En République tchèque, on respire l’air le plus pur de ces dernières années

Photo illustrative : Engin Akyurt, Pixabay / CC0

Selon un rapport annuel de l’Institut tchèque d’hydrométéorologie (ČHMÚ), les Tchèques ont, en 2019, respiré l’air le plus pur dans leur pays des onze dernières années. Les données provisoires pour 2020 sont prometteuses également. Parmi les facteurs qui contribuent à cette tendance positive figurent les hivers plus doux, la météo pluvieuse et venteuse, mais aussi nouvellement l’épidémie de coronavirus.

Jáchym Brzezina,  photo: archive de Jáchym Brzezina

Le rapport en question montre que la concentration de polluants atmosphériques n’avait plus été aussi faible depuis 2008, à l’exception toutefois de l’ozone, du benzène et du cadmium. Les données prélevées dans quinze stations de mesure réparties dans le pays suggèrent que la tendance positive se confirme.

Chef du département chargé de l’étude de la qualité de l’air du ČHMÚ à Brno (Moravie), Jáchym Brzezina explique que cette amélioration sur le long-terme en République tchèque est due à une baisse des émissions de CO2. Le remplacement progressif des vieux poêles à combustible solide dans les foyers et le recours à des technologies de chauffage plus propres contribuent notamment à cette évolution. Mais ce n’est là pas la seule raison, le changement climatique est un autre facteur propice prépondérant :

« Ce phénomène est essentiellement dû au fait que la consommation de chauffage l’hiver dernier a été nettement moindre que les années précédentes. En février dernier, la température moyenne a été supérieur de 5° C à la moyenne sur le long terme. »

Photo illustrative : Hans Braxmeier,  Pixabay / CC0

« Il y a eu également deux tempêtes importantes et il a beaucoup plu. Cette combinaison de facteurs contribue à l’amélioration de la qualité de l’air. »

Jáchym Brzezina souligne d’ailleurs que, en fonction de la météo cet hiver, les chiffres pour l’année prochaine seront peut-être moins réjouissants :

« Si nous avons un hiver froid cette année et qu’il faut chauffer davantage, et qu’un vent inversé porte avec lui les polluants atmosphériques de l’autre côté de la frontière, alors les chiffres de l’année prochaine seront probablement mauvais de nouveau. »

Petra Kolínská de l’ONG environnementale Zelený kruh - Cercle vert en français - a déclaré que bien que le rapport confirme une tendance positive sur le long terme en matière de qualité de l’air, il existe toujours des différences frappantes entre les régions.

Photo illustrative: Hans Braxmeier,  Pixabay,  CC0 1.0 DEED

«  Il y a des endroits dans notre pays, principalement dans les grandes agglomérations telles qu’Ostrava, Karviná, Frýdek-Místek, mais également en Moravie centrale, à Brno, Prague et en Bohême centrale, où les conséquences sur la santé sont toujours très néfastes. »

Petra Kolínská souligne également que la qualité de l’air est très difficile à évaluer au niveau local :

« Il faudrait que les gens vérifient ce qui sort de leur cheminée et de celles de leurs voisins. Malgré des chiffres globalement positifs, ils peuvent continuer à vivre dans un environnement très toxique. »

Petra Kolínská,  photo : Zewlakk,  Wikimedia Commons,  CC BY 4.0

« Ceux qui vivent dans des grandes villes devraient aussi vérifier la localisation exacte des stations de mesure de la qualité de l’air. A Prague par exemple, elles se trouvent souvent dans des lieux où le trafic a baissé, alors que, au contraire, elles devraient être installées ailleurs, là où le trafic a augmenté. »

Selon une étude internationale publiée en octobre par le magazine Cardiovascular Research et co-rédigée par des chercheurs de l’Institut Max Planck de chimie de Mayence en Allemagne, l’exposition à un air pollué fait augmenter le nombre de morts du Covid-19 de 15% en moyenne à l’échelle mondiale. Ce chiffre s’élèverait à 19 % en Europe.

En République tchèque, les estimations montrent que la pollution contribue à hauteur de 29% à la mortalité du coronavirus, soit là le chiffre le plus élevé pour les pays étudiés dans l’enquête de Cardiovascular Research. C’est même plus qu’en Chine, où la pollution de l’air a joué un rôle dans 27% des décès du covid-19.