Des milliers de mineurs contre des suppressions d’emplois et des baisses de salaire

Photo: CTK

Plusieurs milliers de mineurs ont manifesté, mardi, dans les rues d’Ostrava contre la direction de la société OKD. Confrontée à des difficultés financières depuis le début de l’année, une des plus grandes entreprises d’extraction minière en République tchèque menace en effet de baisser les salaires et de supprimer des emplois. Une menace concrétisée par la décision de la société-mère New World Resources de fermer la mine de Paskov, alors même que ses actionnaires ont été rétribués sept années durant grâce aux bénéfices que réalisaient alors OKD.

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« Ils mettent en avant le fait que nos salaires sont plus élevés qu’ils le sont en moyenne dans l’entreprise. Mais il est impossible de comparer le travail de quelqu’un qui est assis dans un bureau et celui d’un autre qui extrait du charbon. »

Josef Číp craint pour son emploi. Il fait partie des plusieurs milliers de mineurs (entre 2 500 et 3 000 selon différentes estimations) ayant répondu à l’appel des syndicats mardi pour manifester dans les rues d’Ostrava, la capitale de la Moravie-Silésie, région historiquement très marquée par une sidérurgie aujourd’hui en crise. Une cinquantaine de collègues mineurs venus du nord de la Bohême ont également fait le déplacement pour les soutenir. La manifestation s’est dirigée vers l’ancien siège de l’entreprise OKD avec à sa tête un cortège funèbre et des mineurs portant symboliquement un cercueil recouvert des couleurs de la firme.

Après avoir été bénéficiaire durant sept ans, OKD accuse cette année un premier semestre négatif et a affiché sa volonté de prendre des mesures pour résorber une situation financière difficile : une réduction de 20% des salaires des mineurs et la fermeture de la mine de Paskov où travaillent 3 000 personnes. La manifestation n’a en tout cas pas eu l’air d’ébranler la foi en l’avenir de Petr Jonak. Membre de la direction d’OKD, Petr Jonak était mardi à Amsterdam, au siège de la maison-mère New World Resources, pour discuter justement de ces licenciements et baisses de salaire. Sollicité par la Radio tchèque, il déclare :

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« Je reste optimiste. Si nous réussissons à réduire nos charges de personnel, qui pèsent aujourd’hui pour moitié dans l’ensemble de nos charges, la situation d’OKD pourra se stabiliser. »

A Amsterdam, New World Resources a d’ailleurs entériné la décision de fermer la mine de Paskov avant la fin de l’année 2014. Cette réduction des « charges de personnel » devrait donc se traduire par le licenciement et la mort sociale de 3 000 mineurs.

Après la manifestation à Ostrava, quelques dizaines de mineurs, exténués par l’impossibilité de dialoguer avec les représentants de leur direction, ont tenté de pénétrer dans l’ancien siège d’OKD. La police est alors intervenue. Les représentants des syndicats regrettent qu’un peu de matériel ait été endommagé, mais remarquent que ces quelques débordements témoignent surtout de l’exaspération des mineurs, alors même que la direction fait traîner les négociations concernant une nouvelle convention collective depuis plus d’un an. Vice-président du conseil régional de Moravie-Silésie, le communiste Jaroslav Vlach considère quant à lui que les autorités publiques pourraient venir en aide aux salariés menacés par le chômage :

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« Je pense que l’Etat a vraiment un rôle à jouer dans cette affaire et il serait bon qu’il parvienne à se mettre d’accord avec les propriétaires de la société ; et notamment ce qui concerne la mine de Paskov, car l’Etat est le propriétaire de son gisement de charbon. Cela signifie qu’il devrait trouver une solution avec la société minière pour sauvegarder l’emploi. »

La firme New World Resources n’est, semble-t-il, pas fermée à des discussions avec les autorités publiques. Pour preuve, elle demande à l’Etat tchèque entre quatre et six milliards de couronnes (de 150 à 235 millions d’euros) pour repousser la fermeture de la mine de Paskov à 2018. Une requête que le social-démocrate Lubomír Zaorálek a qualifiée d’« outrageuse ». Les syndicats souhaitent désormais consulter les employés pour envisager la suite de leur lutte. Ils n’écartent pas d’appeler à la grève pour défendre leurs salaires et leurs emplois.