Environnement : la Moravie-Silésie et les chaudières
La société métallurgique ArcelorMittal, le leader mondial dans le domaine de l’acier, mais également l’un des plus gros pollueurs de Moravie-Silésie, veut remplacer ses vieilles chaudières au charbon par une nouvelle chaudière à fluide thermique. Cette opération, d’un coût de 55,5 millions d’euros et qui doit être achevée d’ici à la mi-2016, pourrait être une bonne nouvelle pour les poumons des habitants de cette région industrielle de l’est de la République tchèque.
Et elles ne sont pas seules puisque la société métallurgique ArcelorMittal, contrainte par Bruxelles de respecter des normes européennes accrues, entend réaliser un investissement de 1,5 milliard de couronnes (55,5 millions d’euros) pour réduire de plusieurs milliers de tonnes par an ses émissions de poussières. Pas peu fier, Petr Beránek, le directeur du département énergétique d’ArcelorMittal Ostrava, entreprise qui, avec ses filiales, emploie près de 7500 personnes dans le secteur, a présenté aux caméras de télévision le site où quatre chaudières à charbon sont vouées à la disparition et à l’oubli :
« Les deux tiers des bâtiments que vous voyez devant vous seront prochainement détruits et à leur place sera construit une nouvelle chaudière. »
Attention, il ne s’agit pas de la première chaudière venue mais d’une chaudière à fluide thermique, une innovation qui vient remplacer une technologie vieille de cinquante ans et qui marque la volonté de la société de rester durablement à Ostrava. Petr Beránek vante les mérites de cette chaudière qui devrait être opérationnelle sous deux ans :« Ces nouveaux types de chaudières à fluide caloporteur ont une influence sur les émissions de gaz à effet de serre grâce à leur rendement supérieur à celui des chaudières dont nous disposons actuellement. Ainsi, nous allons économiser environ 50 000 tonnes de combustibles chaque année pour moins de gaz à effet de serre émis. Dans le même temps, nous aurons moins d’émissions de gaz « classiques », de polluants lourds, de dioxyde de souffre ou encore de dioxyde d’azote. »
Les industriels sont en grande partie responsables des pics de pollution récurrents auxquels ont bien dû s’habituer les locaux. L’investissement réalisé par ArcelorMittal ne suffira cependant pas à améliorer durablement la situation. Marek Bruštík, en charge de la qualité de l’air à la région de Moravie-Silésie, explique pourquoi :
« Du côté polonais, on ne retrouve pas la même volonté de se tourner vers ces nouvelles technologies donc les choses devraient y évoluer plus lentement. Par ailleurs, les facteurs vérifiés les plus significatifs en termes de pollution sont le chauffage et le transport. Ils ont un grand impact dans ce couvercle d’air que nous respirons. »Récemment, le ministre de l’Environnement Richard Brabec (ANO) a participé à une discussion sur le thème de la pollution de l’air à Frýdek-Místek, une ville de la région que le fléau n’épargne pas, surtout en hiver. Il y a assuré que la République tchèque s’efforcerait d’obtenir neuf milliards de couronnes (environ 330 millions d'euros) de fonds européens afin de moderniser le parc de vieilles chaudières du pays. 150 000 chaudières, qui sévissent particulièrement dans la région de Moravie-Silésie, pourraient à terme être remplacées par des appareils plus écologiques.