Du nouveau pour les tours praguoises
La saison touristique 2013 est placée sous le signe des nouveautés pour plusieurs tours praguoises indissociables de l'image de la capitale tchèque.
Hormis des vues panoramiques de Prague, chacune de ces tours offrira des expositions retraçant leur histoire. Le visiteur y sera accueilli par des guides touristiques vêtus en costume d'époque. Certaines tours proposeront des visites nocturnes et d'autres attractions encore. Les nouveautés qui caractérisent la saison 2013 ont été préparées par le Musée de la Ville de Prague chargé de la gestion de plusieurs monuments praguois dont ces édifices. La directrice du musée, Zuzana Strnadová, explique les motifs de cette décision :
« Notre musée s'est beaucoup aggrandi durant son existence. Aujourd'hui, nous disposons de plus d'un million d'objets dont la majorité se trouve en dépôt, car depuis l'an 1900, nous n'avons qu'un seul bâtiment du Musée municipal pour les exposer. Et puisque ces objets méritent d'être présentés au public, nous avons cherché de nouveaux locaux. En juillet dernier, la représentation de la ville de Prague a décidé de nous confier la gestion du château de Ctěnice dans la banlieue de Prague ainsi que la gestion de plusieurs tours praguoises. »Pavla Státníková, commissaire des collections du Musée de la ville de Prague, se félicite de l'acquisition de nouveaux locaux d'exposition dans ces tours :
« Ces tours sont à la fois un rappel de l'histoire de Prague, car la tour Poudrière, ainsi que les deux tours du pont Charles faisaient partie du système de fortification de la ville. De même, le clocher de l'église Saint-Nicolas à Malá Strana, le quartier du Petit Côté sous le château de Prague, servait à la protection de Prague, en temps de paix ou de guerre. Pour ce qui est de la tour panoramique de Petřín, elle témoigne de l'enthousiasme ressenti à la deuxième moitié du XIXe siècle pour le progrès technique. Parmi les tours, on compte aussi le bâtiment du labyrinthe de Petřín, bien que tout le monde ne s'en rende pas compte. Ce bâtiment est une réplique de la porte Špička qui se dressait à Vyšehrad et qui faisait elle-aussi partie intégrante des fortifications médiévales de Prague. »
Ceci dit, les tours praguoises sont en quelque sorte un manuel d'histoire de la capitale tchèque que le musée souhaite rapprocher du public par l'intermédiaire de nouvelles expositions. Pavla Státníková :« L'exposition qui ouvrira dans les locaux de la tour Poudrière retracera l'histoire des fortifications praguoises qui n'ont pas été sauvegardées, à l'exception de quelques fragments. La tour du pont Charles située en direction de Malá Strana accueillera une exposition consacrée à l'histoire de la rivière Vltava. L'exposition proposée dans la tour de Petřín évoquera la construction de la petite tour Eiffel de Prague. Comme on le sait, l'initiative est venue des membres du Club des touristes tchèques qui se sont rendus en 1889 à Paris. L'Exposition du Royaume de Bohême de 1891 était une bonne opportunité pour l'édification de la tour au sommet de la colline de Petřín. L'exposition qui s'y prépare rappellera une date fatidique dans son histoire: l'année 1939 lorsqu’Hitler avait insisté pour éliminer la tour panoramique, en tant qu'expression de la francophilie des Tchèques. Pour ce qui est du clocher de l'église Saint-Jacques, deux expositions y seront proposées : l'une consacrée aux cloches pragoises et l'autre documentant le rôle historique du clocher en tant que tour de guet, y compris une période plus récente, lorsqu'il a été utilisé par la police secrète communiste comme un centre d'observation. »
