Anglais obligatoire dès la 1ère classe, suppression du russe : les nouveautés du ministère tchèque de l’Éducation

Il s’agit probablement de la plus grande réforme dans le domaine de l’éducation en Tchéquie de ces vingt dernières années. Mardi, le ministre de l’Éducation, Mikuláš Bek, a présenté les grandes lignes des nouveaux programmes-cadres pour l’enseignement élémentaire (primaire et secondaire) qui seront appliqués dans un proche avenir. La principale nouveauté est que l’apprentissage de l’anglais deviendra obligatoire pour tous les élèves tchèques à compter de la première année, soit donc, en théorie, dès l’âge de six ans, de même que celui d’une deuxième langue à partir de la 7e année.

Renforcer un enseignement qui fera la part belle tout à la fois aux connaissances, aux compétences, aux attitudes et aux valeurs, avec l’idée, à terme, sinon de faire disparaître, de réduire autant que possible les inégalités sociales entre les élèves dans l’apprentissage : tel est le grand objectif du nouveau programme d’éducation présenté, mardi, par le ministre de l’Éducation.

Comme l’a expliqué Mikuláš Bek devant les médias, c’est d’ailleurs à cette fin que l’apprentissage de l’anglais deviendra, dans les années à venir, obligatoire pour tous les élèves dès leur entrée à l’école élémentaire (niveau équivalant au cours préparatoire en France) :

Mikuláš Bek | Photo: René Volfík,  iROZHLAS.cz

« Aujourd’hui, la pratique dans les écoles en Tchéquie est que la moitié des enfants apprennent l’anglais dès la première classe, alors que cette langue n’est pas obligatoire avant la troisième année. Cela veut donc dire que dès la première année d’enseignement, la population des enfants se divise en deux groupes, avec d’un côté un groupe qui bénéficie d’un avantage concurrentiel et l’autre non. »

« Or, il est évident que dans le monde dans lequel nous vivons, et sans aucun doute plus encore dans le monde de demain, la maîtrise de l’anglais sera une condition indispensable à la réussite professionnelle, et ce, dans presque tous les métiers et quel que soit le niveau d’études requis. C’est pourquoi nous avons finalement décidé de faire ce qui est courant dans un certain nombre de pays européens, à savoir que tous les enfants pourront apprendre l’anglais dès la première classe, justement pour faire disparaître cette inégalité qui existe actuellement. »

Pour l’heure, toutefois, alors que l’apprentissage de l’anglais n’est donc obligatoire qu’à compter de la 3e classe (l’équivalent du CE2 en France), un grand nombre d’écoles primaires en Tchéquie sont confrontées à une pénurie de professeurs ou d’instituteurs disposant d’un niveau suffisant pour enseigner les bases de l’anglais aux enfants. Logiquement posée par les opposants au projet du ministère, la question est donc aujourd’hui de savoir qui donnera ces cours de langue aux élèves de toutes les classes du pays.

Photo illustrative: Barbora Němcová,  Radio Prague Int.

Une question à laquelle le ministre a répondu en expliquant que « des discussions [étaient] en cours avec les facultés de pédagogie pour renforcer la place de l’anglais dans la formation des enseignants du premier degré ».

Cet enseignement de l’anglais avancé de deux ans n’est toutefois pas la seule nouveauté préparée par le ministère de l’Éducation. Plus généralement, l’objectif est de faire en sorte que les élèves, au bout de la neuvième et dernière année d’enseignement obligatoire (l’équivalent de la classe de 3e au collège en France) ressortent de l’école avec un meilleur niveau non seulement en anglais (concrètement passage d’un niveau A2 à un niveau B1) mais aussi, notamment, en mathématiques.

Par ailleurs, l’enseignement d’une deuxième langue étrangère, que les élèves devront choisir parmi l’allemand, l’espagnol et le français, sera, lui aussi, avancé d’une année, et commencera donc pour tous obligatoirement dès la 7e classe (l’équivalent de la 5e au collège en France) au lieu de la 8e actuellement (ici aussi, toutefois, dans la pratique, d’ores et déjà un grand nombre d’élèves commencent à apprendre une deuxième langue dès la 7e classe).

Photo: Fraus

Concernant toujours cette deuxième langue obligatoire, la plus grande nouveauté est donc, peut-être, la disparition de certaines langues, parmi lesquelles l’italien et le russe notamment, dans le choix dont disposeront les élèves.

Une décision que regretteront très probablement certains jeunes Tchèques puisque, selon les données du ministère de l’Éducation, ils étaient, l’année dernière encore, près de cinq fois plus nombreux à préférer le russe au français, par exemple. Et alors que le ministère recensait un peu plus de 10 000 professeurs de français, ceux de russe étaient près de 48 000. Et on peut supposer que pour ne serait-ce qu’un certain nombre d’entre eux, la reconversion est toute trouvée et qu’eux aussi devront désormais se mettre à l’anglais.