Des lycéens mécontents du nouveau baccalauréat le font savoir

Décidément, le tout nouveau baccalauréat tchèque, désormais national, n’en finit pas de faire couler de l’encre. Alors que les épreuves sont terminées, une pétition initiée par des lycéens proteste contre les questions posées dans les épreuves de tchèque et de littérature. Parallèlement, les universités sont mécontentes de la possibilité d’un « bac conditionnel ».

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Quatorze années de longue préparation de cette « maturita » nationale n’auront pas suffi à faire taire les critiques. Celles-ci ont commencé tôt, bien avant sa tenue, et continuent aujourd’hui, alors que les épreuves sont finies depuis mardi. A Brno, une lycéenne est à la tête de la fronde de plus de 7 000 personnes signataires de sa pétition, élèves comme professeurs.

« Nous sommes désolés de voir que notre réussite ou notre échec au baccalauréat ne correspondra pas à nos connaissances ou capacités, comme c’était le cas dans la plupart des écoles jusqu’à présent » : voilà en substance le reproche fait aux épreuves. Pour Dana Večerková, les tests de tchèque et de littérature étaient ambigus :

« Nous nous opposons surtout au fait que les élèves sont avantagés quand ils savent raisonner comme l’auteur des questions, quand ils comprennent ce qu’il voulait tester. Mais si vous réfléchissez à l’épreuve de manière critique, ce qui est le cas pour l’épreuve de base de tchèque et de littérature, vous vous rendez compte que vous pouvez répondre de plusieurs manières différentes alors que vous savez que vous ne pouvez cocher qu’une seule réponse. »

Les épreuves, qui se veulent une évaluation comparative du niveau des élèves dans tout le pays, tirent, d’après Dana Večerková, les meilleurs élèves vers le bas :

« La comparaison est sans aucun doute une information importante, mais la question est la suivante : est-ce le rôle du baccalauréat ? Est-ce qu’il ne faudrait pas un examen comparatif à côté ou bien, éventuellement, qu’il y ait une partie comparative dans les épreuves, mais sans que ce soit le but ultime du bac. Si vous êtes dans une école au niveau plus élévé et que les élèves reçoivent un bac simplifié, ça démotive les élèves. Pourquoi ne pas faire en sorte que l’école en question ait ses propres épreuves qui correspondraient au niveau des études suivies tout au long du cycle ? »

Rappelons qu’un des problèmes majeurs en République tchèque, contrairement au système français par exemple, est que certains lycées sont spécialisés dans différents domaines, qu’il s’agisse d’arts, de couture ou de technique. Stanislav Zajíček est professeur dans le lycée de Dana. Lui aussi conteste la pertinence d’un bac unique alors que les établissements sont si différents :

« Malheureusement, un bac unique ne laisse à personne la chance de se distinguer, de sortir du lot. Le résultat, c’est que ces épreuves laissent à tous un goût amer et un vrai sentiment de déception. »

Pavel Zelený
Le directeur du Centre pour le repérage et l’évaluation de l’éducation (ou CERMAT), Pavel Zelený, défend les nouvelles épreuves préparées par celui-ci. De même qu’il rejette les protestations des universités qui contestent le nouveau principe d’un baccalauréat « conditionnel ». En effet, d’après ce principe, les élèves qui auraient échoué aux épreuves de fin d’année pourraient passer les examens d’entrée à l’université, être potentiellement acceptés, mais leur inscription dépendrait de leur réussite au rattrapage du bac en septembre. Mais pour les universités, accepter des étudiants qui n’ont pas encore formellement le bac et n’ont pas achevé leur cycle secondaire serait une entorse à la loi. Pavel Zelený, lui, s’en défend :

« Tout dépendra de la position de chaque université, de chaque faculté. Mais pour entrer à l’université, ce n’est pas qu’une question d’examen, c’est une question d’inscription. Là, on parle d’une date limite d’inscription fixée au 1er octobre. Evidemment nous allons essayer de faire en sorte que tous ceux qui auront leur bac au rattrapage puissent obtenir leur diplôme officiellement pour cette date. »

Mais d’ores et déjà, nombre d’universités ont fait savoir qu’en raison d’effectifs parfois déjà trop importants, le choix serait vite fait entre un bachelier de la première heure et un bachelier au rattrapage. Une chose est sûre, le nouveau baccalauréat n’a pas fini de faire parler de lui.