Deux alpinistes tchèques de renom miraculés de l’Himalaya

Marek Holeček et Radoslav Groh

Piégés par la météo après avoir ouvert une nouvelle voie menant au sommet du mont Baruntse (7 129 mètres, Népal), deux alpinistes tchèques bien connus, Marek Holeček et Radoslav Groh, sont restés bloqués à près de 7 000 mètres d’altitude pendant près de quatre jours. Samedi dernier, ils sont finalement parvenus à descendre avant d’être évacués en hélicoptère vers Katmandou, sains et saufs, comme ils l’ont confirmé, mercredi, à la Radio tchèque.

Tout est bien qui finit bien. Le site du magazine Montagnes a évoqué ce qui n’est finalement resté qu’une mésaventure comme « incontestablement l’aventure du printemps en Himalaya ». Une aventure qui aurait toutefois pu tourner au drame, et au bout de laquelle Marek Holeček et Radoslav Groh, devenus impuissants face à la nature, ont reconnu qu’« il n’y avait plus rien d’autre à faire que de prier et d’attendre ». Des prières qui ont été entendues puisque les deux hommes sont finalement sortis de ce que Marek Holeček a qualifié « d’enfer blanc ».

Marek Holeček et Radoslav Groh | Photo: Facebook de Marek Holeček

Après avoir atteint le sommet et ouvert une nouvelle voie en style alpin sur la face nord-ouest du Baruntse, au terme déjà d’une ascension très compliquée, les deux alpinistes tchèques, dans l’impossibilité de bouger au moment de redescendre, sont restés à l’abri du froid et du vent dans leur petite tente de toile, « attendant un miracle » selon un Marek Holeček affamé et épuisé :

« Il est supposé que les grimpeurs emmènent le moins de choses avec eux lors des ascensions, et ce, pour la simple raison qu’ils pourraient vouloir rester en haut. Mais nous concernant, il est évident que nous ne voulions pas rester là une minute de plus. Au contraire, nous avons même été très économes, notre seul objectif était vraiment parvenir au sommet de la face. Le problème, c'est que la météo s'en est mêlée et que nous avons alors été contraints d’attendre. A droite, à gauche, devant nous, derrière vous, la visibilité est devenuie complètement nulle, il y a eu un ouragan. Dans ces cas-là, il n'y a rien d'autre à faire que de prier et d'attendre que ça passe. »

Zdeněk Hák | Photo: Jana Přinosilová,  ČRo

Marek Holeček n'est pas le premier venu. C'est un alpiniste bien connu et reconnu. En septembre dernier, lui et un autre grimpeur tchèque, Zdeněk Hák, ont reçu un Piolet d’Or pour leurs ascension, en 2019, de la face nord-ouest du mont Chamlang, dont le sommet s’élève à 7 321 mètres. Il s'agissait alors de la première ascension de cette face longtemps convoitée, au terme de six jours d'ascension, avec quatre bivouacs.

Une ascension semblable, tant dans sa longueur que dans sa difficulté, à celle du Baruntse. Décernés chaque année par le Groupe de haute montagne, ces prix dits des Piolets d’or servent à mettre en lumière les plus belles ascensions en style alpin. Preuve de son talent, Marek Holeček avait déjà été récompensé en 2018 pour une nouvelle voie dans la face ouest du Gasherbrum I (8 068 mètres, Pakistan).

Mont Baruntse | Photo: SummitClimb,  Wikimedia Commons,  CC BY-SA 4.0 DEED

Difficile donc de l’accuser de témérité et d’avoir cette fois sous-estimé l’entreprise au pied du Baruntse, comme il s’en est d’ailleurs défendu, toujours depuis Katmandou, sur les ondes de la Radio tchèque :

« Nous avions bien planifié l’ascension, et comme nous avons un peu d'imagination et d’habileté, nous avons plus ou moins progressé au rythme que nous avions envisagé. Je pense que nous nous sommes bien débrouillés. Nous savions que la météo allait se dégrader, que du mauvais temps allait arriver, et nous avons bien évidemment tenu compte de ces prévisions. Simplement, ce mauvais temps est arrivé plus tôt que ce qui était annoncé, et il nous a ralentis et contraints à nous mettre à l’abri. Mais cela peut faire partie d’une expédition de ce type. C’était une nouvelle voie et il y a toujours une part d’inconnu. »

Le Baruntse est un sommet de 7 000 mètres relativement accessible, très prisé des agences commerciales. A condition toutefois de passer par la voie normale de l’arête sud, comme les auteurs de la première ascension en 1954, au sein d'une expédition néo-zélandaise dirigée par le légendaire Sir Edmund Hillary.

D’un tout autre calibre, la face nord-ouest empruntée par les deux Tchèques, que Marek Holeček a comparée « à un mur », aurait donc pu leur être fatale. Ils en sont finalement revenus après une descente via le versant sud moins raide, dix jours donc après le début de leur ascension, mais pas sûr que celle-ci leur vaudra un nouveau Piolet d’Or.