Décès d'Antonín Holý, un très grand chimiste
Le chimiste mondialement reconnu Antonín Holý est mort ce lundi alors qu’il allait bientôt fêter ses 76 ans. Ses multiples travaux ont permis et permettent encore de soigner des millions de patients à travers le monde. Il a découvert les antiviraux et est l’inventeur de nombreux vaccins et médicaments révolutionnaires, parfois controversés tels que le Truvada, un traitement préventif contre le sida, dont l’agence américaine des médicaments (FDA) vient d’autoriser la mise en vente. La communauté scientifique rend hommage à un homme qui adorait son laboratoire et dont beaucoup regrettent qu’il n’ait pas été suffisamment honoré de son vivant.
En 1976, il s’associe avec le belge Eric de Clercq, spécialiste en virologie, et sa carrière prend un nouveau tournant. Ils découvrent ensemble les antiviraux et leur collaboration donne naissance à de nombreux médicaments permettant de lutter, entre autres, contre les virus du sida, de la variole, de l’herpès zoster, qui est responsable du zona, ou encore de l’hépatite B.
Des médicaments qui sont toujours d’actualité, puisque ces jours-ci le premier médicament préventif contre le sida, le Truvada vient d’être autorisé sur le marché américain. Et c’est Antonín Holý qui en est l’un des développeurs. Cette substance est cependant relativement controversée, mais témoigne de la vitalité des applications liées aux recherches du scientifique tchèque. Pavel Hozba a travaillé aux côtés d’Antonín Holý pendant plus d’une dizaine d’années et il peut en témoigner :« Ce traitement préventif est tout simplement une découverte phénoménale d’importance mondiale que personne n’avait réussi avant lui. Environ un million de personnes prennent quotidiennement les antiviraux d’Antonín Holý sans lesquels ils mourraient. »
Aussi, ils sont nombreux à penser qu’Antonín Holý aurait mérité un prix Nobel. Mais pour Pavel Hozba il faut relativiser :
« Il a été souvent nominé pour de nombreux prix, et notamment pour le prix Nobel. Il ne l’a jamais reçu, et il ne la recevra plus car on ne donne par cette récompense à titre posthume. Mais, en discutant avec mes collègues américains, ceux-ci m’ont plusieurs fois affirmé que si le professeur Holý avait été à Harvard, Cambridge ou Oxford, il aurait déjà reçu son prix Nobel. »
Antonín Holý a toute de même reçu une quantité non négligeable de récompenses en tout genre. Cela l’obligeait à se rendre à des cérémonies et à porter une cravate, deux choses qu’il n’appréciait guère selon son collègue de l’Institut de chimie organique et de biochimie Václav Pačes :« Il faut dire qu’il adorait son laboratoire. C’est pour cela qu’il n’était pas très à l’aise en costume-cravate et qu’il préférait clairement porter une blouse blanche ou un pull étiré. »
C’est l’image d’un homme simple que laisse Antonín Holý, passionné par son travail, qui nécessitait selon lui une infinie patience et une bonne dose d’intuition. Il considérait que la meilleure façon de parvenir à ses fins était l’expérience et la méthode essai-erreur, reprenant peut-être indirectement la devise des Shadocks : « Plus ça rate, plus on a de chance que ça réussisse. »