Des ONG contestent les projets du gouvernement concernant les droits des étrangers en République tchèque

Le mercredi 20 juin dernier a eu lieu la journée mondiale des réfugiés. A cette occasion, le Haut commissariat des Nations-Unies a rappelé la situation des réfugiés dans le monde, dont le nombre a cette année augmenté de 14%. A Prague, c'est l'organisation Poradna pro uprchliky - Centre de consultation pour les réfugiés - qui a organisé une soirée intitulée « Traversant les frontières » avec des concerts, des projections, et de la vente d'artisanat. Elle a été rejointe cette année par d'autres organisations qui travaillent sur les migrations et les droits des étrangers, mobilisées par un projet d'amendement sur la loi relative au droit d'asile et au droit de séjour des étrangers. Nous avons rencontré Pavla Burdova-Hradecna, juriste de PPU, qui nous éclaire sur l'action de son organisation et les inquiétudes des ONG.

« Notre organisation Le Centre de consultation pour les réfugiés aide ceux qui demandent la protection internationale ou l'asile et les étrangers qui ont des problèmes avec leur droit de séjour, que ce soit les étrangers qui demandent un permis de séjour de court teme ou de long terme. Nous voulons aider chaque étranger qu'il soit ici illegalement ou légalement. Nous pouvons l'aider à légaliser son sejour ou à obtenir un meilleur statut dans notre pays, avec de meilleures conditions sociales, conformément à la loi. Nous ne conseillons pas comment contourner la loi mais comment se sortir d'une situation en conformité avec la loi et donc comment legaliser leur sejour. »

Hasard du calendrier, les députés tchèques sont actuellement en train de discuter d'un projet d'amendement sur la loi relative au droit de séjour et au droit d'asile. Plusieurs organisations tchèques ont alors manifesté leurs inquiétudes. Selon elles, la situation des étrangers risque d'empirer en République tchèque. L'amendement prévoit en effet de nombreuses mesures restrictives affectant notamment les couples en situation de mariage mixte, les demandeurs d'asile ainsi que les étrangers disposant pourtant d'une carte de séjour. Dans le premier cas, par exemple, les couples mixtes seraient privés d'un certain nombre d'aides sociales pendant la première année de leur mariage. Les mesures concernant les demandeurs d'asile limiteraient leurs droits et leurs libertés et la situation des étrangers en situation régulière serait fragilisée par le biais de tracasseries administratives concernant leur lieu de résidence. Pour les ONG, toutes les mesures de cet amendemement tendent à criminaliser les étrangers et à les considérer comme des fraudeurs. Elles sont aussi très critiques face aux prises de positions des élus.

« Ce qu'on dit les députés témoigne du fait qu'ils ne savent pas pourquoi ils votent, pour quelles restrictions ils votent. Ils ne se représentent pas que la situation en République tchèque est differente de la France et la Hollande où la politique d'intégration a fait faillite. En République tchèque l'histoire est differente. Ils oublient aussi qu'avant 1989 beaucoup de gens se sont enfuis d'ici et ce n'était pas seulement des opposants ou des gens qui avaient une vraie raison. Ce n'était pas que des dissidents. Et pourtant aucun Etat européen ou aucun Etat démocratique n'a renvoyé les réfugiés tchèques chez eux. Et pourtant, 18 ans après et maintenant que nous avons un Etat démocratqiue, tout le monde a oublié ça et les députés sont tranquilement disposés à voter une loi qui pourrait renvoyer des personnes dans des pays où il existe des menaces de torture, la peine de mort ou des traitements cruels. Nous pensons que ceci n'est pas correct. »

25 organisations se sont associées pour faire circuler jusqu'en septembre prochain une pétition contre ce projet d'amendement.

www.uprchlici.cz

www.migraceonline.cz

www.diskriminace.cz