Des cèdres à la place de tilleuls : les villes tchèques s’adaptent au changement climatique

Plantation du micocoulier de Julian dans la place Strossmayerovo náměstí

Le micocoulier, l’érable de la caspienne, le chêne du Liban ou encore l’orme de Chine font partie de trente espèces d’arbres tolérantes aux températures élevées et à la sécheresse qui seront plantées à Prague au cours des quinze prochaines années. D’autres villes tchèques également adaptent leur palette végétale au changement climatique.

Plantation du micocoulier de Julian dans la place Strossmayerovo náměstí | Photo: TSK Zeleň v Praze

Le traditionnel tilleul, répandu partout dans le pays et considéré même comme arbre national, va-t-il disparaître du paysage tchèque ? Au cœur de la place Strossmayerovo náměstí, dans le VIIe arrondissement de Prague, il sera possible de se rafraîchir dès ce printemps à l’ombre du micocoulier de Julian, un arbre rustique apprécié pour son feuillage dense, son adaptation à divers sols, à la pollution urbaine et à la chaleur.

Au total 17 micocouliers seront plantés sur la place centrale du quartier de Holešovice. Ils remplaceront les espèces dominantes jusqu’à présent dans la capitale, comme l’explique l’arboriste David Hora :

David Hora | Photo: Karolína Vránková,  ČRo

« D’ici une quinzaine d’année, il n’y aura plus d’érable sycomore dans la ville. Les frênes sont également en train de disparaître en raison du changement climatique et de la propagation des parasites. Il s’agit là de milliers d’arbres qui doivent être remplacées par d’autres espèces. »

Les arboristes de la capitale réalisent donc des expérimentations : au cours des trente prochaines années, 900 arbres préférant le climat chaud devraient ainsi être plantés à Prague. Parmi eux, le chêne du Liban, l’orme de Chine ou encore l’Ulmus Lutece, une espèce développée aux Pays-Bas qui pousse, depuis le printemps dernier, sur la place Ovocný trh, dans la Vieille-Ville de Prague. Si certaines espèces peu communes, comme le Ginko biloba, poussent déjà avec succès dans certains quartiers pragois ou encore à Zlín, en Moravie, d’autres arbres plus exotiques peupleront les places et rue de la capitale :

Noix large  (Platycarya strobilacea) | Photo: Vojtěch Zavadil,  Wikimedia Commons,  CC BY-SA 3.0

« Il s’agit par exemple des espèces comme le Picrasme faux-quassier ou le Noix large [Platycarya strobilacea]. Ces arbres sont originaires des pays au climat chaud. Dans quelques années, nous aurons, en Tchéquie, des conditions climatiques similaires. On peut donc supposer que ces espèces se porteront bien ici. Il faut toutefois préciser que la plantation d’arbres exotiques concerne le milieu urbain. A la campagne, on devrait plutôt conserver la biodiversité actuelle. Or dans les villes, il n’est vraiment pas réaliste que les arbres habitués au climat tempéré survivent sur le long terme, » précise encore David Hora.

Tomáš Vencálek du jardin botanique de Prague confirme ses propos : « Depuis environ douze ans, nous n’avons aucun souci avec les arbres exotiques qui, auparavant, devaient être mis en serre », note-t-il.

D’autres villes tchèques également expérimentent avec de nouvelles espèces : à Olomouc, par exemple, les cèdres, les féviers d’Amérique ou les sophoras du Japon font leur apparition, tandis qu’à Jihlava, on mise sur les catalpas et à Brno sur les acacias.

Sophora du Japon | Photo: Franziska Hollweg,  korina.info/Wikimedia Commons,  CC BY-SA 4.0
Auteurs: Magdalena Hrozínková , Tereza Bartůňková | Source: iROZHLAS.cz
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