Diplomatie : trois Tchèques retenus en Zambie pour prétendu espionnage

Jiří Cetel, Jan Coufal, Michal Vebr, photo: CT24

Trois touristes tchèques sont retenus en Zambie depuis la mi-octobre. Soupçonnés d’espionnage par les autorités locales après avoir pris des photos de certains bâtiments militaires, les trois hommes, privés de passeport et libérés sous caution en attendant d’être jugés, clament leur innocence, alors qu’ils risquent jusqu’à 25 ans de prison. Malgré les efforts de la diplomatie tchèque, la partie zambienne continue de faire la sourde oreille aux demandes de Prague.

Jiří Cetel,  Jan Coufal,  Michal Vebr,  photo: CT24
Agés de 35 à 45 ans, les trois Tchèques se sont rendus en Zambie en touristes, en marge d’un voyage d'affaires en Afrique du Sud. Jan Coufal, Jiří Cetel et Michal Vebr ont été arrêtés après avoir pris des photos, entre autres, d’entrées de casernes et de la base de l’armée de l’air zambienne. Les trois hommes étaient également en possession d’une carte téléchargée sur Google sur laquelle se trouvaient les casernes en question prises en photo. Selon le ministre des Affaires étrangères, Karel Schwarzenberg, les services secrets zambiens les accusent d’être des espions précisément en raison de la possession de cette carte.

Si l’affaire peut sembler invraisemblable, le motif n’en est pas moins suffisant pour emprisonner les trois hommes pendant une semaine, à l’issue de laquelle ils ont été libérés sous caution. Privés de leurs passeports et dans l’interdiction de quitter la capitale, ils sont tenus depuis de se présenter régulièrement à un poste de police local, dans l'attente de leur procès.

Ce procès, c’est ce que la diplomatie tchèque souhaite éviter en priorité. Si une condamnation devait être prononcée par la justice zambienne, les chances de voir les trois hommes rapatrier à Prague s’amenuiseraient en effet considérablement. Pour l’heure, cependant, malgré des demandes répétées, le ministre des Affaires étrangères n’a toujours pas réussi à entrer en contact avec son homologue zambien, celui-ci affirmant ne pas être disponible aux moments proposés par Prague. Mais pour l’ambassadeur tchèque au Zimbabwe voisin, Luděk Zahradníček, il existerait une autre raison plus probable :

Luděk Zahradníček
« Après dix-neuf ans pendant lesquels le gouvernement a été dirigé par un seul parti, le parti du président Rupiah Banda, il y a aujourd’hui quelqu’un d’autre à la tête du gouvernement et celui-ci remplace un grand nombre de hauts responsables. Je pense qu’une atmosphère relativement nerveuse règne actuellement dans ce pays, où très rares sont ceux qui osent prendre des décisions. »

Mercredi, le gouvernement zambien a néanmoins manifesté son irritation, en qualifiant de « malheureuse » l’initiative prise par la diplomatie tchèque auprès de l’Union européenne afin que celle-ci intervienne. Le ministre des Affaires étrangères Chishimba Kambwili a indiqué que le gouvernement suivait le dossier mais qu’il n’avait pas pour habitude de s’ingérer dans les affaires de justice. L’ambassadeur Luděk Zahradníček a aussitôt démenti l’information selon laquelle la République tchèque voudrait faire appliquer des sanctions européennes à l’encontre du pays africain. Quoi qu’il en soit, malgré la tournure prise par les événements, Luděk Zahradníček reste relativement optimiste :

« L’avocat que nous avons mis à la disposition de nos trois ressortissants est convaincu qu’il n’existe aucune preuve d’espionnage, qu’il s’agit au maximum d’une infraction. Ils ont photographié des objectifs qu’il n’est certes pas permis de photographier, mais il faut préciser que ces bâtiments se trouvent dans des lieux accessibles au public, et même dans des rues très fréquentées. »

Photo: CT24
Concrètement, les trois hommes auraient pris en photo un ancien avion de fabrication tchécoslovaque exposé devant une base militaire située dans le centre-ville de Lusaka, la capitale de la Zambie, ou encore le palais présidentiel.

Ce jeudi, le ministère des Affaires étrangères a finalement envoyé un émissaire en Zambie, le vice-ministre Vladimír Galuška. Celui-ci espère revenir en pouvant confirmer l’information publiée il y a quelques jours dans le quotidien Lidové noviny selon laquelle la plainte pourrait finalement être retirée et les trois hommes retrouver leur pays d’origine et leurs familles avant la fin de l’année.