David Rath remis en liberté après 18 mois de préventive
Personnalité politique parmi les plus controversées de ces dernières années, l’ancien député et président de la région de Bohême centrale David Rath a été remis en liberté lundi. Après dix-huit mois passés en détention préventive, et alors que son procès a été ouvert en août dernier, la Cour supérieure de Prague a donné satisfaction à l’ancien haut responsable social-démocrate, estimant qu’il n’y avait plus de raisons de craindre sa fuite à l’étranger. Arrêté dans la rue en mai 2012 en possession d’une boîte qui venait de lui être remise et dans laquelle se trouvaient sept millions de couronnes (260 000 euros environ), David Rath et dix autres personnes sont accusés de corruption et de manipulation d’appel d’offres. S’il est reconnu coupable, il risque jusqu’à douze ans de prison.
L’intéressé, lui, se défend en clamant qu’il est la victime d’un procès politique. Lundi, après de longs mois passés derrière les barreaux, c’est un homme marqué physiquement, mais aussi très pondéré dans son attitude et ses propos, loin du personnage arrogant qu’il était du temps de ses joutes politiques à la Chambre des députés, qui s’est exprimé devant des dizaines de micros et de caméras :
« Je suis très heureux qu’après un an et demi passé dans des conditions comparables à celles du stalinisme dans les années 1950, des juges dans ce pays aient eu le courage de me faire confiance et soient parvenus à la conclusion qu’une détention préventive de dix-huit mois est vraiment très longue. Je tiens à les en remercier, j’ai beaucoup d’estime pour eux et je suis bien conscient de l’engagement que cette décision représente désormais pour moi. »Cette remise en liberté, qui fait suite à trois refus des tribunaux, ne signifie pas pour autant la fin des ennuis pour David Rath. Même s’il estime qu’il disposera désormais de meilleures conditions pour étudier son dossier de 25 000 pages et préparer sa défense, David Rath a également admis qu’il y avait de fortes chances qu’il retourne en prison.
En attendant l’issue du procès en cours, à l’exception du représentant du ministère public, nombreux sont ceux qui ont fait part de leur soulagement à l’évocation de la décision rendue lundi par la Cour supérieure de Prague. Comme le confirmait Zbyněk Stanjura, ancien ministre et député du parti conservateur ODS, cette libération de David Rath a été plutôt bien accueillie y compris dans les rangs de ses plus grands opposants :« Cette détention préventive me semble extrêmement longue et disproportionnée. Je me souviens des déclarations de la police et des juges au moment de l’arrestation de David Rath. Ils affirmaient que l’affaire serait vite jugée et que justice serait vite rendue. Dix-huit mois plus tard, l’affaire n’a guère avancé, et même si David Rath était mon adversaire politique, je dois reconnaître que la durée de sa détention a été bien trop longue. »
Au-delà du cas de David Rath, un débat a été ouvert sur les conditions dans lesquelles les accusés sont aujourd’hui provisoirement emprisonnés en République tchèque. Comme l’explique le sénateur social-démocrate et ancien ministre de l’Intérieur František Bublan, même lorsqu’il existe de forts indices de culpabilité, un accusé ne peut pas être considéré comme un coupable et un condamné :
« Il ne faut que la prévention préventive soit une peine préalable ou provisoire. L’accusé n’a pas encore été jugé, il ne s’agit donc pas de le punir prématurément. Que fait-on s’il est reconnu innocent et finalement remis en liberté ? Certes, il a droit à un dédommagement selon la durée de son emprisonnement, mais cela ne lui rend pas le temps passé dans des conditions extrêmement difficiles. »Si David Rath a été maintenu dix-huit mois en détention préventive, c’est toutefois également en raison de l’ampleur des différentes affaires dans lesquelles il est impliqué. La poursuite de son procès le 3 décembre permettra de le rappeler.