Dernier hommage à Václav Havel
Ce vendredi se sont déroulées, à la cathédrale St-Guy au Château de Prague, les obsèques nationales de l’ancien président tchèque Václav Havel qui s’est éteint dans son sommeil, dimanche 18 décembre, dans sa maison de campagne de Hrádeček. Quinze chefs d’Etat étaient présents parmi un millier de participants à la cérémonie : le président français Nicolas Sarkozy, la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton et son époux, l’ex-président Bill Clinton, le chef de la Commission européenne José Manuel Barroso, le Premier ministre britannique David Cameron. Des délégations allemande, slovaque, polonaise, hongroise et venues d’autres pays encore ont également fait le déplacement. De nombreuses personnalités culturelles ont été présentes, parmi elles, l’acteur français Alain Delon.
Au début de la cérémonie, le nonce apostolique Giovanni Coppa a lu une lettre envoyée par le pape Benoît XVI au président Václav Klaus. L’archevêque de Prague Dominik Duka, emprisonné sous le communisme avec Václav Havel, a célébré la messe de requiem, pendant laquelle il a évoqué ses souvenirs de son ami.
La messe terminée, le président tchèque Václav Klaus a rappelé les valeurs, personnifiées par Vaclav Havel, qui ne disparaissent pas, ou ne devraient pas disparaître, avec sa mort :
« Ce qui demeure, c’est l’idée que la liberté mérite des sacrifices et que la vérité, si nous en sommes persuadés, mérite une lutte même au détriment des risques personnels. »Le chef de la diplomatie tchèque Karel Schwarzenberg, lui, a souligné, dans son discours, les mérites de Tchèques et Slovaques inconnus qui ont soutenu Václav Havel avant, pendant et après la révolution de velours, qui ont contribué, avec lui, à la démocratisation du pays. Karel Schwarzenberg a évoqué le leitmotiv de Václav Havel, en déclarant que « la vérité et l'amour était au cœur de la cause humaine ». Touché au plus profond, le ministre des Affaires étrangères et ami de longue date de Václav Havel a terminé sur ces propos :
« Monsieur le Président Havel, nous allons lutter inlassablement pour la victoire de la vérité et de l’amour. Vous pouvez compter sur nous. »A la fin de la cérémonie, Madeleine Albright, l’ancienne secrétaire d’Etat américaine aux origines tchèques, a dit :
« Ces vingt dernières années, Václav Havel a été une des personnalités les plus respectée de la planète. Mais il n’a jamais pensé qu’il a fait tout ce qu’il aurait pu faire, qu’il était tout ce qu’il aurait pu être. »Aux sons des cloches, à midi, les Tchèques ont observé une minute de silence en hommage à Václav Havel… A la fin des obsèques, 21 coups de canon ont retenti. Alex Rosenzweig était sur place:
« Beaucoup de tristesse et de gravité devant le Château de Prague, où la foule s’était rassemblée pour suivre cette cérémonie sur écrans géants, Hradčanské namesti, là où il y a 22 ans presque jour pour jour la foule s’était rassemblée pour voir Havel le dissident qui venait d'être élu président de la République, c’était le 29 décembre 1989. Ceux qui sont venus aujourd’hui sont tristes mais fiers de ce grand homme qui a beaucoup fait pour l’image de leur petit pays. Et ce vendredi soir un événement beaucoup plus alternatif était organisé à Prague, une soirée comme les aimait Václav Havel, avec du rock et de la bière, au Lucerna. A l’affiche notamment le groupe Plastic people of the universe. C’est la condamnation des membres de ce groupe qui a motivé la création du mouvement démocratique de la Charte 77, dont Václav Havel avait pris la tête à un moment où les dissidents étaient peu nombreux à Prague. Une Charte qui a inspiré et inspire encore beaucoup de dissidents dans le monde.»Le corps de l’ex-président a été incinéré, cet après-midi, au crématorium de Strašnice, en présence de la famille et des proches de Václav Havel. L’urne sera déposée dans quelques jours dans le tombeau familial, dans le cimetière de Prague-Vinohrady.