Festival Arena : du théâtre baroque acrobatique avec Les P’tits Bras

Les berges du quartier pragois de Smíchov accueillent jusqu’au 2 juillet prochain le festival Arena, créé par les frères Petr et Matěj Forman. Parmi les performances proposées, qui mélangent théâtre, nouveau cirque et art visuel, un nouveau spectacle de la compagnie française Les P’tits Bras intitulé « Bruit de Coulisses ». Radio Prague International a rencontré deux membres de cette troupe drômoise qui se consacre au cirque aérien humoristique : la trapéziste Sophie Mandoux et Raphaël Gacon porteur dans les airs et sur scène.

Comment est née la compagnie ?

Le spectacle ‘Bruit de Coulisses’ de la compagnie Les P’tits Bras | Photo: Festival Arena

Sophie Mandoux : « La compagnie est née il y a dix-neuf ans par une envie de faire des spectacles de rue, avec un gros niveau technique, de l’humour et une esthétique forte. C’était la rencontre de trois personnes qui étaient passionnés par le cirque et par la voltige, qui ont décidé de se mettre ensemble et de créer un spectacle qui s'appelait «  One… Two…Triieee… » en 2003 et qui a rencontré rapidement un grand succès parmi les programmateurs et festivals dans lesquels on a gagné des prix. On a continué, encouragés par ce succès naissant.

Raphaël Gacon : « Il n’est pas toujours évident de faire de l’aérien dans la rue avec un bon niveau technique. Les festivals de rue a favorisent le développement de ce type de spectacle. Avec de l’humour, des petites histoires, ça a toujours bien marché. »

La compagnie française Les P’tits Bras | Photo: Titouan Morvan,  Radio Prague Int.

Pouvez-vous nous parler du spectacle que vous présentez au festival Arena ?

Sophie Mandoux : « Le spectacle ‘Bruit de Coulisses’ est la sixième création de la compagnie. On y montre l’envers du décor, ce que le public n’est jamais amené à voir c'est-à-dire principalement les relations entre les personnages, les rivalités entre les filles, les problèmes engendrés par les costumes, les problèmes techniques… On joue pour un public ‘fictif’ et cela amène pas mal de quiproquos et de choses assez absurdes. »

Raphaël Gacon : « Le spectacle est basé sur la technique circassienne avec du trapèze duo ballant, il y a du cadre coréen face-à-face, du fil de fer, de l’ascension et de la capilotraction. »

Pouvez-vous en dire plus sur ces techniques ?

Le spectacle ‘Bruit de Coulisses’ de la compagnie Les P’tits Bras | Photo: Festival Arena

Raphaël Gacon et Sophie Mandoux : « Le trapèze ballant c’est du grand trapèze que l’on pourrait comparer à une immense balançoire avec des figures qu’un duo effectue assez haut dans les airs au-dessus du public. On a du cadre coréen ou russe face-à-face, ce sont des porteurs qui sont face-à-face à quatre mètres de haut et qui envoient les voltigeurs de l’un à l’autre. Le fil de fer c’est de l’équilibre, de la danse, des saltos, sur un câble. C’est une performance autant physique, acrobatique qu’esthétique. On met toujours l’accent sur l’esthétique, les costumes, la musique, tout ce qu’il y a autour et tout ce qu’il y a à voir au spectacle. Ce n’est pas qu’une performance, on aime être dans la dérision et amener de l’humour dedans. »

Parlez-nous un peu des choix des décors.

Photo: Titouan Morvan,  Radio Prague Int.

Sophie Mandoux : « C’est une structure qu’on utilisait déjà pour notre ancien spectacle ‘L’Odeur de la Sciure’ et que nous avons réutilisée en la modifiant et customisant. Il s’agit d’une structure qui monte jusqu’à dix mètres de haut, qui est déjà très impressionnante en elle-même. Elle permet de faire toutes les disciplines circassiennes que Raphaël vient de nommer et aussi d’être une scène. C’est-à-dire que parfois, nous jouons devant des milliers de personnes et même quand ils sont loin, ils nous voient. Ils sont directement plongés dans l’univers, un univers baroque dans notre cas. Nous nous inspirons de l’opéra baroque, la structure est dorée, les rideaux sont rouges, nous avons des costumes, des crinolines et des perruques. »

Avez-vous rencontré des difficultés à jouer à l’étranger ?

Festival Arena | Photo: Titouan Morvan,  Radio Prague Int.

Raphaël Gacon : « Oui, car le spectacle est accompagné d’un texte. L’un des comédiens a un micro et il fait un peu le topeur d’opéra, c’est lui qui donne et qui dirige tout le monde sur scène. Quand nous nous produisons à l’étranger, il parle en anglais. On adapte un peu, j’essaye de traduire quelques mots de mes textes pour faire un clin d'œil là où l’on passe. On essaye de s’adapter au mieux. »

Sophie Mandoux : « C’est vrai que l’on sent qu’il y a un tout petit truc en moins quand on joue à l’étranger. On ne peut pas faire de blagues ou d’improvisations avec le public, ce que nous aimons beaucoup. Quand on parle en anglais, les enfants ne comprennent pas. Mais effectivement, Raphaël arrive à s'inspirer de la langue du pays et faire des petits clins d'œil qui font toujours plaisir. »

Avez-vous un message à passer au public francophone à Prague qui hésiterait encore à venir vous voir ?

Sophie Mandoux : « N’hésitez pas, ça fait du bien, on en a tous besoin et si vous venez nous voir vous allez rire, j’espère être ému et à priori en prendre quand même ‘plein les mirettes’! »

https://festivalarena.cz/en/bruits-de-coulisses/

Festival Arena | Photo: Titouan Morvan,  Radio Prague Int.