Démographie : la Tchéquie au seuil d’un vieillissement significatif de sa population
Ce n’est pas une nouveauté, la population de la Tchéquie est vieillissante : les dernières données présentées jeudi par l’Office tchèque des statistiques confirment cette tendance avec une population vouée à diminuer de 50 000 personnes par an à partir du milieu du XXIe siècle. Une tendance que seule pourrait combler l’immigration.
Cela fait en effet des années qu’à l’image des autres pays européens, la République tchèque connaît un déficit démographique et est confrontée au vieillissement de sa population. Les dernières prédictions chiffrées ne sont pas optimistes, mais pas totalement pessimistes pour autant : elles indiquent toutefois que ce vieillissement est significatif et pas si loin dans le temps.
D’ici 2050, le nombre de personnes âgées de plus de 65 ans pourrait passer de 2,2 millions à 3,1 millions. Leur proportion passera d’un cinquième de la population totale à 30 %. Cette hausse devrait surtout concerner les personnes de plus de 85 ans. Un défi, donc, puisque cette réalité va se répercuter sur le secteur de la santé qui va devoir y faire face de même que celui des maisons de retraite.
Le nombre d’enfants et de personnes en âge de travailler devrait quant à lui diminuer, la faute à une natalité insuffisante, comme le note Martek Rojíček, démographe :
« Au cours des prochaines années, le solde naturel de la population sera négatif c’est-à-dire que tous les ans, il y aura en Tchéquie plus de décès que de naissances. Ensuite, à partir de la deuxième moitié du siècle, dans les années 2060 notamment, la génération très forte des ‘enfants de Husák’ vont tous entrer dans la catégorie des personnes très âgées. Ce qui signifie que le taux de mortalité sera très important dans cette génération-là. »
Cette génération est née à l’époque de la « normalisation », sous la présidence de Gustav Husák, où le régime communiste a fortement encouragé la natalité de pair avec des avantages sociaux, en échange d’un silence sur la politique : c’est cette génération forte donc qui va peu à peu mourir, et en nombre : les statisticiens estiment qu’environ 50 000 personnes par an vont ainsi disparaître, soit l’équivalent d’une ville de taille moyenne comme Jihlava.
En outre, les personnes âgées verront également leur espérance de vie augmenter. Par exemple, les femmes nées à la fin du XXIe siècle vivront en moyenne 92,6 ans et les hommes 89,4 ans. Il est intéressant de noter que l’écart entre l’espérance de vie des hommes et des femmes est appelé à se réduire progressivement. En 2019, la différence d’espérance de vie des femmes était supérieure de 5,8 ans, mais d’ici la fin du siècle, elle ne sera plus que de 3,2 ans.
C’est toute la structure de la société qui promet de s’en trouver bouleversée. Une population tchèque où le nombre de personnes âgées représentera la plus importante proportion par rapport à celle des plus jeunes, comme le note la démographe Michaela Němečková :
« La proportion des enfants dans la population ne va cesser de diminuer sur le long terme. Ceux-ci représentaient 16 % de la population totale au début de l’année 2023, mais cette proportion ne sera plus dépassée dans les dix prochaines années. »
Pour combler, ne serait-ce que partiellement, la pénurie chronique de main-d’œuvre des entreprises, mais surtout répondre à la « situation préoccupante » du vieillissement de la population, le gouvernement tchèque a récemment annoncé qu’il voulait attirer chaque année à l’avenir 20 000 travailleurs étrangers de pays tiers. Actuellement, cinq programmes différents sont mis en œuvre depuis plusieurs années pour faciliter l’embauche et l’emploi de ces travailleurs étrangers originaires de différentes régions du monde, comme l’Ukraine, mais aussi l’Inde, les Balkans et certains pays d’Asie centrale.
Une hausse des quotas qui ne permettra pas de résoudre à elle seule le problème de l’économie tchèque, pas plus que celui du solde naturel négatif.
Selon les prédictions de l’Office tchèque des statistiques, la diminution progressive de la population tchèque devrait être ralentie par l’immigration. Il table sur un afflux de 30 000 personnes supplémentaires par an : ralentie, certes, mais sans pourtant empêcher la baisse de la population à l’horizon 2101 avec des prévisions tablant sur moins de 10 millions d’habitants dans le pays.