Deux présidents pour le nouveau hall de la Gare centrale de Prague
Giorgio Napolitano, le président italien, et son homologue tchèque, Václav Klaus, ont inauguré, jeudi, le nouveau hall de la Gare centrale de Prague, dont les importants travaux de transformation et de rénovation ont été réalisés par la société italienne d’investissement Grandi Stazioni. Cette société est une actrice majeure du paysage ferroviaire italien où elle possède treize gares importantes. En Tchéquie, elle est aussi propriétaire des gares de Karlovy Vary et de Mariánské Lázně, elle aussi en rénovation. Cette inauguration est sensée marquer une nouvelle étape dans la déjà longue histoire de la Gare centrale de Prague.
« Grandi Stazioni est une entreprise qui a beaucoup d’expérience dans la reconstruction de gares. D’après que j’ai vu jusqu’à présent, je peux dire que ce qu’ils ont fait est impeccable. Cela prend du temps, mais je me réjouis surtout à l’idée de la reconstruction du bâtiment Fanta. »
Faisant fi des problèmes politiques auxquels il est confronté, le président tchèque, Václav Klaus, est pour sa part apparu heureux et presque nostalgique lors de cet évènement.« Je suis très content que cette rénovation se soit bien passée. Et je ne dis pas cela en tant que président de la République, mais en tant qu’homme, qui a vécu toute sa vie à Prague et qui a arpenté la Gare centrale mille fois, dix mille fois ou je ne sais combien de fois. »
Il est vrai que la gare avait besoin d’une seconde jeunesse. Tous les voyageurs s’accordent à le dire. Elle était devenue un lieu de rassemblement pour une foule de gens laissés en marge de la société. Certaines gares tchèques sont encore des lieux où la misère sociale s’affiche au grand jour. L’un des probables objectifs de cette rénovation est atteint : repousser hors de la vue des touristes les miséreux de Prague.
Symbole du capitalisme triomphant, le nouveau hall, d’une surface de 10 000 m2, ressemble peu ou prou à un centre commercial moderne. Les voyageurs peuvent ainsi, en plus de prendre le train, se procurer un nouveau forfait téléphonique, aller manger un hamburger, renouveler leur garde-robe ou encore aller aux toilettes dans l’un des quatre nouveaux blocs prévus à cet effet. Un système de surveillance vidéo a également été mis en place, tandis que des ascenseurs et escalators améliorent la circulation au sein de la gare.Des ambitions que confirme le directeur général de la société Grandi Stazioni, Fabio Battaggia, puisque la gare devrait pour lui être « un endroit où les gens peuvent tranquillement faire leurs courses et se reposer ». D’aucuns aimeraient bien désormais que le parc qui fait face à la gare soit également réaménagé. Mais cette décision appartient à la mairie du premier arrondissement de Prague.
La mise en service de la Gare centrale de Prague date du 14 décembre 1871. Elle porte d’abord le nom de l’empereur austro-hongrois de l’époque, François- Joseph 1er. La première ligne exploitée par la Compagnie des chemins de fer de l’empereur François-Joseph reliait Prague à Vienne. Au début du XXe siècle, la gare est rénovée et agrandie. C’est l’architecte Josef Fanta qui réalisa ces travaux dans le style Art nouveau et qui donne aujourd’hui son nom à la coupole qui domine la gare et au café qu’elle abrite. Cette partie de la gare est celle qui a la plus grande valeur artistique. Zdeněk Lukeš revient sur l’histoire de la gare :« Au XIXe siècle, la gare se dressait pompeusement comme un bâtiment dominant la ville. Finalement, c’est le bâtiment Art nouveau réalisé par Fanta qui couronne Prague. La gare est devenue par la suite un bien municipal et a perdu de sa superbe. »
Après l’indépendance de la Tchécoslovaquie en 1918, la gare change de nom et devient la gare Wilson en hommage au président américain. Chose qui n’est visiblement pas du goût des communistes, puisqu’en 1953, ils la renomment Praha hlavní nádraží - la Gare centrale de Prague. Un nom qu’elle garde encore aujourd’hui pour célébrer sa seconde jeunesse.Pour conclure, notons que c’est la société tchèque des chemins de fer, České dráhy, qui a obtenu un bail lui permettant d’exploiter la gare pendant trente ans.