Presse : le meurtre homophobe de Bratislava est un avertissement pour la Tchéquie

Le meurtre de deux jeunes homosexuels à Bratislava a suscité une vague d’effroi non seulement en Slovaquie, mais également en Tchéquie. Le magazine s’intéresse aussi à la faune étonnamment variée qui évolue dans la capitale tchèque. Un regard ensuite sur une nouvelle cible des désinformateurs pro-russes en Tchéquie. Cette revue de presse évoque enfin la question des abus sexuels mis en lumière par les révélations d’une jeune athlète et la sortie en salles du film Il Bohemo.  

La Slovaquie a de nouveau été le théâtre d’un meurtre à l’impact retentissant sur la société, constate un texte publié dans l’hebdomadaire Respekt en lien avec la mort violente dans la capitale slovaque de deux jeunes homosexuels. Selon son auteur, il partage des traits communs avec le meurtre commis en 2018 contre le journaliste Ján Kuciak et sa fiancée Martina Kušnírová :

« Les deux attaques n’étaient pas dirigées contre telle ou telle personne, mais contre ce qu’elles représentaient. Le journaliste Ján Kuciak devait mourir parce que ses enquêtes portant sur l’infiltration de la mafia slovaque dans la politique et la société étaient dérangeantes. Le dernier crime s’attaquait à une société ouverte et tolérante ».

« Les coups de feu dans un bar gay à Bratislava qui ont coûté la vie à deux jeunes homosexuels a de nouveau tourné l’attention vers la Slovaquie et suscité des doutes sur l’évolution de ce pays voisin de la Tchéquie », peut-on lire dans une note publiée dans le journal en ligne Forum24.cz. Son auteur considère que déjà par le passé, la société slovaque souffrir de graves problèmes, le climat hostile aux minorités sexuelles et ethniques ayant été attisé par certains politiciens du pays.

Le quotidien Deník remarque :

« Beaucoup de représentants tchèques ont condamné le double meurtre à Bratislava motivé par la haine et exprimé des condoléances à la Slovaquie. Le président Miloš Zeman, quant à lui, n’a pas eu recours à ce procédé standard,  comme il l’a fait récemment lors de la mort de cinq personnes renversées dans la capitale slovaque par un conducteur en état d’ivresse. »

« De tous les actes criminels, ce sont les meurtres motivés par la haine qui sont les plus lâches, les plus pervers et les plus dangereux », souligne le chroniqueur du journal Hospodářské noviny avant d’avertir :

« Un discours intolérant risque de provoquer des attaques contre les homosexuels également en Tchéquie. Tout comme en Slovaquie, chez nous aussi il y a des politiciens et des acteurs publics qui légitiment discrètement les extrémistes. Tantôt ils sont prêts à collaborer avec eux, tantôt ils jouent sur cette corde d’intolérance. Un jeu qui s’avère, comme on le voit, très dangereux ».

Prague : une faune riche et variée

« Les habitants méconnus de Prague. Ils sont charmants et très nombreux », titre un article mis en ligne sur le site Seznam Zprávy qui puise son inspiration dans l’ouvrage La Planète Prague : un guide à travers la nature étonnamment variée de la ville. Il indique :

La Planète Prague | Photo: Ondřej Prosický,  Planeta Praha

« Prague compte près d’1 275 000 habitants. Mais elle est habitée également par une quantité d’espèces animales. Certains de ses parcs abritent des mouflons, tandis que les eaux de la Vltava peuvent se targuer d’un retour des castors. Prague répertorie également 248 espèces d’oiseaux. Autant d’exemples parmi beaucoup d’autres qui prouvent que pour les biologistes et les écologistes, la capitale tchèque offre désormais un terrain plus varié et plus remarquable que la nature hors zones urbaines. »

Le chroniqueur rapporte, toujours à partir de l’ouvrage cité, que les animaux qui s’installent en ville sont censés réagir aux nouveaux défis et modifier leurs habitudes avec beaucoup de créativité. Ainsi, par exemple, les martinets se sont accoutumés à bâtir leurs nids dans des halls de garage pour les wagons du métro et de s’adapter à leurs horaires d’ouverture et de fermeture. « Par ailleurs, si jamais Prague devait devenir un parc national, ce sont les gares et les rails qui seraient les premiers à être proclamés zones strictement protégées », explique le chroniqueur en citant un extrait de l’ouvrage qui est paru parallèlement avec la sortie en salle d’un film documentaire éponyme.

