Deux enfants tchèques emmenés de force en Argentine
Dans des circonstances dramatiques, les huissiers de justice ont séparé deux enfants de leur mère tchèque pour les envoyer en Argentine auprès de leur père. Ce verdict, prononcé par le tribunal tchèque, a suscité de vives émotions et aussi de vives critiques.
Des huissiers de justice sont venus chercher ces deux enfants âgés de 9 et 6 à leur domicile, à Roudnice nad Labem, en Bohême centrale, pour les envoyer ensuite chez leur père en Argentine. Leur mère a juste suffi de dire au revoir à sa fille Sofia qui, elle, n'a même pas eu le temps de prendre ses affaires et ses jouets. Son fils, Lucas, la mère le n'a plus vu : les huissiers sont venus le chercher à l'école d'où ils l'ont conduit à l'ambassade d'Argentine à Prague. La décision de confier les enfants aux soins de leur père argentin a été prise par le tribunal régional de la ville d'Usti nad Labem.
Un litige de longues années la précédait. Il y a 9 ans, la mère des deux enfants, Marcela Krajnikova a épousé un citoyen argentin, Roque Fiordalis. Après 5 années passées en Argentine, elle a décidé de divorcer en raison des violences psychiques et physiques auxquelles elle dit avoir été exposée, de sa part. A son retour en Tchéquie, en 2002, elle s'est adressée au tribunal avec la demande de prise de mesures préalables avant que la procédure de divorce ne soit terminée. Après 4 ans d'atermoiement, le tribunal a rendu le verdict suivant : les enfants étaient enlevés et doivent être renvoyés en Argentine. La mère désespère : les enfants ne parlent pas l'espagnol et leur père ne parle pas le tchèque. Les enfants n'ont pas voulu partir. Personne n'a demandé leur avis.
Le porte-parole du ministère de la Justice Petr Dimun explique que le tribunal a procédé en accord avec la convention internationale sur l'enlèvement d'enfants et que jusqu'ici donc, sa décision était juste:
« Néanmoins, reste à savoir s'il a procédé sans retard et surtout, il y a la question du procédé du huissier de justice qui, selon les informations des médias qui étaient sur place, n'était pas éthique. Il n'a même pas permis à l'enfant de voir sa mère et se préparer pour le voyage. Pour répondre à ces questions, le ministère de la Justice enquête sur le procédé du huissier. »
Le ministère du Travail et des Affaires sociales est fort inquiet de cette affaire. Katerina Berankova, son porte-parole :
« Le ministère considère le transfert forcé des enfants Krajnik comme une violation des droits de l'enfant. Il ne fait pas de doute que les enfants ont subi un traumatisme psychique et se sont retrouvés dans une situation intolérable. Il s'emploiera à ce que des cas pareils soient jugés individuellement, compte tenu de l'intérêt de l'enfant et en sorte d'éviter des influences négatives durables sur la psychique de l'enfant. »