En Tchéquie, les soirées Erasmus se réinventent face aux restrictions sanitaires
Depuis plusieurs semaines, bars, restaurants et boîtes de nuit baissent le rideau à partir de 22 heures. Les étudiants, réputés pour leur vie nocturne active, se sont adaptés et continuent tout de même de faire la fête.
Le 25 novembre dernier, le gouvernement démissionnaire d’Andrej Babiš déclare l’état d’urgence sanitaire dans le pays. Le lendemain, une série de mesures est appliquée. Parmi elles figure la fermeture des établissements de restauration, bars et discothèques entre 22h et 4h59 du matin.
Ces nouvelles restrictions n’empêchent cependant pas les étudiants praguois de faire la fête, comme l’assure Sandro Valigy, président de Levels Entertainment, une entreprise de divertissement installée dans la capitale tchèque :
« Les boîtes de nuit sont affectées par les nouvelles règles et ferment à 22 heures. On doit donc s’adapter, mais les gens viennent et s’amusent. Lundi (29 novembre), on a fait une première soirée de 19 heures à 22 heures, seulement trois heures, mais c’était un réel succès. Il y avait environ 400 personnes. »
Pour Warehouse Entertainment, une autre société qui propose des activités festives à destination de la communauté Erasmus, le succès a été moins franc, selon Gauderic Gumbs, chargé des relations publiques dans l’entreprise :
« Au début on a eu un peu de mal, mais à force tout le monde s’adapte. Il y a un bon côté comme un mauvais côté. Pour celui-ci, s’est de ne plus pouvoir s’amuser jusqu’à 5 heures du matin. Mais le côté positif c’est qu’à 22 heures, quand tout le monde rentre chez soi, on sait que le lendemain matin à 6 heures on sera réveillés et qu’on sera prêts pour les cours. »
Les deux organisations ont, par ailleurs, renforcé leur offre d’activités culturelles et sportives, afin de pallier au ralentissement du secteur festif, et assurent contrôler scrupuleusement le pass sanitaire. Elles organisent également des soirées privées qui se poursuivent après 22 heures. Celles-ci sont, en effet, autorisées à condition qu’elles se déroulent dans un logement individuel et qu’elles ne rassemblent pas plus de 100 personnes :
« Warehouse organise des soirées privées, luxueuses entre guillemets, mais c’est plus confidentiel. Ce sont des personnes proches de Warehouse qui sont contactées. »
En ce qui concerne Levels Entertainments, Sandro Valigy assume lui aussi la tenue de tels évènements :
« C’est quoi une soirée illégale ? C’est avoir plus de 100 personnes rassemblées au même endroit. Je n’ai pas à mentir, ce n’est pas illégal et cela suit les règles imposées. »
Quand il s’agit d’aborder la dimension morale et la potentielle responsabilité des activités estudiantines dans la propagation du virus, les deux entreprises se rangent derrière le respect de la loi et des règles en vigueur, comme l’explique Gauderic Gumps :
« Du moment qu’on respecte les règles, je ne vois pas le problème. Notre activité principale c’est le divertissement, ce n’est pas s’assurer de tout ce qui est santé, c’est le travail du gouvernement. On respecte les règles et on suit la loi. Donc pour moi, ça ne pose aucun problème moral. »
Sandro Valigy assure, lui aussi, que le respect du contrôle du pass sanitaire et de la réglementation actuelle permet la tenue d’évènements en toute sécurité. Il reconnaît toutefois que la frontière entre responsabilité et irresponsabilité reste ténue :
« C’est responsable parce que ce nous faisons est autorisé. Mais dans une certaine mesure, on est à la limite entre responsabilité et irresponsabilité, mais c’est une question de survie. »