Trois Tchèques condamnés en France pour l'attaque d‘une militante thaïlandaise

Aun Neko (à gauche)

Entretien avec le journaliste Martin Balucha à propos d'une ténébreuse affaire impliquant trois Tchèques condamnés pour l'aggression violente d'une réfugiée thaïlandaise.

« J’ai vu des individus mettre leur capuche et venir directement me taper dessus. J’ai d’abord cru que c’était pour me voler mon téléphone ou mon sac, mais non, ils ne m’ont rien pris », raconte Aum Neko, une réfugiée politique thaïlandaise en France connue pour ses prises de position contre le régime en place dans son pays natal qu’elle a fui dans des conditions difficiles.

Militante transgenre contre la junte militaire et le roi de Thaïlande, elle a été tabassée en 2019 à la sortie d’un bar à Paris. Trois hommes de nationalité tchèque viennent d’être condamnés par la justice française dans cette affaire compliquée. Notre confrère du service étranger de Radiozurnal Martin Balucha a enquêté sur le sujet :

Martin Balucha,  photo: Khalil Baalbaki,  ČRo

« Les événements se sont déroulés il y a 2 ans, dans la nuit du 18 novembre 2019. Deux Tchèques, Jakub Hosek et David Vokal, ont attaqué cette réfugiée politique thaïlandaise Aum Neko à la sortie d’une brasserie parisienne. Ils ont essayé de s’enfuir mais ont été interpellés par la BAC. Condamnés récemment, il leur reste quelques semaines de prison à purger. »

Un troisième homme, Petr Donatek, est lui parti de Paris vers Prague après l’attaque et tu as suivi ses traces…

« C’est le troisième homme impliqué dans l’affaire. Il a fondé une école pour samouraïs dans la banlieue de Prague. Il a été décoré par le Parlement pour avoir contribué à la propagation des arts martiaux dans le pays. »

« Selon les enquêteurs français, Petr Donatek a organisé l’attaque qu’il devait filmer et il a payé les consommations et le séjours des deux autres Tchèques. Il clame son innocence et dit qu’il n’a pas bu d’alcool avec les deux Tchèques et est rentré à son hôtel avant de rentrer à Prague trois jours après. »

Voilà ce qu’avait à dire sur le sujet l’avocat de M.Vokal, Maître Panier :

« On n’est pas sur une situation de violence gratuite et spontanée. Mon client considère qu’on lui a montré cette personne en lui disant de l’attaquer. »

Martin, la police tchèque est intervenue dans cette affaire mais Petr Donatek n’a pas été extradé, c’est bien ça ?

« Oui, la police française a publié un mandat d’arrêt, sur la base duquel la police tchèque a arrêté M. Donatek le 5/10/2020 mais l’a relâché. Selon la police tchèque, il n’y a pas aujourd’hui de mandat d’arrêt à l’heure actuelle concernant M. Donatek. Il est donc en liberté. »

Le quotidien Le Monde, avec lequel tu as collaboré dans cette enquête, évoque dans un récent article l’appartenance de M. Donatek à une « confrérie héraldique de protection de l’ordre royale »...

« Il y a beaucoup de questions encore non résolues… On ne connaît pas à l’heure actuelle le motif de cette attaque. Plusieurs pays sont concernés : la Tchéquie, la France, mais aussi l’Allemagne où réside le roi de Thaïlande Rama X et la Thaïlande d’où a fui Aum Neko. »

Entretien à écouter dans son intégralité en appuyant sur lecture ou dans notre podcast du jour : https://francais.radio.cz/une-demi-heure-en-tchequie-6122021-8735983