En attendant les législatives tchèques, les dirigeants politiques commentent la victoire de Sébastien Kurz en Autriche

Sebastian Kurz, photo: ČTK

Il est en passe de devenir le plus jeune chancelier de l’histoire de son pays et même le plus jeune dirigeant européen. Trentenaire et conservateur, Sébastian Kurz a remporté, dimanche, les élections législatives en Autriche. En République tchèque voisine, la victoire du Parti populaire autrichien (ÖVP), crédité de plus de 31% des suffrages, a suscité des réactions plutôt positives.

Sebastian Kurz,  photo: ČTK
Il n’empêche que le Premier ministre social-démocrate Bohuslav Sobotka s’est refusé à commenter les résultats de ces élections autrichiennes qui marquent un affaiblissement des sociaux-démocrates de l’actuel chancelier Christian Kern : le SPÖ arrive troisième derrière le parti d’extrême droite FPÖ. Le chef de la diplomatie tchèque et leader de la social-démocratie pour les élections législatives qui se tiendront ces vendredi et samedi, Lubomír Zaorálek, a quant à lui indiqué que ce succès du parti chrétien-conservateur de son homologue Sebastian Kurz permettrait aux deux pays voisins de continuer à entretenir d’excellentes relations. « Nous avons initié ensemble la renaissance des relations tchéco-autrichiennes, j’espère que nous poursuivrons dans cette voie », a-t-il déclaré.

Sans grande surprise, le leader du Parti chrétien démocrate (KDU-ČSL) Pavel Bělobrádek, s’est lui aussi félicité de ce succès, de même qu’Andrej Babiš, chef du mouvement ANO et favori des élections législatives. Tout comme de nombreux responsables politiques tchèques, Andrej Babiš a apprécié l’attitude de Sebastian Kurz en matière d’immigration : « Sa position a été claire, mais surtout il a su agir en fermant la route des Balkans. Son succès électoral tient au fait qu’il a fait des droits des citoyens autrichiens une priorité », estime Andrej Babiš en précisant qu’il s’agit d’une « attitude absolument différente de celle d’Angela Merkel ».

Pour le chef du mouvement des Maires et indépendants (STAN), Petr Gazdík, ainsi que pour Vojtěch Filip, président du parti communiste (KSČM), le résultat des élections reflète le mécontentement des Autrichiens avec une politique d’accueil des migrants trop tolérante, telle qu’elle a été menée par la coalition gouvernementale sortante. « Nous devrions en tirer une leçon. Il ne faut pas sous-estimer les craintes des citoyens en Europe, nous ne pouvons pas les négliger en tant que peurs irrationnelles. »

Sebastian Kurz,  photo: ČTK
Encouragé par le succès de la formation de l’extrême droite autrichienne FPÖ, le parti tchèque anti-migrant et xénophobe SPD va encore plus loin dans ses commentaires. En déclarant que les électeurs autrichiens ont refusé « la politique d’immigration désastreuse de l’UE », le chef du SPD Tomio Okamura a invité les électeurs tchèques à « avoir une attitude similaire lors du scrutin de ce week-end.

Si la migration a été un des thèmes majeurs des législatives autrichiennes, Anna Durnová, politologue tchèque à l’Institut d’études universitaires de Vienne, replace le débat mené sur le sujet dans son contexte :

« Il serait réducteur de dire que les élections autrichiennes ont été une sorte de référendum sur la migration. Elles ont surtout porté sur l’attribution des avantages sociaux. Ce sujet a évidemment suscité un débat sur le problème de l’immigration. Je voudrais souligner qu’en Autriche, le débat se concentre sur la situation et l’intégration des étrangers qui y sont déjà installés et pas vraiment sur l’accueil de nouveaux réfugiés. Au cœur de la campagne électorale, il y avait donc le système de répartition des allocations sociales et le salaire minimum. La question qui se pose est celle de savoir s’il faut attribuer ces allocations de la même manière aux Autrichiens et aux étrangers. »

Sympathisants, dans leur ensemble, avec un Sebastian Kurz qui a pour ambition « d’incarner le changement, d’installer un nouveau style politique et une nouvelle culture en Autriche », les politiciens tchèques s’attendent par ailleurs à une coopération plus étroite entre Vienne et les quatre pays du Groupe de Visegrád. Ce rapprochement a également été prôné par l’extrême droite du FPÖ.