Eliahu Inbal : un festin musical pour le public pragois
Le chef d’orchestre israélien Eliahu Inbal, grand interprète de la musique romantique et post-romantique, sera le directeur musical de l’Orchestre philharmonique tchèque. Il a signé un contrat pour la période entre 2009 et 2012. Il succédera ainsi à Zdeněk Mácal qui a rompu subitement son contrat avec la Philharmonie en septembre dernier. Lors d’une conférence de presse, Eliahu Inbal (72 ans) a évoqué ses intentions et les projets qu’il entend réaliser au pupitre du premier orchestre tchèque.
« Je connaissais Prague depuis longtemps, elle faisait partie de moi. J’ai beaucoup lu sur cette ville, sur sa communauté juive, sur la culture juive à Prague. J’ai lu aussi les livres de Kafka qui m’ont rapproché également de cette ville. Et je connaissais aussi la musique tchèque : Dvořák, Janáček, Martinů, Suk. Je m’intéressais à la photographie et, en tant que collectionneur, j’achetais des photos de Josef Sudek ou celles de Jaromír Funke. Tout cela m’a permis de me faire une idée de Prague bien avant de l’avoir visité. Quand j’y suis arrivé pour la première fois, j’avais l’impression d’y avoir toujours été. »
Eliahu Inbal assumera le poste de directeur musical de la Philharmonie à partir de l’automne 2009. Aujourd’hui il est directeur musical du théâtre La Fenice de Venise et à partir du mois d’avril, il dirigera aussi l’Orchestre métropolitain de Tokyo. Il promet de se consacrer pleinement à l’orchestre pragois dès 2010. Il désire conserver et développer la sonorité typique de la Philharmonie tchèque :
« J’ai une grande une influence sur le répertoire de l’orchestre. C’est ancré dans mon contrat, je peux décider de tout. Mais il y a aussi le directeur administratif de la Philharmonie Vaclav Riedelbauch qui est également compositeur et grand connaisseur de la musique. Il sait ce que le public et la ville attendent de l’orchestre. Il est beaucoup plus raisonnable de lui donner la possibilité de créer le concept fondamental. Moi, je m’occuperais de mettre ce concept en pratique. Evidemment je ne trouve pas juste de dire par exemple : à partir d’aujourd’hui, la Philharmonie ne jouera que du Mozart et du Schubert. Ce ne serait pas convenable. Ce qui est important, je crois, c’est l’équilibre entre les œuvres traditionnelles et modernes, entre la musique tchèque et celle qui n’est pas tchèque. »
Il estime qu’il est très enrichissant pour le chef et ses musiciens d’enregistrer l’ensemble des œuvres d’un auteur et c’est pourquoi il envisage de réaliser entre 2010 et 2012 l’intégrale des symphonies de Gustav Mahler.
C’est donc un programme ambitieux et un grand festin musical que le chef israélien prépare pour le public pragois qui n’est pas prêt d’oublier ses précédentes prestations admirables au pupitre de la Philharmonie. Eliahu Inbal prend sa tâche au sérieux et pour réussir et se rapprocher encore davantage de ses musiciens il envisage même d’apprendre le tchèque :
« J’ai l’intention d’apprendre la langue. On verra. Je ne sais pas si j’aurai le temps parce que je suis constamment en voyage et je donne toujours des concerts. Peut-être j’y parviendrai. »