Des dizaines de tchécophiles francophones profitent des vacances pour apprendre le tchèque à Prague
Depuis le 25 juillet et jusqu'au 21 août se déroule la XLVIIe session des cours d'été d'études slaves. Des étudiants du monde entier prennent part à ces cours organisés par l'Unité de Formation et de Recherche des études tchèques de la faculté des lettres de l'Université Charles. Parmi eux, de nombreux francophones qui se perfectionnent dans l'apprentissage et la pratique de la langue tchèque sur la base du français. Professeure de français dans un lycée pragois, Marie Polednikova est leur enseignante l'espace d'un mois. Guillaume Narguet lui a demandé ce qui, selon elle, était le plus diffcile pour un francophone dans l'apprentissage du tchèque :
"Chaque langue est difficile, mais si on travaille bien, on peut passer au-dessus des difficultés. A mon avis, ce qui est le plus difficile dans l'apprentissage du tchèque, ce sont les déclinaisons et les verbes. Parce que dans l'aspect du verbe, il n'y a aucun système. Il faut donc vraiment apprendre dans le milieu tchèque pour savoir comment utiliser différents verbes dans des contextes différents. »
-Pensez-vous qu'avec l'ouverture de l'Union européenne, il y a un intérêt plus grand pour la langue tchèque ?
« Oui, oui, je trouve. Il y a beaucoup d'interprètes qui viennent à l'école d'été, beaucoup de gens qui travaillent à Prague. Il y a vraiment beaucoup plus de gens qu'avant qui sont ici pour des raisons professionnelles. Ils ont besoin du tchèque pour leur travail. »
-Dans votre groupe, quels sont les sujets que les étudiants aiment aborder ?
« Je pense que c'est la culture, la littérature, mais aussi la façon de vivre ici. Ils s'intéressent beaucoup : Comment les Tchèques s'amusent ? Comment les Tchèques travaillent ? Quels sont leurs loisirs ? Des choses comme ça... »
-Alors, justement, quel est le regard que les étudiants français et belges portent sur la société tchèque ?
« C'est très, très difficile à dire. Je pense qu'ils nous trouvent peut-être moins ouverts, et puis il y a pas mal de Tchèques qui sont tellement attirés par leur travail qu'ils ne savent pas s'amuser et profiter de leurs passe-temps. Je pense qu'on a des problèmes pour organiser notre vie, par exemple pour les repas en famille ou les week-ends. Nous sommes beaucoup plus attachés au travail, pas seulement dans les bureaux, mais aussi autour des maisons ou des choses comme ça. »
-Quels sont les côtés de la vie en Tchéquie qu'ils apprécient le plus ?
« Je ne sais pas ! (rires) Nous sommes accueillants, nous aimons discuter, surtout de la politique... On aime la culture... Peut-être, mais il faudrait demander à mes étudiants. »
Guillaume Narguet a donc demandé à Anne-Sophie Gourville, étudiante de tchèque à la faculté des lettres de l'Université de Rennes, en Bretagne... Mais pourquoi donc apprend-elle le tchèque ?
« Parce que j'aime bien. J'ai commencé il y longtemps pour apprendre une langue rare qui n'était pas beaucoup parlée. A la fac, il y avait aussi des opportunités et ça m'évitait de faire des choses qui m'intéressaient moins. Ensuite, j'aime bien les auteurs tchèques, Milan Kundera et la culture tchèque. Et voilà ! »
-Comment se passent tes études de tchèque en France ?
« J'étudie à Rennes, mais dans d'autres villes aussi. Mes études de tchèque se passent bien, mais je trouve que les gens à la fac sont moyennement motivés. En fait, ce sont des petits cours, on a peu d'horaires et du coup, ça avance très peu. »
-Qu'est-ce qui te semble le plus difficile dans l'apprentissage de cette langue tchèque ?
« La grammaire, bien sûr. Selon moi, ce sont les déclinaisons et les verbes. »
-Tu es pour la première fois à Prague. Comment se passent pour l'instant les cours ?
« Très bien, je suis contente. C'est sur la base du français, c'est pratique. Le matin, nous avons un cours de grammaire de trois heures, et après, pendant une ou deux heures, il y a un cours de conversation où là, on parle tchèque uniquement, puisque le professeur ne parle pas français. »
-Quels sont les sujets que vous abordez ensemble ?
« Hier, par exemple, nous avons appris à se saluer, se souhaiter la bienvenue. On se dit où est-ce qu'on aimerait voyager et pourquoi, pourquoi on est là, comme ici avec toi, mais en tchèque. »
-Comment se passe la mise en pratique de ce que tu apprends dans la vie quotidienne, en dehors de l'école ?
« En fait, je ne parle pas énormément, parce que dans la rue et dans les magasins, tout le monde parle anglais. Quand ils entendent que nous ne sommes pas Tchèques, souvent ils parlent anglais. Et même si on essaie, on ne comprend pas tout. »
-Et que fais-tu en dehors des cours ?
« Je me promène. Je fais un peu de sport... »
-Que penses-tu de Prague et des Tchèques ?
« Je trouve Prague très jolie, très variée, très différente, avec plein d'influences parce que c'est une ville qui n'a pas été détruite. Les Tchèques sont très sympathiques et très ouverts. Du moins d'après mon expérience. »
-Qu'envisages-tu de faire à l'avenir avec le tchèque ?
« Je n'en sais rien. Peut-être rien, peut-être que je ferai prof de français ici, peut-être de la traduction... Je n'en sais rien encore si je vais m'en servir ou pas, et dans quelle mesure. Voilà ! »