Deux ministres tchèques critiqués pour les dernières évolutions de l'affaire Krejcir

Radovan Krejcir, photo: CTK

L'affaire du milliardaire Radovan Krejcir continue à ébranler la scène politique tchèque. Déjà en 2005, elle a été la cause du limogeage du chef de la police Jiri Kolar. Aujourd'hui, c'est à cause d'elle que l'opposition appelle à la démission les ministres tchèques de la Justice et de l'Intérieur.

Il y a deux ans, Radovan Krejcir, soupçonné de transactions frauduleuses et de préparatifs d'un meurtre commandité, a réussi à s'enfuir de République tchèque dans des circonstances fort suspectes. En s'évadant quelques moments seulement après son arrestation par la fenêtre des toilettes de sa villa pragoise, il a non seulement couvert de ridicule les policiers directement responsables de cette fuite, mais a éveillé des doutes sur la crédibilité de la police tchèque dans son ensemble. Il s'est réfugié d'abord aux Seychelles et puis en République sud-africaine. C'est justement dans ce pays qu'il a été arrêté en avril dernier, et la justice tchèque a commencé à préparer la demande de son extradition.

Jiri Pospisil,  photo: CTK
Les documents nécessaires devaient parvenir en République sud-africaine dans un délai de quarante jours, donc au plus tard le 19 juin prochain. Mais entre-temps les avocats de Radovan Krejcir ont réussi à convaincre les autorités sud-africaines que le délai englobait aussi les jours fériés. Sous cet angle de vue, le délai de 40 jours avait déjà expiré et Radovan Krejcir a donc été remis en liberté. Cette nouvelle évasion du milliardaire qui semble se moquer des autorités tchèques, a déclanché évidemment un tollé en Tchéquie. Les ministres de la Justice et de l'Intérieur, Jiri Pospisil et Ivan Langer, se sont vus accuser d'être responsables de cette nouvelle débâcle et l'opposition les a appelés à démissionner. Le ministre Jiri Pospisil a rejeté la responsabilité de cette gaffe, lors d'une conférence de presse :

« Je dispose des documents, dont l'un présenté directement sur le web, où il était écrit : 'Faites parvenir le dossier avant le 19 juin.' Je mettrais ma main à couper, tellement j'étais sûr que le dossier parviendrait à destination avant cette date. On m'a même dit comment on allait procéder, qu'on allait envoyer le dossier par la voie diplomatique, je savais tout. D'après mes informations que j'ai faites vérifier et que j'ai longuement consultées avec les experts de l'Unité de coopération judiciaire européenne (EUROJUST), les employés de mon ministère procédaient de façon tout à fait habituelle dans une telle situation. »

Frantisek Bublan et Jiri Paroubek,  photo: CTK
De tels arguments ne suffisent pas à convaincre les leaders de l'opposition qui persistent à demander la démission des deux ministres. Le chef de la social-démocratie, Jiri Paroubek, va encore plus loin en laissant entendre qu'il s'agirait d'une gaffe intentionnelle :

« Je peux en déduire n'importe quoi. Je peux penser, par exemple, que Radovan Krejcir qui s'était comporté, avant les dernières législatives, comme un des meilleurs agents préélectoraux du Parti civique démocrate, ODS, et avait tenu des propos mensongers pour nuire au Parti social-démocrate, aurait été récompensé de cette façon. »

Radovan Krejcir, lui, plaide l'innocence tout en affirmant que son affaire a été politisée.