Dans sa lutte contre le changement climatique et le réchauffement de la planète, l'Union européenne s'est engagée, d'ici à 2012, à réduire les émissions de gaz à effet de serre sur son territoire de 8 % par rapport au niveau de 1990, année de référence du Protocole de Kyoto. Pour se rapprocher de cet objectif, la Commission européenne a lancé, le 1er janvier dernier, un système communautaire d'échange de droits d'émissions. Cette initiative importante, qui vise directement les grandes industries polluantes, doit permettre dans un premier temps de réduire les émissions de dioxyde de carbone. Ainsi, des quotas d'émissions de CO2 autorisées ont été (ou seront) attribués à chacun des 25 Etats membres. Mardi, la Commission a fixé ce quota à 97,6 millions de tonnes par an pour la République tchèque.
Martin Jahn
Entre 2005 et 2007, la République tchèque est donc autorisée à émettre 97,6 millions de tonnes de dioxyde de carbone, un des six gaz à effet de serre répertoriés par le Protocole de Kyoto. L'adoption de ce plan est la conclusion de plusieurs semaines de négociations difficiles. Tandis que Prague réclamait de pouvoir émettre 107 millions de tonnes par an de CO2, la Commission européenne entendait, de son côté, limiter ce quota à 90 millions. Finalement, les deux parties se sont entendues pour couper la poire en deux, compromis qui satisfait le vice-Premier ministre tchèque chargé de l'Economie. Selon Martin Jahn, en effet, le quota fixé tient compte aussi bien de la croissance plus rapide que prévue de l'économie tchèque que des intérêts des défenseurs de l'environnement. « Je pense qu'il s'agit d'un chiffre solide qui va permettre aux entreprises de continuer à se développer ainsi qu'à la République tchèque de produire de l'énergie électrique destinée à l'exportation. Nous n'aurons dès lors pas besoin d'acheter de permis (ou droits) d'émissions à d'autres pays », a-t-il déclaré.
Photo: Commission européenne
A l'heure actuelle, à l'exception de la Grèce et de l'Italie, la Commission européenne a adopté un plan national pour chaque pays membre de l'Union. Concernant la République tchèque, ce plan concerne 436 entreprises. Chacune d'entre-elles se voit donc allouer des quotas particuliers d'émissions autorisées selon que ses installations fassent partie des secteurs de l'énergie, des métaux ferreux, des minéraux ou encore du papier, secteurs d'activité qui émettent du dioxyde de carbone. Par ailleurs, les entreprises dont les émissions seront inférieures aux quotas dont elles disposent pourront utiliser les droits inutilisés l'année suivante ou les revendre à d'autres dont les émissions de CO2 excèdent leurs quotas. « L'Etat n'aura pas besoin d'ordonner aux entreprises dans quelle mesure elles doivent baisser leur taux d'émissions, mais il va leur permettre de faire du commerce entre elles avec les permis et de choisir là où cela leur semble le moins cher. Cette mesure motive les entreprises à investir dans des technologies propres de manière à réduire la pollution, investissement qui leur permet ensuite de vendre les permis d'émission qui leur sont inutiles. Il s'agit donc d'une motivation économique pour faire baisser les émissions », a ainsi expliqué Vojtech Kotecky, représentant du mouvement écologiste Duha, Arc-en-ciel en français.