Entre acrobaties et voltiges, le festival Arena anime les bords de la Vltava

Le quartier de Smíchov accueille pour sa 6e édition le festival Arena dont les festivités mélangent des performances circassiennes, théâtrales et acrobatiques jusqu’au 1er juillet sur les rives de la Vltava à Prague.

Photo: Lilou Greenep-Sorieul,  Radio Prague Int.

Le festival en plein air Arena, fondé par les frères Petr et Matěj Forman, se veut comme une vitrine du théâtre, des performances acrobatiques et plus généralement de toutes les performances circassiennes, anciennes ou novatrices. Un programme haut en couleurs - et en sensations - attend les visiteurs de ce festival international auquel participent aussi des artistes français notamment.

La compagnie Cirque Pardi ! propose un spectacle satirique, « Low Cost Paradise ». Maël Tortel est le fondateur et artiste de ce collectif toulousain :

Photo: Festival Arena

« Ce spectacle, que l’on joue pour neuf dates, « Low Cost Paradise », est comme un paradis des oubliés. C’est un univers satirique de la société représenté par des éléments du cirque moderne. De nombreuses performances sont ainsi rassemblées : de la magie nouvelle, une composition originale de musique, des clowns, de la danse, du vélo acrobatique, du trapèze etc. C’est un spectacle très dense qui dure près de 90 minutes pendant lesquelles le public ne s’ennuie pas. Notre but est à la fois de créer un spectacle circassien divertissant mais aussi d'interroger les spectateurs sur des sujets de société. Nous avons donc proposé ce mélange de cirque, de théâtre et de poésie qui constitue un maelstrom à travers lequel nous invitons le public à vivre une véritable expérience sensorielle. Nous proposons au public un cirque sincère et expérimental. Sincère parce que c’est une création collective où chaque artiste écrit son passage. Le metteur en scène organise dans un second temps la matière. La représentation est expérimentale, non pas au sens conceptuel, mais au sens où nous, artistes, vivons une expérience avec le public pendant une heure et demie sous le chapiteau. »

« Le cirque peut traverser les frontières »

Pour une compagnie française dont les membres ne parlent pas un mot de tchèque, l’adaptation au public pragois a pu être un défi. Néanmoins, pour Maël Tortel, c’est un moyen de faire connaître le nouveau cirque en Tchéquie.

« D’après les retours, du public et des organisateurs du festival, le public tchèque ne connaît pas encore énormément le nouveau cirque. En plus notre spectacle s’éloigne du format traditionnel. Notre objectif est vraiment de mélanger des sujets de société pour interpeller le public à l’aide du cirque qui est un art populaire et transgénérationnel. Pour nous, cela a donc encore plus de sens d‘adopter de nouvelles formes artistiques pour faire revenir les gens sous les chapiteaux. Les cirques familiaux disparaissent avec le temps et il faut renouveler le cirque. Il faut savoir s’il est préférable de conserver les performances pures et dures ou si amener du sens et des arts frères du cirque dans les spectacles n’est pas mieux. Je pense que les artistes circassiens redéfinissent aujourd’hui ce qu’est le cirque. C’est un art en perpétuel mouvement et en quête de nouveauté. »

Photo: Lilou Greenep-Sorieul,  Radio Prague Int.

« Notre compagnie est une équipe internationale composée d’artistes français, espagnols, néerlandais, argentins… Toute la base du spectacle est en anglais mais certains artistes de la compagnie essaient d’adapter certains passages en apprenant des mots en tchèque. Après avoir déjà joué à l’étranger, je dirais que ce qu’il y a d’intéressant, c’est d’observer les différentes réceptions du spectacle. Nous nous rendons rapidement compte que le rythme du spectacle se modifie en fonction du public face à nous. C’est comme si nous devions nous réaccorder avec la culture du public. Je pense que le cirque est un art qui peut facilement traverser les frontières. »

« Un spectacle infernal et musical »

Photo: Lilou Greenep-Sorieul,  Radio Prague Int.

Entre tradition et modernité, Le Mur de la Mort est également l’une des attractions de cette 6ème édition. Ce collectif perpétue la célèbre tradition foraine du même nom, qui date des années 1950. Cette attraction, créée dans les années 1930 aux Etats-Unis, est inscrite au Registre national des lieux historiques. Ce mur, venu tout droit de la Creuse en France, est parmi les trois derniers encore fonctionnels dans le monde.

Le collectif propose au public tchèque le spectacle « Mortel Jus de Mortel » qui combine des éléments de cirque, de théâtre et de parade foraine. Laurie-Anne Baudoin, présidente du collectif du Mur de la Mort depuis janvier 2021, revient sur ce spectacle qualifié d’« infernal et musical ».

'Mortel Jus de Mortel' | Photo: Festival Arena
'Mortel Jus de Mortel' | Photo: Festival Arena

« Le Mur de la Mort est un cylindre où évoluent des pilotes de moto à la verticale. C’est une ancienne attraction foraine reprise par trois Creusois, Vincent Estaque, Bruno Marchand et Gérard Crinière. Ils avaient envie de reprendre l’attraction, qui est un morceau d’histoire des anciennes foires, pour en faire un lieu pluridisciplinaire. Aujourd’hui, notre dernière création, « Mortel Jus de Mortel », est un spectacle qui rassemble de la moto, de la musique, du théâtre et de la poésie. Nous avons à cœur de conserver les rituels de cette attraction historique tout en y ajoutant nos touches personnelles. Il y a de la moto, de l’acrobatie et de la voltige mais le public y retrouve aussi deux musiciens qui accompagnent les pilotes. Une histoire ouvre le début du spectacle et elle est le fil rouge jusqu’à la fin de la représentation. »

Les pilotes défient les lois de la gravité et de l’équilibre en exécutant des acrobaties à moto sur un mur vertical à plus de 80 kilomètres par heure, avec contraintes de sécurité qui sont rappelées avant chaque représentation. Jusqu'à la fin du festival Arena, le collectif donnera près de 40 représentations pour le plaisir du public pragois.

'Mortel Jus de Mortel' | Photo: Festival Arena

« Nous avons la chance de pouvoir installer le mur dès le mois de mars chaque année à Felletin en Creuse. Les pilotes, qui ne sont que des hommes, peuvent s’entraîner régulièrement pour pouvoir maîtriser au mieux toutes les voltiges. Pour ce spectacle, nous avons organisé des résidences de répétition, comme pour le théâtre. Nous avons aussi eu la chance d’être financés par La Scène Nationale d’Aubusson. Nous avons créé ce spectacle à partir de chacune de nos compétences. La musique nous a permis de créer une symbiose et de voir qu’elle pouvait ne pas être qu’illustrative. Les pilotes ont des départs et des arrêts très précis. »

Le Mur de La Mort ainsi que le Cirque Pardi ! sont à retrouver jusqu’à la soirée « Adieu le festival Arena 2023 » qui aura lieu le samedi 1er juillet au soir pour clôturer l’évenement.

Photo: Lilou Greenep-Sorieul,  Radio Prague Int.