Quand l’enfant devient l’otage des parents divorcés
La Cour constitutionnelle tchèque a donné raison à Alena Davidová, mère d’un fils de dix ans placé par la justice en hôpital psychiatrique parce qu’il était devenu l’enjeu d’une guerre que se livraient ses parents pour obtenir sa garde. L’affaire a déclenché un débat public sur le triste sort des enfants des parents divorcés.
Le jeune garçon a déjà passé six mois dans un établissement psychiatrique parce que la Cour régionale espérait réduire ainsi l’influence maternelle sur cet enfant et lui permettre de renouer les liens avec son père. Cette tentative ayant échoué, le garçon devait retourner à l’hôpital mais la mère s’est opposée à ce verdict par sa démarche auprès de la Cour constitutionnelle et a eu gain de cause. Selon le juge constitutionnel Vladimír Kůrka, le verdict ne concerne pas uniquement ce cas individuel mais sa portée est générale :
« Il est possible de déduire de notre verdict que dans la situation où les organes compétents prennent des mesures qui arrachent l’enfant du milieu familial, même si c’est un milieu créé par un seul parent, il faut procéder avec circonspection et prudence et choisir les moyens les plus modérés qui pourront encore servir l’objectif visé. »Le juge estime cependant que les hôpitaux psychiatriques pourraient jouer un rôle positif dans de tels cas s’ils créaient des sections spécialisées pour ce genre d’hospitalisation.
La majorité des participants au débat que l’affaire a provoqué dans les médias refusent le séjour en établissement psychiatrique comme moyen de renouer les liens familiaux brisés par un divorce. Sous cet angle de vue le fils d’Alena Davidová apparaît comme une victime de la machinerie judiciaire. Dans de tels cas, l’hospitalisation de l’enfant est considérée aussi comme un moyen pour obliger les parents à communiquer. Le psychiatre Jiří Schwarz rappelle cependant que les organes compétents disposent d’autres mesures pour faire pression sur les parents divorcés :
« Cet effet dissuasif peut être atteint par des moyens bien moins brutaux que l’hospitalisation en établissement psychiatrique. Le parent peut être traduit en justice, le tribunal peut changer sa décision sur la garde de l’enfant. Les tribunaux devraient donc oser prendre d’autres mesures et ne pas placer l’enfant en hôpital psychiatrique. » Dans ce genre d’affaires, l’enfant devient une espèce d’otage des parents qui n’arrivent pas à trouver un langage commun. Il est évident qu’il n’en sortira pas indemne et qu’il sera marqué à vie par un tel règlement de comptes. Zuzana Baudyšová, présidente de la fondation Naše dítě (Notre enfant) souligne que l’enfant doit être protégé contre la rivalité de ses parents :« Bien que la Cour constitutionnelle ait pris une décision en faveur de ce garçon, personne n’a encore obligé les parents à trouver un compromis sur son sort. J’espère que maintenant les parents seront forcés, par une amende ou par une procédure pénale, à cesser de tourmenter ce pauvre garçon et à chercher activement un compromis, éventuellement qu’ils seront eux-mêmes obligés d’entrer en hôpital psychiatrique. »
L’affaire devrait maintenant passer devant la Cour d’appel qui doit cependant prendre en considération la décision de la Cour constitutionnelle.