De Cannes jusqu’aux cinémas tchèques

L’édition 2015 du Festival de Cannes a été marquée par une tendance prononcée pour le cinéma social et par le succès de productions françaises, en particulier avec la Palme d’Or obtenue par Jean-Jacques Audiard pour Dheepan. Parmi tous les films projetés sur la Croisette, plusieurs d’entre eux seront bientôt visibles sur les écrans tchèques. Cela est possible grâce au travail des distributeurs qui achètent ces œuvres pour les faire ensuite découvrir. A la tête de la société Artcam, Sylvie Leray nous raconte son expérience cannoise :

« On voit beaucoup de films, c’est essentiel. C’est l’événement principal mondial dans le monde du cinéma, surtout pour des distributeurs, qui sur place sont appelés des acheteurs puisqu’on est là-bas pour acheter des films. Cela se prépare assez longtemps en amont. C’est beaucoup de rendez-vous pris puisqu’il y a le marché du film. C’est un peu le salon de l’agriculture mais pour le cinéma avec des centaines d’exposants. Tout cela se prépare à peu près un mois avant. C’est beaucoup de travail. Nous sommes beaucoup sollicités aussi puisque nous sommes des acheteurs. Une fois sur place, c’est très studieux. Nous nous rencontrons tous les matins assez tôt de façon à se répartir le travail dans notre équipe pour voir un maximum de films. »

Quelle a été personnellement votre expérience de ce Festival de Cannes ?

« Très agréable, parce que nous avons été chanceux d’avoir un temps stable et pas de pluie. C’est un élément important de la vie du festival, la météo, c’est comme ça ! Pour le public parce qu’évidemment il y a des files d’attente et pour l’ambiance générale. Comme je l’ai dit, cela était assez studieux. C’était mon premier festival pour la société Artcam, donc très studieux. J’avais très mal aux pieds en fait ! Parce qu’on fait des dizaines de kilomètres par jour, ce palais des festivals est très grand. »

Quels sont les films qui vous ont marqué ?

'Amnesia',  photo: Les Films du Losange
« J’ai trouvé que cette année la sélection était très intéressante et très éclectique, artistiquement intéressante. La Palme d’Or est largement justifiée, honorée par le film d’Audiard, qui sortira dans quelques mois en République tchèque. Pas avec nous, c’est dommage, nous aurions bien aimé. J’étais heureuse de revoir un film de Barbet Schroeder avec Amnesia, qui m’a beaucoup plu. Et puis il y avait Le Fils de Saul, que nous aurions bien aimé acquérir mais qui était déjà prévendu pour le territoire tchèque. »

Comment se passe la cohabitation avec les autres professionnels du monde du cinéma tchèque ?

« Il y a le Czech Film Center qui est un stand. Enfin, c’est un petit morceau de plage, c’est très joli. Toute la durée du festival, évidemment les différents distributeurs, mais aussi les producteurs, les acteurs du cinéma tchèque, peuvent se retrouver toute la journée dans ce stand. Cela existe et fonctionne très bien. »

On peut évoquer les films achetés par Artcam. Pouvez-vous nous en dire quelques mots ?

Aferim !,  photo: Beta Film
« Nous avons cinq films de Cannes, puisque nous en avions acheté deux auparavant. Je vais vous les citer car ils sortiront en premier. Il s’agit de Virgin Mountain du réalisateur Dagur Kari. C’est un film islandais qui sera au festival de Karlovy Vary, donc il sera visible par le public tchèque assez rapidement. Il y aura également à l’automne Aferim ! du jeune réalisateur roumain Radu Jude. Voilà pour les films que nous avions déjà achetés. Ensuite, il y a le film qui a été présenté dans la catégorie Un certain regard qui s’appelle Le Cimetière des splendeurs d’Apichatpong Weerasethakul. Nous avions déjà acquis Oncle Boonmee, son précédent film qui avait obtenu la Palme d’Or. Donc, dans ce cas, nous aimons bien être fidèles à certains réalisateurs. C’est un peu la même chose pour Arnaud Desplechin d’ailleurs (dont le dernier film Trois souvenirs de ma jeunesse sera prochainement distribué en République tchèque, ndlr). Nous avons quelques réalisateurs privilégiés et c’est assez important dans le monde du cinéma, surtout sur des films moins conditionnels, pour qu’il y ait une continuité. »