De Teplice à Dubaï : les reliques de saint Clair, le patron des stations thermales, exposées à l’Expo 2020

Photo: European Initiatory Institute, z.s., CC BY-SA 4.0

Les dirigeants de Teplice, la plus ancienne ville thermale d’Europe centrale, prévoient d’envoyer à Dubaï cet automne les reliques d’un ecclésiastique martyrisé au IVe siècle. Le crâne du patron des stations thermales et du sacrement du mariage sera ainsi exposé au monde depuis le pavillon tchèque à l’Exposition universelle de 2020, qui célébrera les réalisations et le génie humains. Déjà destination prisée des visiteurs étrangers, Teplice place tous ses espoirs en saint Clair pour devenir également un lieu de pèlerinage renommé.

Photo: European Initiatory Institute,  z.s.,  CC BY-SA 4.0

La légende raconte qu’avant d’être mis à mort après plusieurs jours de torture, saint Clair de Dalmatie s’est fait arracher les yeux, que l’on aurait jetés dans une marmite d’huile bouillante. Quoique guérisseur naturel, l’ecclésiastique n’était pas plus accusé d’hérésie que d’un quelconque usage de magie noire. Son crime ? Saint Clair aurait baptisé la fille d’une famille aisée ainsi que son amant, un serf ou un esclave de la maison. Il aurait également béni leur union avant de leur accorder le sacrement du mariage ‘devant Dieu’ - pour reprendre la formule consacrée -, mais dans le dos des parents de la jeune fille.

Photo: European Initiatory Institute,  z.s.,  CC BY-SA 4.0
La légende veut aussi que saint Clair ait catégoriquement refusé de révéler où le jeune couple s’était enfui, ou même de revenir sur sa bénédiction. Comptant parmi les premiers martyrs du IVe siècle, saint Clair est depuis vénéré comme le saint patron du sacrement du mariage mais aussi de la balnéologie, une sorte de ‘guérison chaude’ traditionnelle dispensée dans les stations thermales, proche de l’hydrothérapie. Elle implique beaucoup de bains de boue, de douches froides et d’immersions dans des sources d’eau minérale thermale.

Les reliques de saint Clair de Dalmatie, région historique appartenant aujourd’hui à la Croatie, ont été transférées à Teplice en 1678 par un membre d’une importante famille princière austro-hongroise, comme le précise Tomáš Jarolím, ancien homme politique et diacre dans cette ville de Bohême du Nord :

Teplice,  photo: Takmocsekretovanej!,  CC0 1.0,  public domain
« L’histoire des restes du saint est directement liée à celle de l’une des familles aristocratiques les plus célèbres de Teplice, les Clary-Aldringen. Cette famille a demandé au Vatican d’envoyer un saint patron dans la ville, et plus précisément un saint patron des thermes. »

Tomáš Jarolím dirige l’Institut initiatique européen, une organisation à but non lucratif qui travaille avec l’Eglise orthodoxe à la reconnaissance de Teplice comme lieu de pèlerinage et centre de vie spirituelle. C’est là tout l’enjeu de la présentation du crâne de saint Clair à l’Expo 2020 à Dubaï, en octobre prochain.

« Selon toute vraisemblance, les restes de saint Clair seront les premiers au monde à être présentés de cette manière. Je dois préciser qu’ils seront exposés comme les reliques du saint patron de ce que l’on appelle les ‘soins thermaux’, Teplice abritant la plus ancienne station thermale d’Europe centrale. »

Tomáš Jarolím,  photo: Alžběta Švarcová
Les reliques ont été offertes par le Pape Urbain VIII à l’évêque Jean IV Marcus d'Aldringen, abbé d’un monastère autrichien, puis conservées dans la chapelle familiale jusqu’après la Seconde Guerre mondiale. Aujourd’hui, on peut les admirer le dimanche dans le Temple de l'Exaltation de la Sainte-Croix à Teplice, dans un reliquaire du XVIIe siècle fait de bois et de verre.

Les curistes sont réputés pour prier saint Clair pour leur santé, surtout lorsqu’ils souffrent de douleurs articulaires. En tant que saint patron du sacrement du mariage, il est également appelé à bénir les unions ou, ce qui peut être bon à savoir, à venir en aide aux couples en crise...