Déjà des effets positifs à la loi antitabac ?
Se pourrait-il que l’interdiction de la cigarette dans les bars et les restaurants ait déjà produit des effets bénéfiques sur la santé des Tchèques ? C’est ce que laissent entendre les services de santé tchèques, selon lesquels le nombre d’hospitalisations pour des maladies liées à la consommation de tabac aurait significativement baissé dans les mois ayant suivi l’entrée en vigueur de la loi antitabac, il y a tout juste un an.
« Pour les cinq premiers mois où tous ces établissements sont devenus non-fumeurs, ce sont près de 10 000 hospitalisations qui n’ont pas eu lieu. Cela signifie que, pour cette année, ce sont peut-être 20 000 personnes qui n’ont pas été contraintes d’aller à l’hôpital, simplement parce que les fumeurs sont allés fumer dans la rue. »
Il y a eu moins d’hospitalisations pour des infarctus, de l’asthme, des angines de poitrine ou bien encore pour des insuffisances coronariennes. Autant de maladies dont le lien avec la cigarette est clairement établi. Mais l’interdiction du tabac dans les bars et restaurants peut-elle vraiment être tenue responsable de cette baisse spectaculaire des prises en charge à l’hôpital ? Affirmatif, répond Eva Králíková :
« Après plusieurs minutes dans un environnement enfumé, des changements sont prouvés au niveau des vaisseaux sanguins. Ces effets cessent rapidement et c’est pour cela que l’occurrence de l’infarctus du myocarde ou bien de la crise d'asthme sévère baisse dès le jour suivant l’introduction d’une telle loi antitabac. »La date choisie par les autorités sanitaires tchèques pour diffuser ces données ne doit sans doute rien au hasard. Les députés s’apprêtent en effet à discuter la proposition d’amendement à la loi antitabac, afin d’en assouplir le cadre, présentée par des parlementaires réunis autour de Marek Benda (ODS). Au nom de la « liberté », son texte prévoit de permettre l’installation de fumoirs interdits aux mineurs dans les bars et même d’autoriser à nouveau la cigarette dans les établissements les plus petits, dont la superficie n’excède pas 80 m2.
En mars, le gouvernement démissionnaire s’est prononcé contre cette proposition de loi. Le ministre de la Santé, Adam Vojtěch (ANO), aura tout de même du pain sur la planche pour convaincre des députés dont beaucoup seraient favorables à une législation plus permissive. Parmi ses arguments, le manque de recul vis-à-vis des effets de la loi :
« Je vais interpeler les collègues de tous les clubs parlementaires et essayer de les convaincre qu’il n’est pas logique de revenir sur une loi entrée en application il y a seulement neuf mois, alors que les retombées de ce texte, aussi bien positives que négatives, ne sont pas encore connues. Nous devrions nous laisser le temps de pouvoir évaluer cette loi. »Cette première étude statistique devrait donc apporter de l’eau au moulin du ministre. D’autant plus que la loi n’est à l’heure actuelle pas toujours strictement appliquée. Aux heures tardives de la nuit, il n’est pas rare de voir réapparaître des cendriers dans certains bars qui s’enfument alors rapidement, comme au bon vieux temps.