Douze ans après

La Révolution de velours encore une fois... Vaclav Richter se penche sur les traces que cet événement a laissé dans notre vie.

Rappelons que le 17 novembre 1989 la police a attaqué brutalement les étudiants, qui manifestaient calmement dans les rues de Prague et revendiquaient plus de liberté et de démocratie. Le sang a coulé, avenue Narodni, à Prague. L'intervention de la police a provoqué une colère générale. Le processus révolutionnaire, qui ne faisait que couver sous le régime totalitaire, a tout à coup éclaté. Etudiants, dissidents, artistes se sont réunis et ont mis sur pied un mouvement, qui allait s'étendre sur toute la société et hisser le dramaturge dissident, Vaclav Havel, au poste de président de la République. Le régime communiste, qui semblait invincible, s'est écroulé comme un château de cartes. Ajoutons, cependant, que tout cela n'aurait pas été possible sans une évolution analogue dans les pays voisins, et sans la démocratisation de l'URSS. Que reste-t-il, aujourd'hui, des idéaux du 17 novembre, que font, aujourd'hui, ceux qui ont remporté la victoire et ceux qui ont été battus? Autant de questions qui sont importantes pour l'évolution de la société tchèque au cours de la dernière décennie. Chaque anniversaire du 17 novembre relance la discussion sur les méthodes utilisées, après la chute du communisme, pour démocratiser et pour assainir la société. D'aucuns pensent que la Révolution de velours a été trop douce, et que cela est la cause de nos problèmes actuels. Il est vrai que le dédommagement des victimes du communisme a traîné et n'a été que symbolique. Il est vrai, aussi, que le parti communiste n'a pas été mis hors la loi, et qu'un certain nombre d'anciens dignitaires communistes et de personnes ayant collaboré avec le régime totalitaire ne sont pas disparus de notre vie. Ils continuent à jouer un certain rôle politique, on les trouve dans les organes d'Etat, dans la justice, nombreux sont ceux qui ont réussi à amasser des fortunes considérables. Mais il serait erroné de les rendre responsables, eux seuls, des maux actuels de la société tchèque, maux qui s'appellent la corruption, la criminalité économique, mais aussi le manque de transparence et l'arrogance des autorités. "Je ne veux juger personne, dit l'ancien dissident, Vaclav Maly, aujourd'hui l'évêque de Prague, mais beaucoup de ceux qui rouspètent contre les anciens communistes occupant des postes importants, sont en réalité assez tolérants vis-à-vis d'eux. S'ils allaient plus loin dans leurs réflexions, il devraient se dire: Est-ce que, un jour, nous n'avons pas trahi nos convictions, nous aussi?"