En Irlande, Václav Klaus s’est présenté en « dissident de l’UE »
Le président Václav Klaus a achevé, mercredi, une visite officielle de trois jours en Irlande, un des quatre pays de l’Union européenne, avec la République tchèque, à ne pas encore avoir ratifié le traité de Lisbonne. Fort de sa réputation d’eurosceptique qui l’accompagne désormais lors de chacune de ses sorties, Václav Klaus a profité de son passage symbolique en Irlande pour réaffirmer son opposition au traité réformateur des institutions européennes. Mais son discours n’a pas forcément été bien accueilli ni à Dublin ni à Prague.
« Il réfléchit sur la manière de résoudre la situation apparue suite au résultat du référendum en juin. Je pense qu’ils n’ont pas encore pris de décision mais ils espèrent que cela ne constituera pas un nouvel obstacle au bon fonctionnement de l’Irlande au sein de l’UE. Je ne peux donc pas affirmer avoir vu chez le Premier ministre irlandais des ambitions dramatiques de trouver une solution demain ou après-demain. D’après les déclarations qu’il a faites, mon opinion est qu’il sait qu’ils ne peuvent pas précipiter les choses de quelque manière que ce soit. La situation n’a donc pas encore mûri pour qu’ils puissent dire aujourd’hui ce qu’ils vont faire. »
Fréquemment critiqué à Bruxelles comme à Prague pour ses positions qui vont à l’encontre de celles d’un large spectre de la scène politique tchèque, Václav Klaus s’est défendu en se qualifiant de « dissident de l’UE ». C’est donc sans surprise qu’il a répondu, mardi soir, à l’invitation à dîner faite à titre privé par un autre « dissident de l’UE », Declan Ganley, principale figure de la campagne du « non » en Irlande avant le référendum. A cette occasion, le président tchèque a répété que, selon les sondages, les Tchèques partageaient la position de refus des Irlandais. Des propos auxquels le ministre irlandais des Affaires étrangères, Michael Martin, a réagi en les qualifiant « d’absurdes, superficiels et faux ».C’en est trop également pour certains à Prague, notamment pour les Verts, un des trois partis de la coalition gouvernementale, qui ont vivement reproché à Václav Klaus de diffuser ses positions personnelles au détriment de celles officielles du gouvernement, contribuant ainsi à donner une image erronée de la politique du pays en matière d’affaires européennes. Un gouvernement tchèque qui, rappelons-le, entamera toutefois la présidence de l’UE en janvier prochain en étant probablement l’un des derniers pays avec une Irlande qu’il reste encore à convaincre à ne pas avoir su ratifier dans les délais espérés le traité de Lisbonne. Et comme l’a remarqué le quotidien irlandais Irish Examiner, « il semble que la présidence tchèque puisse être aussi explosive qu’une autre célèbre invention tchèque, le semtex ».