Des centaines de Pragois ont manifesté contre une base de radar américaine

Photo: CTK

Les Etats-Unis envisagent d'installer sur le territoire tchèque une base de radar qui ferait partie de leur système antimissile en Europe centrale. Le gouvernement tchèque est prêt à négocier et se montre favorable à ce projet américain, ce qui provoque la désapprobation d'une partie de la population tchèque. L'initiative « Ne zakladnam - Non aux bases » qui réunit quatre dizaines d'associations tchèques et internationales a organisé, dans la soirée de ce lundi, une manifestation au centre de Prague.

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« Non aux bases, oui à la paix », scandaient quelque 600 manifestants réunis devant la statue de saint Venceslas qui domine la plus grande place au centre de la capitale. Leur manifestation, d'abord interdite par la municipalité, a été finalement tolérée suite à des négociations ayant abouti à un changement du trajet du défilé dans la ville. Les adversaires du projet sont convaincus que la base nuirait à la sécurité de la République tchèque. Ils estiment que le gouvernement actuel n'a pas le droit de prendre seul une décision d'une telle importance, qui devrait faire l'objet d'un référendum. Parmi les manifestants il y avait également un homme qui s'est présenté comme sous colonel de réserve et vétéran de guerre :

« Sur le plan professionnel un tel projet est complètement insensé. Il n'y aucune raison rationnelle pour installer cette base ici. Les gens disent : 'Cette base nous apportera de l'argent'. Moi, j'ai travaillé dans le contrôle du désarmement, j'ai fait des inspections dans plusieurs bases américaines en Europe et j'en ai même dirigé quelques unes. Je sais donc que les Américains importent tout des Etats-Unis. Ils affirment que la base serait soumise à la juridiction tchèque mais partout où il y a de telles bases, elles sont soumises à la juridiction américaine ce qui est en contradiction avec les principes du droit. Cela attiserait de nouveau la guerre froide. Je crois que ce serait un grand risque pour la sécurité. Le radar serait la cible numéro un car sans radar tout le système ne vaut rien. »

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Parmi les orateurs qui ont pris la parole devant les manifestants il y avait aussi l'ancien délégué gouvernemental aux droits de l'homme, Petr Uhl. Il explique les raisons de sa présence à la manifestation :

« Je suis venu pour soutenir les protestations contre l'installation d'une base américaine. La partie radar est aussi dangereuse que la partie missiles. Je pense que c'est seulement la résistance populaire, la résistance massive, je le dis franchement, qui peut convaincre les partis politiques, les politiciens et le gouvernement qu'il ne faut pas poursuivre cette aventure. C'est une aventure qui n'a aucun rapport avec la sécurité du pays. Nous sommes membres de l'OTAN ; nous sommes membres de l'Union européenne, et ce gouvernement veut nous séparer de ces organisations internationales voire européennes, avec des négociations séparées avec les Etats-Unis. Cela ne se fait pas. Je me sens européen et c'est pourquoi je suis là. Je préférerais de ne pas négocier avec les Etats-Unis, mais si le gouvernement va réellement continuer les négociations, bien sûr, je suis pour le référendum. »

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Dans la foule scandant les slogans contre la base américaine j'ai rencontré aussi cette jeune femme qui se posait la question de savoir quelles réactions cette initiative tchéco-américaine provoquerait en Russie.

« Je ne désire pas cette base ici pour des raisons personnelles et humaines. Vladimir Poutine ne construit pas non plus une base au Mexique et ne provoque pas les Etats-Unis. Et nous sommes voisins d'un grand Etat et en plus nous sommes slaves, nous sommes donc frères et soeurs, je ne vois donc pas de raisons pour l'installation d'une telle base ici. Et l'histoire ? C'est du passé, nous n'avons qu'à regarder les choses telles qu'elles sont aujourd'hui. »

Après avoir entendu les discours et signé une pétition contre la base américaine, les manifestants se sont dirigés vers le quartier de Mala Strana où leur défilé a continué devant l'Ambassade des Etats-Unis et le siège du gouvernement tchèque.

Selon un sondage réalisé en décembre par l'agence Factum Invenio, 65 % des personnes interrogées sont contre une éventuelle installation d'une base de missiles américaine sur le territoire tchèque. Cependant, presque 60% n'avaient rien contre une base de radar américaine en Tchéquie.