En Tchéquie aussi, le secteur de l’aviation dans la tourmente
Les compagnies aériennes du monde entier font les frais de l’épidémie de coronavirus. La République tchèque ne fait pas exception que ce soit en termes d’emplois ou de fonctionnement au sein de l’aviation civile. Avec l’arrivée de la deuxième vague de l’épidémie en octobre, les transporteurs et les aéroports sont toujours en difficulté. Cela se manifeste par une réduction du trafic aérien mais également des licenciements au sein de Czech Airlines, la compagnie aérienne tchèque basée à l’aéroport Václav Havel à Prague et membre du groupe Smartwings.
Après une reprise progressive à la fin du mois de mai avec le déconfinement, le trafic aérien connaît un nouveau ralentissement en Tchéquie et le personnel de Czech Airlines s’en trouve grandement affecté.
Lorsqu’il était enfant, Juraj Bistár rêvait d’être aux commandes dans le cockpit d’un avion. Une fois le lycée terminé, il a commencé sa formation pour devenir pilote de ligne et a ensuite travaillé pour Czech Airlines jusqu’à ce que la pandémie de Covid-19 ne vienne mettre un terme à ce rêve.
Au début, la compagnie a, tant bien que mal, essayé de limiter les répercussions de la baisse de l’activité sur son personnel. Elle a alors pris certaines mesures et reçu des aides de la part du gouvernement.
« La compagnie a reçu des aides du gouvernement et nous a payés. Tout s’est passé comme la loi le prévoyait, ce qui était correct. Après quelques mois, nos contrats ont été réduits mais la compagnie a continué de nous payer, comme elle devait le faire. »
Une forte baisse de l’activité aérienne
Finalement, la compagnie aérienne tchèque n’a pas été en mesure de garder l’ensemble de son personnel et a dû licencier la moitié de ses membres. Ces licenciements sont basés sur l’ancienneté des employés et leur niveau de qualification. Après deux ans et demi passés au sein de Czech Airlines, Juraj Bistár s’est retrouvé sur la sellette.
« Après plusieurs mois, au début de la saison estivale, nous étions presque certains que les opérations ne seraient pas les mêmes. Nous n’avons vu presque aucun passager, et c’est là que la compagnie a lancé des plans de licenciement. Nous assurions très peu de vols, alors ce sont les plus âgés qui ont continué de voler, ce qui me paraît normal. Le reste d’entre nous avait deux options : soit un congé sans solde, soit finir le contrat et dans ce cas la compagnie nous verserait une indemnisation car la résiliation viendrait d’elle. »
Une aide financière limitée
Une compensation financière valable pour cinq mois est octroyée aux personnes ayant été licenciées. Ces dernières reçoivent environ 55% de leur salaire net par mois mais un plafond a été fixé à 20 000 couronnes tchèques par mois.
« J’aimerais bien recevoir cette aide financière plus longtemps car je ne vais pas en obtenir beaucoup. Tout le monde doit trouver une solution bien sûr, je ne veux pas d’argent juste pour l’argent. Mais on doit bien se nourrir et dormir quelque part. »
L’ensemble du secteur est touché
Le secteur de l’aviation est touché dans sa globalité. Selon un rapport intitulé « Plan de reprise du secteur de l’aviation – La nécessité d’une plus forte collaboration de l’écosystème » du cabinet de conseil Deloitte, début avril, à l’échelle mondiale, le nombre de vols internationaux avait chuté de près de 80% et le nombre de vols intérieurs de 70%. Et la situation ne va pas s’arranger. Mardi dernier, l’Association internationale du transport aérien (Iata) a dévoilé de nouveaux résultats : le chiffre d’affaires des compagnies aériennes sera encore en baisse de 46% en 2021 par rapport à 2019. A la base, l’Iata tablait sur une baisse de 29% du chiffre d’affaires mais, avec la recrudescence de l’épidémie de Covid-19, elle a dû revoir ses prévisions à la baisse.
L’avenir du secteur de l’aviation sera défini par la demande et les nouvelles attentes des clients. Pour le moment, les compagnies aériennes, dont Czech Airlines, cherchent à gérer les affaires courantes et à survivre. Certaines d’entre elles reçoivent un soutien financier de la part de l’Etat à l’image de la Lufthansa en Allemagne, mais se voient tout de même obligées de licencier des milliers de personnes. La question est plus sensible du côté tchèque puisque Czech Airlines est une compagnie privée appartenant au groupe Smartwings mais elle a tout de même bénéficié d’une aide financière. Le secteur de l’aviation est en suspens en République tchèque, mais Juraj Bistár tente de ne pas se laisser abattre :
« Je suis toujours optimiste, et quiconque s’intéresse un peu à l’économie sait comment ce cycle fonctionne. Bien sûr, la crise du coronavirus est sans précédent et personne ne pouvait imaginer qu’une telle situation allait arriver et en prévoir les conséquences. Ce n’est pas juste l’aviation qui a été touchée, beaucoup d’autres secteurs ont été impactés. Tout ira mieux, un jour ou l’autre. J’essaie d’être patient, de survivre et de trouver un emploi mais dans le secteur de l’aviation c’est très difficile, voire impossible, en ce moment. »
« L’économie reprendra, c’est certain. De même pour l’aviation puisque les deux sont liées. Nous devons juste être patients. »