Le chant du cygne du baccalauréat national ?

Serait-ce le chant du cygne du baccalauréat national, lancé en grandes pompes il y a un an au terme de plusieurs années de préparation ? Dès le début, cette réforme du baccalauréat a été accompagnée de son lot de controverses. Les deux éditions qui ont eu lieu se sont retrouvées sous le feu des critiques. Et le Premier ministre vient de sérieusement enfoncer le clou…

Petr Nečas
« Ce modèle de baccalauréat national est, selon moi, mort. » Le message est clair : le Premier ministre Petr Nečas n’y est pas allé par quatre chemins pour exprimer son sentiment quant à la forme et au fond du baccalauréat national mis en place l’an dernier, et dont la deuxième édition, tout aussi controversée que la première, s’est déroulée au début du mois de mai. Dès la fin des épreuves, le tout nouveau ministre de l’Education, à peine installé à son poste, avait dû faire son mea culpa suite à la grogne de bacheliers : ceux-ci dénonçaient des épreuves de mathématiques trop dures pour le temps imparti.

Entre-temps, d’autres plaintes ont vu le jour, critiquant les correcteurs des épreuves, tous recrutés par le CERMAT, l’agence qui prépare les examens de la « maturita ». Et il y a quelques jours, le ministre de l’Education a révoqué Pavel Zelený, le chef de cette agence très controversée.

Aujourd’hui, l’avenir du baccalauréat tchèque est peu clair. Quel type d’épreuves y aura-t-il l’an prochain ? Pour Petr Nečas, il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain :

« Je dois insister sur le fait que les membres du Parti civique démocrate (ODS) étaient contre le lancement de ce baccalauréat, mais ils y ont été contraints par leurs partenaires de la coalition. Le temps a montré que nous avions raison et que ce projet n’est pas viable. D’un autre côté, le baccalauréat est une épreuve importante qui doit assurer trois choses : établir les limites du niveau d’instruction minimal, permettre une comparaison entre les établissements et, à l’avenir, remplacer les examens d’entrée à l’université. A l’heure actuelle, aucun de ces critères n’a été rempli. »

Si l’ODS déclare aujourd’hui n’avoir pas voulu de cette forme du bac, il a toutefois été approuvé par l’ensemble de la coalition. Et aujourd’hui, certains membres de l’ODS, comme le député Boris Šťastný, vont bien plus loin que le Premier ministre et demandent une suppression totale de l’épreuve telle qu’elle existe aujourd’hui. Mais comment les futurs élèves de terminale de la rentrée 2012 vont-ils pouvoir se préparer à une épreuve encore inexistante ? Le flou demeure. Boris Šťastný :

Boris Šťastný
« Nous sommes en juin. Le processus législatif peut être géré assez rapidement afin de clarifier les choses en quelques mois, afin de donner un signal fort quant à la suite des événements. Ma position, en ce qui me concerne, est claire : ce baccalauréat doit être supprimé. Il faut revenir au système précédent où les établissements scolaires organisaient eux-mêmes les épreuves. Enfin, il faut fixer un niveau minimum d’instruction dans le secondaire. »

En attendant, au sein du gouvernement, tous les membres de la coalition sont loin d’être d’accord sur la forme et le fond que pourraient prendre ces nouvelles épreuves. Et dans l’opposition, on craint le pire pour les élèves de terminale de l’année scolaire 2012-2013. Lubomír Zaorálek, vice-président de la Chambre des députés :

Photo d'illustration
« Je n’imagine pas que maintenant, on dise aux professeurs de but en blanc que c’est la fin. Ce serait une situation complètement chaotique ! »

La réforme du baccalauréat tchèque a été laborieuse et sa mise en place contestée. Désormais, c’est une réforme de la réforme qui est exigée. Ceux qui auront à plancher sur leur copie d’un bac nouvelle version pour remettre un peu d’ordre dans ce casse-tête auront fort à faire pour ne pas obtenir un zéro pointé.