En Tchéquie, moins de rougeole, plus de varicelle, un peu de variole du singe
Si l’Institut national de la santé n’a pas enregistré un seul cas de rougeole en Tchéquie au cours du premier semestre 2022, le nombre de cas de varicelle a explosé : plus de 42 000 personnes, dont une majorité d’enfants, ont été traitées pour cette maladie infantile traditionnelle, soit le chiffre le plus élevé depuis dix ans.
En 2019, l’Organisation mondiale de la santé avait retiré la République tchèque de la liste des pays où la rougeole était considérée comme « éliminée », alors qu’elle a longtemps été considérée comme l’un des Etats les plus à la pointe en matière de couverture vaccinale. Comme ailleurs dans le monde, la Tchéquie faisait alors face à une flambée de cas de cette maladie considérée à tort comme bénigne et qui reste l’une des principales causes de mortalité chez les enfants.
Mais alors qu’il y a trois ans, la République tchèque comptait plus de 550 personnes tombées malades sur un an, en 2022 personne n’a attrapé la rougeole au premier semestre. Selon l’épidémiologiste Jan Kynčl, de l’Institut national de la santé (SZÚ), cette situation n’est pas surprenante, car habituellement les années dites faibles succèdent aux années où le nombre de personnes contaminées est élevé.
Selon Jan Kynčl, la rougeole n’est désormais présente que de manière sporadique ailleurs en Europe, et pas seulement en République tchèque. Mais aucune raison de se réjouir pour autant selon l’épidémiologiste qui regrette la baisse de la couverture vaccinale et estime que ce n’est qu’une question de temps avant qu’une nouvelle épidémie de rougeole survienne.
Si la rougeole est pour l’heure dormante, ce n’est pas le cas de la varicelle : après les deux années de confinement dues au Covid-19 et la fermeture très longue des écoles en Tchéquie, la varicelle a fait son grand retour chez les petits et moins petits.
Ce retour en force est aussi observé par les services d’hygiène du pays comme le souligne la porte-parole de la branche d’Olomouc, Markéta Koutná :
« Le nombre de cas suivent la courbe saisonnière avec une hausse notable des cas de varicelle traditionnellement au printemps. La hausse de cette année peut être liée à la période du Covid puisque les enfants ont longtemps été isolés, n’ont pas vu grand-monde, ont porté des masques. Ils sont donc plus sensibles aux maladies. »
Il est possible de se faire vacciner contre la varicelle en Tchéquie, mais c’est aux parents qu’est laissé ce choix, le vaccin ne faisant pas partie de ceux obligatoires dès la naissance. Non-couvert par l’assurance maladie, le vaccin s’administre en deux doses dont le prix unitaire s’élève à 1 500 CZK. Le ministère de la Santé n’envisage d’ailleurs pas d’inclure la varicelle parmi les maladies nécessitant un vaccin obligatoire, la plupart des enfants présentant une évolution bénigne de la maladie.
Toutefois, l’épidémiologiste Jan Kynčl recommande vivement la vaccination des adolescents qui n’ont pas eu la varicelle dans leur enfance :
« Nous parlons là d’environ 5 % de la population et cette recommandation est liée au fait que l’évolution de la maladie est plus sévère chez les adultes. La deuxième raison est que le vaccin contre la varicelle réduit également l’incidence du zona à l’âge adulte. »
Plus que la varicelle, c’est la variole du singe qui a retenu ces dernières semaines l’attention du public, alors que les premiers cas sont apparus en République tchèque en mai dernier. Un virus qui n’a, malgré son nom proche et ses symptômes cutanés similaires, rien à voir avec celui de la varicelle. La Chambre tchèque des médecins a d’ailleurs averti le public qu’avoir contracté la varicelle dans sa vie ne protégeait en aucune façon contre la variole du singe. Alors qu’une vingtaine de cas ont été signalés en Tchéquie, le pays a reçu des vaccins via un don de la Commission européenne : au total, la République tchèque devrait recevoir 2 800 doses en tout, mais aucune vaccination universelle n’est prévue par les autorités sanitaires.