Décès du pasteur, chansonnier et ancien député Svatopluk Karásek
Chansonnier, figure de l'underground tchécoslovaque sous le régime communiste et pasteur évangélique devenu député en 2002, Svatopluk Karásek est décédé ce dimanche à l'âge de 78 ans.
Comme nous l’avons déjà constaté sur RPI, dans un autre article que nous avons consacré à cet homme aux multiples casquettes, devenu délégué gouvernemental aux droits de l’Homme en 2004, Svatopluk Karásek a connu, lui-même, de nombreuses situations où ses propres droits ont été bafoués. Après des études à la faculté de théologie évangélique, il devient, en 1968, pasteur dans la campagne tchèque mais, dès 1970, les autorités communistes lui retirent l'autorisation d'exercer le culte. Gérant d'un château, laveur de carreaux, il se voit finalement obligé de s'exiler, avec sa femme et leurs trois enfants, en Suisse.
Avant cela, il a mené une carrière de musicien et chansonnier, devenant une personnalité respectée de la dissidence et de l'underground tchèque. Ses chansons marquées par la religion, mais aussi par l'esprit de liberté lui valent une condamnation, en 1976, à huit mois de détention dans les geôles communistes. Karásek est condamné en même temps que le groupe The Plastic People of The Universe, dans un procès qui conduit à la naissance du mouvement de la Charte 77, dont il a été l’un des signataires. L’ancien pasteur, ainsi que de nombreux autres dissidents tchèques, dénoncent par-là les violations des droits de l'Homme dans une Tchécoslovaquie occupée par l'armée soviétique.
Sous la pression de la police secrète communiste, la StB, Svatopluk Karásek avait émigré début 1980 en Suisse via l'Autriche et a officié en tant que pasteur à Zurich. Après son retour à Prague en 1990, il a prêché d’abord à la Chapelle de Bethléem, avant de s’engager ensuite au sein de la paroisse Saint-Sauveur, non loin de la place de la Vieille-Ville.
Personnalité publique très en vue dans les premières années post révolutionnaires, Svatopluk Karásek s’est également engagé en politique : élu au Parlement en 2002, en tant que député indépendant, il a été élu au poste de délégué gouvernemental aux droits de l'Homme, fonction qu’il a exercée jusqu’en 2006.
Apprécié pour son humour, sa bienveillance et son approche humaine, dépourvue de stéréotypes et de préjugés, le pasteur Svatopluk Karásek vivait dans un monde où il n’y avait pas d’athées : « Chacun croit en quelque chose, même un prisonnier, même un criminel. Je ne divise pas les gens en croyants et non croyants parce que j'ai parfois fait aussi de meilleures expériences avec les soi-disant non croyants qu'avec les soi-disant croyants », disait-il.
Dans sa nécrologie, la station culturelle de la Radio tchèque Vltava rappelle la sortie, cette année, d’un album live de Svatopluk Karásek et de son groupe Pozdravpámbu. Il s’agit d’enregistrements de concerts vieux de vingt ans qui témoignent de la popularité du chansonnier presque oublié, puis redécouvert par le public tchèque, après la chute du régime communiste.