Le candidat présidentiel Petr Pavel sous le feu des fake news

Le général Petr Pavel, candidat présidentiel tchèque actuellement le plus favorisé par les sondages, est devenu une nouvelle cible de la scène locale de désinformateurs pro-russes. Une observation faite par le journal en ligne Forum24.cz :

Petr Pavel | Photo: Ondřej Tomšů,  Radio Prague Int.

« Les fake news propagées sur les réseaux sociaux présentent le général Pavel comme un nouveau mal universel. Leurs initiateurs ont bien compris que s’il était élu, ce candidat ne serait pas prêt à tolérer l’influence ouverte et les activités d’une cinquième colonne pro-russe en Tchéquie. Or, ceux-ci l’attaquent avec la même virulence que le Premier ministre Petr Fiala ».

Le journal indique également que ce sont les Tchèques eux-mêmes qui, assez paradoxalement, diffusent cette propagande russe en Tchéquie par le biais de sites, de groupes sur facebook et d’influenceurs de désinformation. Le phénomène des fake new représente, d’après le journal, un phénomène bien plus grave en Tchéquie que dans les pays occidentaux.

Une athlète et son entraîneur : sensibiliser le public aux abus sexuels

« Un rapport sexuel imposé à une athlète par son entraîneur ne représente pas en Tchéquie un problème exceptionnel », constate le titre d’un texte publié dans le quotidien Deník N qui se penche sur un cas d’abus récemment dévoilé. Son auteur raconte :

Photo illustrative: 5132824,  Pixabay,  Pixabay License

« L’histoire avec laquelle Tereza, une jeune athlète et ancienne star de la catégorie des juniors, vient de se confier au site Bez frází (Sans phrases), témoigne de la façon dont des abus sexuels, pratiqué pendant des années par un entraîneur, peut se dérouler. Elle montre aussi que la fin d’une carrière sportive, des tendances suicidaires, une thérapie sont les conséquentes fréquentes d’une expérience de ce type. »

Il faut donc saluer, comme le souligne le chroniqueur de Deník N,  l’immense courage de l’athlète qui a décidé de décrire ouvertement ce qu’elle a vécu et d’agir pour que des choses pareilles ne se répètent plus. On peut en effet estimer que ce genre d’histoires n’est pas unique et qu’elle est en train de se dérouler ailleurs et pas seulement dans le milieu sportif. « Le récit de Tereza dévoile également l’absence d’un système censé prévenir les abus sexuels et le peu d’intérêt que la société accorde à ce phénomène », écrit-il avant de conclure :

« A ce jour, l’Union tchèque d’athlétisme, promotrice des actions auxquelles Tereza et son entraîneur participaient et où les abus sexuels se déroulaient, se tait. Elle fait comme si le problème n’existait pas, ce qui est assez habituel dans de telles situations ».

Il Boemo, une sortie en salle très attendue

Présenté au festival du film de San Sebastian, Il Boemo réalisé par Petr Václav et tourné en coproduction tchéco-slovaco-italienne compte parmi les films les plus attendus en Tchéquie. Candidat tchèque pour l’Oscar dans la catégorie du meilleur film étranger, il décrit la vie et les péripéties artistiques du compositeur tchèque Josef Mysliveček du XVIIIe siècle, jadis célèbre et puis injustement tombé dans l’oubli. Sa sortie en salles, depuis jeudi, a suscité les premières réactions dans la presse. Le quotidien Lidové noviny, par exemple, a écrit :

«  L’ambition du film est de rapprocher la vie et l’œuvre de Josef Mysliveček, qui a passé une grosse partie de sa vie en Italie, non seulement aux spectateurs tchèques, mais aussi au public international. Les atouts du film sont nombreux : des localités et des décors authentiques, des instruments et des accessoires historiques, des interprètes de haut niveau, un casting international remarquable. L’accent mis sur l’authenticité des éléments réels de l’époque représente sa qualité indéniable. A caractère biographique, le film présente Mysliveček comme un excellent musicien et un homme sympathique qui s’entend bien avec les femmes, un compositeur dont le parcours professionnel a connu des hauts et des bas ».

« Plus de deux heures passées avec Il Boemo, ce n’est certainement pas du temps perdu », conclut le critique de Lidové noviny.