Enfin dans les salles tchèques, le film « Il Boemo » sort la musique de Josef Mysliveček de l’oubli
Son nom est peu connu du grand public, son œuvre souvent même oubliée, et c’est pourtant un des temps forts de l’actualité culturelle tchèque de cette fin d’année. Consacré à la carrière du compositeur Josef Mysliveček, le biopic « Il Boemo » est sorti en salles jeudi. Une sortie très largement commentée par les médias tchèques, qui est aussi l’occasion pour nous de nous plonger dans le XVIIIe siècle et dans la musique de cet homme qui a fait toute sa carrière dans une Italie qui a su apprécier son talent à sa juste valeur et que même un certain Mozart, dont il était contemporain, a admiré au début de sa carrière.
Ne nous-y trompons pas : on y parle certes italien, parce que c’est dans l’Italie de la seconde moitié du XVIIIe siècle que l’histoire se déroule, mais c’est bien d’un film d’un réalisateur tchèque, Petr Václav, dont il s’agit. Sobriquet donné par les Italiens à Josef Mysliveček parce que la prononciation de son nom leur semblait trop difficile, « Il Boemo » (« Le Bohémien » ou « Le Tchèque ») est donc à voir depuis jeudi dans les salles obscures de République tchèque.
La période baroque, aux XVIIe et XVIIIe siècles, constitue une étape importante dans le développement de la musique tchèque. C’est à cette époque que la musique s’établit comme une activité professionnelle à part entière. Les compositeurs baroques tels qu’Adam Michna d’Otradovice, Heinrich Biber (un Allemand tchèque), Jan Dismas Zelenka et Antonín Rejcha peuvent être considérés comme les premiers compositeurs tchèques. Puis suivront d’autres grands auteurs comme Franz Anton Ignaz Tuma, Leopold Koželuch ou encore donc Josef Mysliveček, dont la musique a fortement influencé le travail de Wolfgang Amadeus Mozart, qui était plus jeune que lui de dix-huit ans….
Sauf que, bien que né à Prague et qu’il soit resté en pays tchèques jusqu’à ses 25 ans, Josef Mysliveček (1737-1781) peut tout aussi bien être considéré comme un compositeur italien. C’est en effet en Italie qu’il a fait l’ensemble de la carrière et que ses compositions ont rencontré un immense succès, comme l’avait souligné, dans un excellent français, Petr Václav dans un entretien qu’il avait accordé à Radio Prague International il y a quelques années :
« Quand j’ai commencé à m’intéresser à Mysliveček, j’ai été tout de suite intéressé par l’histoire icarienne de cet homme qui s’arrache à la pression familiale, qui sur le tard, à l’âge de 25 ans, se rend en Italie, fait une carrière fulgurante au bout de quatre ans. Il écrit pour les plus grands chanteurs de l’époque, pour le plus grand théâtre au monde, San Carlo. Il voyage partout : Naples, Turin, Venise etc… Il est toujours en mouvement, n’a jamais eu d’appartement. Il a énormément travaillé, a remporté un grand succès, et pourtant rien n’était jamais assuré : si l’opéra faisait un four, il risquait de se retrouver sans rien. »
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Des fours, Josef Mysliveček n’en a cependant pas fait beaucoup. Au contraire, son premier opéra Semiramide, en 1766, lui aurait d’ailleurs même valu le surnom de « divin Tchèque ». Il y en aura vingt-neuf autres qui, toujours, lui vaudront d’être acclamé dans toute l’Italie, puis aussi ailleurs en Europe, à Vienne, à Munich et bien évidemment à Prague.
Nous vous proposons d’écouter quelques extraits de l’opéra Il Bellerofonte, inspiré, comme son nom l’indique, de la mythologie grecque et du roi Bellérophon. Un opéra présenté pour la première fois en 1767 au Teatro San Carlo de Naples…