Démographie et économie : une réconciliation nécessaire

Photo: Commission européenne

La pyramide des âges en Europe a déjà été plus prometteuse ! D'ici quelques années, le taux de natalité devrait se situer en dessous des niveaux de stabilité démographique. Un deficit qui devrait se traduire par une charge accrue des retraités sur les actifs et par des manques de main-d'oeuvre dans certains secteurs. La République tchèque, qui connaît le taux de natalité le plus bas en Europe, est particulièrement concernée...

Experts et politiciens se sont réunis le 9 mai dernier afin de discuter des problèmes socio-économiques de la République tchèque. Parmi les grands enjeux d'un avenir proche, la vieillissement de la population, lié entre autres à un taux très bas de natalité en République tchèque.

Vladimir Spidla, Commissaire européen à l'Emploi, aux Affaires sociales et à l'Egalité des chances, s'est exprimé, lors de la conférence. Il y a évoqué une Europe qui, selon ses propres termes, deviendrait une "maison de retraités". Pour l'ancien premier ministre tchèque, il est nécessaire de lancer une campagne de relance de la natalité à long terme.

Les prévisons statistiques sont il est vrai éloquentes : d'ici 2050, le nombre de personnes âgées de 65 ans et plus devrait représenter environ 30 % de la population.

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La République tchèque connaît le plus faible taux de natalité dans l'Union, avec, en 2004, une moyenne de 1, 23 enfants par femme. Cette tendance s'est affirmée après la Révolution de Velours. Les contraintes professionnelles, liées à une rupture avec le style de vie d'avant 89, expliqueraient le retardement constant du premier enfant. Dans les années 50, le taux de naissance dans le pays était de 2,8 enfants par femme! Le boom relatif des naissances en 2005 et 2006 n'y a rien fait et les landaux, plus nombreux à Prague, ne font pas illusion. Economiquement, cela devrait se traduire par une charge accrue sur la population active. Le taux de dépendance des personnes retraitées par rapport à la population active s'élevait, dans les pays de l'OCDE, à 25 % en 2000 et on table sur 38,5 % vers 2020. En République tchèque, les taux dépassent ces moyennes d'1,5 %.

Le problème du manque-d'oeuvre, criant en République tchèque dans de nombreux secteurs, est également concerné. Notons que la France connaît une situation radicalement opposée : le plus fort taux de natalité en Europe et aussi l'un des taux de chômage les plus élevés.

En République tchèque, les experts parlent d'un manque de 1,5 millions d'employés d'ici 2050. D'autres pays comme l'Italie, la Pologne et la Hongrie devraient rencontrer les mêmes problèmes dans les années à venir. Face à cela, des universitaires et chefs d'entreprise tchèques prônent une réforme de la politique d'immigration. Ils mettent en avant les conditions restrictives imposées aux travailleurs non originaires de l'UE.

Ceux-ci doivent obenir, dans un délai de 90 jours après leurs arrivée sur le territoire tchèque, un permis de travail d'un an de la part de leurs employeurs. Ce qui sous-entend que le candidat aura déjà trouvé un employeur en République tchèque depuis son pays d'origine. Mais aussi qu'il en sera dépendant pour séjourner dans le pays. Selon certains experts, un tel système est archaïque et inefficace dans le contexte de manque de main-d'oeuvre.

En avril dernier, le ministre de l'Industrie et du Commerce Martin Riman et le ministre du Travail et des Affaires Sociales, Petr Necas, ont annoncé leur volonté de simplifier la politique d'immigration. L'idée serait d'accorder une carte verte aux candidats qui respecteraient certains critères. Ceux qui s'avéreraient qualifiés et indispensables se verraient renouveler leur carte pour deux ans.

Rappelons tout de même que la possibilité pour travailler en République tchèque s'est considérablement simplifiée pour les citoyens de l'UE. Trois ans après l'accession du pays à l'Europe, le nombre de jeunes européens venus travailler dans les grandes entreprises internationales n'a cessé d'augmenter. La délocalisation sous forme de Services Partagés a créé des opportunités.

La politique d'immigration reste très libérale et les refus d'accorder un permis de travail à un citoyen de l'UE semblent plutôt rares. Le véritable problème se situe dans le niveau des salaires, plus bas. Ceci vaut pour les grandes entreprises étrangères, qui ont délocalisé certains services afin de bénéficer de coûts moins élevés. Pour les travailleurs de l'UE, les salaires sont plus bas que ce qu'ils gagneraient dans leur pays d'origine.

Cela ne permet pas vraiment d'envisager une carrière à moyen terme. D'où un turn-over assez élevé et une faible contribution au problème du manque de main-d'oeuvre dans le pays.

Sur les 300 000 personnes étrangères travaillant en République tchèque, près de la moitié viendrait de Slovaquie et d'Ukraine. On compte aussi une importante immigration vietnaminenne, qui parle le plus souvent le tchèque. Pour Petr Necas, les plus grands besoins se situeraient dans les secteurs manufacturiers, où le manque devrait s'élever à 400 000 employés. Pour d'autres experts, la solution pour combler les effets de la baisse démographique passerait par une nouvelle politique fiscale. Trois points sont fréquemment soulevés : modernisation du système d'imposition, retardement de l'âge du départ à la retraite et privatisation de certains services publics...