Dissolution de la chorale Bambini di Praga
La chorale d’enfants Bambini di Praga a été dissoute. Mardi, dans la grande salle de la Bibliothèque municipale de Prague, le public a applaudi débout le dernier concert de la chorale qui a occupé pendant 38 ans une place importante sur la scène musicale tchèque. La disparition de la chorale est la conséquence d’une vaste affaire d’abus sexuels qui a éclaboussé l’ancien chef de l’ensemble.
Selon son attachée de presse, Jana Puterová, la détérioration de sa situation dans la société ne permet plus à la chorale de poursuivre son travail :
« La chorale Bambini di Praga met fin à l’ensemble de ses activités. L’Ecole de chant choral a été fermée il y a déjà des années. En ce moment donc, la chorale Bambini di Praga, elle aussi, en tant que marque, en tant que société, met fin à tout ce qui la concerne. »
L’histoire de l’ensemble remonte aux années de la Deuxième Guerre mondiale lorsque le jeune maître de chœur de la ville d’Ostrava Bohumil Kulínský obtient avec sa chorale d’enfants un Prix national qui lui vaut une invitation à la radio à Prague. Après la libération en 1945, Bohumil Kulínský est nommé chef de la nouvelle Chorale d’enfants de la Radiodiffusion tchécoslovaque, et c’est encore lui qui, en 1973, se trouve à la tête de l’ensemble lorsque celui-ci quitte la radio pour former la chorale Bambini di Praga. L’ensemble s’impose sur la scène musicale tchèque et, grâce à de nombreuses tournées à l’étranger, sa renommée devient bientôt internationale.
La chorale est dirigé d’abord par Bohumil Kulínský, puis par sa femme Blanka Kulínská et leur fils Bohumil Kulínský, un maître de chœur et chef d’orchestre de talent. C’est lui qui apportera à la chorale une nouvelle énergie et sera l’artisan de ses nouveaux succès. Mais c’est lui aussi qui sera à l’origine d’un scandale qui amènera l’ensemble à sa perte. En 2005, Bohumil Kulínský junior est accusé d’avoir abusé sexuellement de 19 jeunes filles de la chorale, parmi lesquelles huit mineures. A l’issue d’un procès très suivi par les médias, l’artiste, qui n’a jamais admis sa culpabilité, est condamné à 5 ans et demi de prison et à une interdiction de travailler avec des mineurs.
La chorale continue cependant d’exister et de chanter sous la direction de la mère de l’artiste, Blanka Kulínská. Ce n’est que mardi, quelques jours seulement après le retour de Bohumil Kulínský, libéré après avoir purgé la moitié de sa peine, que la chorale Bambini di Praga a annoncé la fin de ses activités et donné son dernier concert. Bohumil Kulínský n’était pas présent et sa mère a refusé de parler à la presse. Elle s’est bornée à constater : « J’ai l’âge de partir. C’est tout simplement un fait. C’est le terminus. » Selon Blanka Kulínská, l’ensemble aurait été trop gravement lésé par le scandale. Elle accuse les médias d’être en partie responsables de la dissolution de la chorale, car, nous citons, « les médias n’ont pas du tout compris la sensation d’injustice et sont restés insensibles à la situation de l’ensemble. »
Toujours est-t-il que la scène musicale tchèque assiste, impuissante, à la disparition de l’une des meilleures, sinon de la meilleure chorale d’enfants du pays. D’après le directeur administratif de l’Orchestre symphonique de la ville de Prague, Ilja Šmíd, Bambini di Praga était pendant quelque temps absolument la meilleure chorale tchèque d’enfants au niveau du timbre et de l’intonation.Les medias rappellent à cette occasion que Bohumil Kulínský aurait vendu les droits de l’histoire de sa vie à des cinéastes américains. En 2009, il a confié à l’hebdomadaire Týden d’avoir déjà signé un contrat. « Je n’ai pas encore vu le scénario mais ils seraient en train de l’écrire, » a-t-il déclaré.