Disparition d'Otakar Motejl, éminent juriste et médiateur de la République

Photo: CTK

L’Ombudsman (ou médiateur) de la République tchèque, Otakar Motejl, est mort ce week-end à l’âge de 77 ans. Personnalité respectée par tous en République tchèque comme à l’étranger, cet avocat défenseur des droits de l’homme restera l’une des plus importantes figures des scènes politique et institutionnelle tchèques pendant les vingt années qui ont suivi la révolution de velours.

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Fils et petit-fils d’avocat, Otakar Motejl est tombé dans le droit quand il était tout petit et n’en est jamais sorti. Diplômé en 1955 à Prague, il exerce la profession d’avocat avant d’être élu en septembre 1968 à la Cour suprême. Mais la normalisation est en marche, il démissionne au début de l’année 1970 et se fait remarquer en assurant la défense de dissidents et d’artistes opprimés par le régime communiste. Alexandr Vondra, Jiří Ruml et les membres du groupe Plastic People of the Universe ont notamment fait partie de ses clients les plus célèbres.

Otakar Motejl,  photo: CTK
Après la chute du régime communiste tchécoslovaque, Motejl se rapproche de la politique, d’abord en étant nommé à la commission parlementaire chargée d’enquêter sur les événements du 17 novembre 1989 à Prague. Il préside ensuite la Cour suprême jusqu’en 1998, année où il devient ministre de la Justice dans le gouvernement dirigé par Miloš Zeman.

Rapidement écoeuré par les pratiques politiques du moment, il démissionne et devient en 2000 le premier médiateur de la République tchèque. Et en dix ans, jusqu’à son décès samedi dernier, il a réussi à faire de cette institution de l’Ombudsman un des piliers de la jeune démocratie tchèque.

Otakar Motejl
Anna Šabatová a été son adjointe à ce poste pendant plusieurs années : « C’était un personnage éminent. Sa vie était un travail incessant pour la justice et la démocratie. Je pense que l’institution du Ombudsman restera à jamais liée à son nom. C’est une perte vraiment difficile. »

Juriste d’exception, Otakar Motejl s’est vu décerné plusieurs prix et récompenses importantes au cours de sa carrière, dont le prix international des droits de l’homme de l’Association du Barreau américain. Il était également commandeur de la Légion d’honneur française. Très francophile, il avait fondé l'association Masaryk avec son ami Robert Badinter et était le président de l’Alliance française de Brno.