En Moravie, une église en bois du XVIe siècle « renaît » de ses cendres

La réplique de l'église en bois du Corpus Christi à Třinec-Guty

Edifice séculaire isssu de l’art traditionnel, dans l’est de la République tchèque, une église en bois détruite par un incendie criminel il y a quatre ans, a été reconstruite. Dimanche, la réplique de l’église du Corpus Christi  à Guty, une localité des environs de la ville de Třinec, en Moravie du Nord, a été consacrée. Une dédicace qui s’est passée en présence d’une assemblée très nombreuse.

La messe à l’église du Corpus Christi | Photo: Vladimír Pryček,  ČTK

La messe a été diffusée en direct par la Télévision et la Radio tchèques, mais aussi sur un écran installé à l’extérieur de l’église, preuve du grand intérêt, soleil aidant, manifesté par les Tchèques pour sa réouverture. Car même dans un pays souvent présenté comme très athée, la découverte des dommages et de l’immensité de la bêtise avaient suscité, il y a près de quatre ans, une vive émotion populaire. Une émotion qui était presque palpable, dimanche, dans la voix de Jitka, une habitante de Třinec âgée de 75 ans :

« C’est ici que j’aurais voulu me marier… Et si la cérémonie a finalement été célébrée à Olomouc, c’est seulement parce que ma maman a voulu que ce soit comme ça. C’était très bien aussi, mais l’église ici à Guty était magnifique. La réplique est très réussie, mais ce n’est plus la même chose, il n’y a plus la même force. Avec l’incendie, ce sont de nombreux souvenirs et une partie de nos vies qui se sont envolés. Lorsque nous sommes venus voir sur place les dégâts, je peux vous assurer que cela a été un choc terrible pour beaucoup de gens. »

L’incendie de l‘église du Corpus Christi  à Guty en 2017 | Photo: HZS Moravskoslezského kraje

Durant une nuit d’août 2017, trois jeunes hommes désœuvrés, parmi lesquels un n’était pas encore majeur, s’étaient « amusés » à mettre le feu à cette petite église qui datait du XVIe siècle. Entièrement en bois, l’édifice, situé à proximité de la frontière avec la Pologne, s’était rapidement retrouvé réduit en un tas de cendres, avant même que les pompiers n’arrivent sur le lieu du crime.

Le drame s’était produit quelques années seulement après, déjà, d’importants travaux de restauration. Des travaux réguliers indispensables, puisqu’une inscription sculptée sur le portail du bâtiment indiquait alors que la construction de cette église catholique remontait à 1563. Inscrite au patrimoine culturel, il s’agissait de l’une des églises en bois les plus anciennes et les mieux préservées existantes en République tchèque.

Depuis, les trois vandales, qui avaient filmé l’incendie avec un téléphone portable, ont été condamnés à diverses peines d’emprisonnement.

Martin David | Photo: Vladimír Pryček,  ČTK

Mais surtout, l’église a été rebâtie, et ce, dans une volonté de rendre ne serait-ce qu’une partie de sa valeur historique et de son esprit à cet important lieu de culte dans la région, comme l’a confirmé, dimanche, Martin David, administrateur apostolique du diocèse des villes d’Ostrava et d’Opava :

« Les architectes se sont efforcés d’être aussi fidèles que possible à la construction d’origine de l’église, notamment pour ce qui est de son aspect extérieur. Vous imaginez bien que cela n’a pas été un travail évident. En revanche, l’intérieur, lui, est très différent et plus moderne. L’essentiel de l’ancien mobilier a été détruit par le feu. Le nouvel autel en pierre, notamment, qui est le centre des célébrations, n’a plus rien en commun, si ce n’est son emplacement, avec l’autel d’origine. »

La construction de la réplique de l'église en bois du Corpus Christi | Photo: Tomáš Pika,  ČRo

Le montant des travaux, réalisés selon un savoir-faire artisanal traditionnel et fruit d’une coopération de plusieurs dizaines d’experts, s’est élevé à 33 millions de couronnes (un peu moins de 1,5 million d’euros). Un coût partiellement financé par une collecte publique qui a permis d’effacer le souvenir funeste de la perte. De l’ancienne église, il ne reste plus que le crucifix à l’extérieur du bâtiment et la clôture. Au total, ce sont plus de 600 mètres cubes de différentes essences de bois (sapin majoritairement, mais aussi épicéa et chêne) qui ont été nécessaires à la restauration.

Les cloches de l’église du Corpus Christi  à Guty | Photo: Vladimír Pryček,  ČTK

Les cloches, au nombre de quatre, ont, elles, été fabriquées dans le sud-est de la Pologne voisine, dans la petite ville historique de Przemyśl, dans les Basses-Carpates, à la frontière avec l’Ukraine. Pour l’heure, elles attendent encore d’être installées, comme le précisait la semaine dernière encore Kaziemierz Płachta, prête de la paroisse de Guty, originaire de la toute proche Pologne voisine :

Kazimierz Płachta | Photo: Vladimír Pryček,  ČTK

« Les cloches seront montées dans la tour après la consécration de l’église. Pour l’instant, elles n’ont pas encore été bénies, ce qui signifie qu’elles ne sont pas encore tout à fait prêtes et attendent donc encore ici devant l’autel. Mais dans les prochains jours, dans le courant de la semaine prochaine, elles seront installées là où elles doivent l’être. »

Si ces cloches ne résonnent donc pas encore à Guty et dans la forêt environnante, cela n’enlève rien au fait l’église en bois, désormais équipée d’un dispositif anti-incendie, a retrouvé, dimanche, tout ou presque de son lustre d’antan.

La réplique de l'église en bois du Corpus Christi à Třinec-Guty | Photo:  Vladimír Pryček,  ČTK
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