En attendant l'inauguration de nouvelles expositions, le visiteur a une occasion unique d'admirer les intérieures des tours dans leur beauté authentique. C'est le cas notamment de la tour gothique du pont Charles qui se dresse du côté de la Vieille-Ville et qui est considérée comme un chef d'œuvre artistique du XIVe siècle. « Cette tour qui marque solennellement l'entrée du pont est un arc de triomphe impressionnant érigé sur la voie royale conduisant du Château de Prague à Vyšehrad », raconte Martina Lemanová du Musée de la ville de Prague :« La construction de la tour a commencé en 1357. La pose de la première pierre a eu lieu simultanément avec celle du pont Charles. Ensuite, les travaux ont été interrompus pour une période de dix ans au cours desquels les bâtisseurs se sont concentrés sur l'achèvement du pont. Certaines sources attribuent la construction de la tour à l'architecte de la cathédrale Saint-Guy, Peter Parler. Or le véritable architecte était un certain Oto, bâtisseur du pont dans la ville de Roudnice. Des constructeurs français qui ont pris part à l'édification de ce pont ont apporté en Bohême de nouvelles technologies que l'architecte Oto allait appliquer lors de l'édification de la tour du pont Charles. »Oto a travaillé à la construction de la tour jusqu'à sa mort, en 1357. Ensuite, c'est Michael Savojský, frère de Peter Parler, qui a été chargé des travaux :
« Entre les années 1375 et 1378, Michael Savojský a créé la décoration sculpturale de la tour. Celle-ci ne s'est pas conservée du côté du pont, ayant été endommagée en 1611 par les Saxons avant d'être détruite par les Suédois, en 1648. La décoration de la tour du côté de la Vieille-Ville de Prague a été réalisée à des fins de représentation, pour les cortèges de couronnement et autres défilés solennels se dirigeant de Prague vers le château. Le programme iconographique met en relief les personnages de Charles IV et son fils, Venceslas IV, patrons symboliques de la ville entourés de saints patrons tchèques : Guy, Adalbert et Sigismond. »La tour du pont Charles a été dotée par son fondateur, Charles IV, d'une symbolique spirituelle et astronomique profonde. Le 15 juin, jour de la Saint-Guy, l'ombre du lion de Bohême représenté sur une console touche pour la seule fois de l'année l'aigle de Moravie : signe symbolique de l'appartenance des Tchèques et Moraves à la même nation. Sous le toit se trouve une inscription magique qu'on peut lire de gauche à droite et vice-versa et qui devait protéger la tour de la destruction. La façade de la tour est divisée en quatre parties, raconte Martina Lemanová :
« La partie la plus basse symbolise la sphère de la Terre. Sur les consoles au-dessus desquelles se dresse un arc, on aperçoit deux reliefs – Antoine et Cléopâtre, et Aristote et Phyllis. La sphère de la Lune est représentée par 28 crabes qui symbolisent le nombre de phases de la Lune. Au-dessus de ces celles-ci s'étend la sphère du Soleil qui illumine l'empereur Charles IV et son fils, Venceslas IV. La statue de saint Guy représente la jonction avec la sphère des planètes dans laquelle se trouvent deux autres saints patrons, Sigismond et Adalbert. »Dans le passé, la tour du pont Charles brillait de loin, grâce aux éléments dorés sur la façade et aux polychromies qui n'ont pas résisté à l'épreuve du temps.
Après avoir monté de nombreuses marches en bois, nous voilà dans une salle représentative de la tour dotée d'un beau plafond en poutres dont les origines remontent au Moyen-âge. Encore quelques marches et nous arrivons jusqu'en haut du pourtour d'où l'on voit le quartier de Malá Strana, le château, le monastère de Strahov, la tour de Petřín et beaucoup d'autres monuments de Prague. Avant de redescendre, nous apercevons près de l'escalier une drôle de sculpture. Martina Lemanová :
« La sculpture du gardien de la tour est une œuvre très rare en Bohême. Elle est remarquable du fait que c'est une ironie, une caricature : le gardien de la tour a une bosse et son corps est déformé. Ce genre de sculpture apparaît avec la fin du style gothique flamboyant, lorsque des créations plus légères succèdent à des œuvres sérieuses. »Plus d'infos sur : www.prazskeveze.eu.