisté sur cet aspect même en amont de leur adhésion. En 2003, avant que la Pologne ne rejoigne l’UE, déjà Varsovie dénonçait le manque d’une perspective orientale de la politique de voisinage de l’UE : ensuite cet aspect a été développé par la Pologne et, à partir de 2007, par la République tchèque dans le cadre du groupe de Visegrád. En 2007 et 2008 la République tchèque présidait le groupe de Visegrád et elle a fait circuler aux trois autres membres un papier avec des propositions concrètes pour une perspective est-européenne de la politique de voisinage. Au sein de ce groupe, cette initiative a été discutée et elle a fini par se retranscrire d’une certaine façon dans le partenariat oriental. »

Et pourquoi cet intérêt pour une ouverture à l’Est ?

« La République tchèque a un intérêt prononcé pour l’élargissement de l’UE, à l’Est mais également pour la Turquie et encore plus pour les Balkans, une zone géographique d’importance pour la République tchèque. L’intérêt pour Prague d’un tel programme est la promotion des droits de l’homme à la périphérie de l’UE et des normes de l’économie de marché, et donc comme ça a marché dans le cadre de l’UE, d’une certaine prospérité et stabilité dans le voisinage européen. »

Certains parlent de contenir la Russie, en favorisant le rapprochement de ces pays avec l’UE. Cette analyse vous paraît-elle juste ?

« Contenir, ce n’est pas un terme qui me paraît idoine. Notamment parce qu’il évoque une lexicologie propre à la guerre froide. Mais ce qui est sûr c’est que cette zone, l’Ukraine la Moldavie, la Biélorussie et les trois pays du Caucase, va de plus en plus être une zone ou deux influences vont s’entrechoquer, l’influence russe et l’influence européenne. Ce qui est intéressant est que l’influence européenne est avant tout normative, à travers des idées, des normes, des ONG, des institutions. La Russie de plus en plus façonne son influence et son action dans la région sur son modèle : de plus en plus Moscou essaye d’implanter des ONG dans la région, ouvre des maisons d’édition et promeut dans son discours des normes ‘à la russe’ si j’ose dire : le discours russe est de dire ‘nous prônons la démocratie mais une autre démocratie’, la ‘démocratie souveraine’. Par une forme de mimétisme, la Russie investit cette zone presque dans les mêmes termes et reproche - d’ailleurs récemment le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov le reprochait – au partenariat oriental d’être une tentative de l’UE d’étendre sa zone d’influence. »

Retrouvez la suite de cet entretien avec David Cadier prochainement dans les programmes de Radio Prague.